Ce lundi, la directrice générale de l’agence régionale de santé, Dominique Voynet, a dressé le bilan bihebdomadaire de la situation sanitaire à Mayotte. Elle est longuement revenue sur les cas avérés au Coronavirus avant de s’attarder sur la suppression des vols et la préparation à la phase épidémique. Dernière information à prendre avec des pincettes : hospitalisé pour des problèmes pulmonaires, un homme, testé positif au Covid-19, est décédé hier matin.
La barre symbolique des 100 cas avérés se rapproche à grands pas. Avec 82 personnes testées positives ce lundi au Covid-19, Dominique Voynet, la directrice générale de l’agence régionale de santé, a évoqué une dispersion du virus sur le territoire et non pas une circulation à proprement parler (il faut atteindre 30 cas pour 100.000 habitants). “Cela devient un peu plus difficile de comptabiliser, car certains ont une double identité”, a-t-elle relaté, précisant que le centre hospitalier de Mayotte recensait 579 tests dimanche. “Beaucoup de personnes présentent des signes cliniques, mais nous observons un grand nombre de viroses saisonnières.” Entre 8 et 10 malades sont considérés comme viraux. Et sur les 10 patients hospitalisés, trois se trouvaient en réanimation, dont deux dans un état stable. Le dernier, un homme âgé d’une petite cinquantaine d’années, a été admis dimanche soir et est décédé ce lundi matin. Il était arrivé à l’hôpital pour des signes pulmonaires modérés et avait été testé positif à son entrée. “La cause première de sa mort pourrait ne pas être le Coronavirus, la liste de ses pathologies suffit à expliquer son décès. Nous allons analyser son cas avant de confirmer quoi que ce soit. Mais si nous considérons qu’il s’agit vraiment du Covid-19, nous le dirons sans sourciller”, a-t-elle souligné pour rappeler son souci de transparence à l’égard de la population.
Dominique Voynet est également revenue sur la prolifération des cas groupés, à l’image des 17 soignants, ou encore de ceux liés à l’élection municipale dans le sud de l’île. Idem au sein même des familles où une personne a contaminé l’ensemble de ses proches. Face à ce constat, la directrice de l’ARS a décidé de prendre le taureau par les cornes. “Certains positifs ont du mal à se tenir à l’écart à la maison. C’est la raison pour laquelle l’équipement d’infrastructures non médicales remonte au-dessus de la pile des projets à aboutir rapidement.” Autre exemple probant ? Celui d’un agent dans un service de sécurité qui n’aurait respecté aucunes règles de distanciation sociale. “La décision a été prise d’isoler totalement cette unité pour rassurer. Aucun ne présente un état de santé préoccupant.”
Quid du fret et du rapatriement du personnel de santé ?
En parallèle de la propagation du virus, Dominique Voynet s’est attardée sur les annonces du week-end. En ligne de mire : la gestion des conséquences de la suppression des vols depuis Paris et la fermeture du trafic aérien. “Je suis préoccupée par la nécessité d’acheminer tout le fret en souffrance au CHM dans lequel il y a du matériel important et urgent.” Relatant ainsi le remplissage des bouteilles d’oxygène vides ou les analyses complexes de diagnostic prénatal. Toutefois, elle a tenu à rassurer sur le stock conséquent dont disposait l’établissement, en raison des délais d’acheminent relativement longs en temps normal… Mais ce n’est pas sa seule problématique. Il y a aussi le rapatriement des professionnels de santé qui sont en métropole ou à La Réunion, comme les équipes qui accompagnement les évacuations sanitaires ou les personnels de renfort et de relais qui sont recrutés depuis déjà plusieurs semaines. “Des infirmières de blocs opératoires, des médecins et des pharmaciens libéraux se retrouvent le bec dans l’eau”, a-t-elle détaillé.
Craignant un pic épidémiologique plus tard que prévu – sous-entendant un confinement prolongé à Mayotte par rapport à la métropole —, la directrice de l’ARS a dévoilé les chantiers en cours de préparation, comme le renforcement des relations avec le réseau des libéraux et la mobilisation des ressources communautaires (associations sportives, entreprises, etc.) pour diffuser les bons gestes, car “certains ne les comprennent toujours pas” tandis que d’autres “ont des réticences ou des rejets”. Concernant la réorganisation de l’hôpital, elle s’est montrée relativement confiante sur la capacité de l’établissement. “Actuellement, nous avons 16 lits de réanimation autorisés. Notre objectif est de monter à 50, sachant que nous avons 80 respirateurs pour les équiper.” Seul bémol : le matériel en question évolue selon sa provenance (anesthésie, urgences, transport, pédiatrie, etc.). “Pour qu’il soit fonctionnel, il nous faut des valves, des raccords, des produits pour le désinfecter…” De ce fait, Dominique Voynet a profité de la commande publique auprès de Air Liquide pour alerter les autorités compétentes sur la situation sanitaire à Mayotte. “L’ambition est de bénéficier du stock national pour nous aider en cas de panne, même si des régions comme le Grand Est et l’Île-de-France sont prioritaires. Mais une cellule Outre-mer anticipe nos besoins en fonction des délais d’acheminement. Nous ne sommes pas abandonnés à notre sort”, a-t-elle conclu, reprenant ainsi les mots d’Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, qui a certifié que l’État ne délaissera pas les populations fragiles.
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