Lundi, la directrice générale de l’agence régionale de santé, Dominique Voynet, a dévoilé que Bandrélé faisait partie des trois zones géographiques dans lesquelles on recensait le plus grand nombre de cas. Une réunion s’est tenue hier matin, à la demande du maire de la commune, avec les autorités compétentes pour faire un point sur cette évolution. Si rien de nouveau n’en est ressorti, une habitante propose des mesures drastiques pour enrayer la propagation.
“J’ai peur qu’il y ait une envolée du nombre de cas. Une psychose s’installe.” À l’autre bout du fil, Haminata* ne se montre guère rassurante sur la crise sanitaire qui sévit actuellement à Bandrélé. Confinée chez elle avec sa famille, elle regrette que les habitants ne prennent pas conscience du virus qui se propage dans les rues. “J’ai l’impression que le message n’est pas assez ancré dans la tête des gens alors que le risque de contamination est réel et que certains d’entre eux peuvent être asymptomatiques.” Si le maire de la commune, Ali Moussa Moussa Ben, considère que toutes les mesures gouvernementales sont relativement respectées par ses administrés, Haminata ne partage pas ce sentiment… Preuve en est avec le mari d’une de ses connaissances testées positives qui traînait encore dans les rues, pensant qu’il se trouvait hors de danger, faute de retour des médecins. En ligne de mire également : la cohue lors du ravitaillement des bouteilles de gaz. “Les gestes barrières ne sont pas respectés, c’est affligeant ! Certes, il y a moins de monde qu’en temps normal, mais il y a énormément d’inconscients”, dénonce-t-elle.
Pas d’annonces lors de la réunion de crise
La maman propose donc de prendre le taureau par les cornes, notamment par rapport aux contaminations intrafamiliales : “Dès lors qu’une personne est infectée dans un foyer, il faut faire en sorte que tous les autres membres de sa famille soient dépistés et isolés s’ils ne disposent pas suffisamment de pièces dans leur habitation.” Une idée soumise par le premier magistrat aux agents de la préfecture et de l’agence régionale de la santé qu’il a interpellés samedi dernier et qu’il a rencontrés mardi matin. “J’ai demandé s’il était possible de mettre en place un dispositif pour circonscrire ce foyer de manière définitive en passant par un dépistage généralisé. Apparemment, selon eux, ça ne donne pas de résultats efficaces”, relate-t-il, avant de préciser que la seule solution reste finalement de rester chez soi. Pour cela, Ali Moussa Moussa Ben multiplie les actions. Tous les jours, à partir de 18h, des messages de prévention sont relayés par les mosquées, tandis que la police municipale s’en charge durant la journée. En attendant que ceux-ci fassent leur effet, le maire se réjouit d’une mesure en place depuis le week-end dernier, qui s’applique exclusivement sur Hamouro, pour le moment. “L’ARS fournit elle-même de manière intelligente les cartes pour les bornes-fontaines pour éviter les rassemblements et initier aux bons gestes.”
De quoi rassurer Haminita ? Plus ou moins ! “Je reste confiante, car les élus semblent avoir pris la situation en main… Tout du moins, je l’espère”, s’efforce de croire celle qui ne sort de chez elle que pour se ravitailler. “Les conditions à la maison sont compliquées, mais à un moment donné, il va falloir faire usage de la force sinon on sera toujours au même cas…”
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