250 téléconsultations médicales avec examen clinique réalisées en trois semaines à Mayotte

Si le Coronavirus obnubile, il ne faut pas pour autant oublier la prise en charge de toutes les pathologies aiguës et chroniques. L’association Ensemble pour votre santé, avec le soutien de l’agence régionale de santé, a mis en place un dispositif de téléconsultation médicale avec examen clinique aux quatre coins de l’île. Sa présidente, le docteur Martine Eutrope, loue son efficacité et la coordination entre tous les professionnels de santé.

L’histoire de la consultation médicale à distance débute en octobre 2019. Porté par l’association Ensemble pour votre santé et financé par l’agence régionale de santé, le projet consiste à proposer de la téléexpertise sur un territoire, qui manque cruellement de spécialistes. Crise du Coronavirus oblige, les deux structures continuent de mettre à disposition des habitants cette technologie, cette fois-ci pour réaliser des téléconsultations avec examen clinique. “En cette période, la population hésite à se rendre chez le médecin pour éviter d’être en contact avec des gens potentiellement atteints du Covid+, bien que tous les professionnels de santé aient pris des mesures pour ne mettre aucun patient en danger”, souligne le docteur Martine Eutrope. “L’idée était de mettre en place une continuité des soins, pour continuer à prendre en charge toutes les pathologies aiguës et chroniques. Nous avons donc procédé à un maillage territorial”, renchérit Patrick Boutie, adjoint au directeur de l’offre de soins et de l’autonomie à l’ARS.

Par le biais d’un appareillage médical (un charriot fixe ou une mallette mobile), un professionnel de santé met en lien grâce à un système de visio-conférence le patient et le médecin. Pour cela, rien de plus simple. La prise de rendez-vous se fait par un secrétariat, via un numéro unique (06.92.03.98.17). Ce premier échange permet de définir le secteur géographique d’habitation et surtout si le malade peut se déplacer ou non. En fonction de cette dernière réponse, soit il se rend sur un point fixe à proximité de chez lui, soit un infirmier libéral lui rend visite à son domicile. “Nous avons un pool de quatorze médecins avec un agenda partagé sur lequel nous écrivons nos disponibilités. Avant de nous connecter, nous avons déjà pris connaissance de la fiche du patient, qui recense la température, le poids, la taille et le motif de la consultation”, précise le docteur Martine Eutrope. Le matériel permet d’ausculter le cœur et les poumons, d’examiner les tympans et de procéder à un électrocardiogramme. Seule différence avec un examen “classique”, la durée. Celui par téléconsultation s’avère un peu plus long, environ vingt minutes, en raison des consignes données par le médecin posté derrière son écran et des écueils informatiques.

Réflexion en cours sur l’après-confinement

Commencée il y a maintenant trois semaines, la consultation médicale à distance démontre toute son efficacité et sa pertinence. Rien que sur Petite-Terre, Mamoudzou et Koungou, le docteur Martine Eutrope en recense près de 250. “La cadence est bien soutenue”, confirme Patrick Boutie. D’où l’étendue du dispositif ce lundi au cabinet médical de Hamjago et ce jour à la pharmacie des Tortues de Bandrélé, grâce à la mise à disposition d’un appareil fixe par la MGEN (mutuelle générale de l’Éducation nationale) pour cette dernière commune. Indépendamment du nombre élevé de patients, la présidente de l’association loue la coordination entre les personnels de santé à l’échelle départementale. “La crise sanitaire nous rapproche et nous invite à mieux travailler ensemble. Tout le monde s’implique énormément, c’est très agréable.” Au point de voir cette pratique se marginaliser à l’issue du confinement ? Il semble encore trop tôt pour le certifier. “Nous reprendrons la téléexpertise, mais nous essaierons de nous organiser pour faire de la téléconsultation dans les parties de l’île dépourvues de médecins. Cette période nous prouve que ce dispositif fonctionne bien !” Et surtout, son prix est identique à celui d’une consultation normale et est remboursé à 100 %. “La logistique pour équiper les médecins en ordinateur, la maintenance informatique, le fonctionnement de l’association et l’investissement dans les machines (une valise mobile coûte environ 15.000 euros, ndlr.) sont pris en charge par l’ARS”, dévoile Patrick Boutie. Cerise sur le gâteau : le patient voit son ordonnance être directement envoyée à la pharmacie de son choix.

 

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