« La population a de plus en plus en tête que c’est un vrai sujet »

À l’occasion de la journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI), en collaboration avec la délégation territoriale de la Croix-Rouge française, le service interministériel de défense et de protection civile (SIDPC) et Mayotte Nature Environnement, a organisé ce mercredi 13 octobre un événement de sensibilisation auprès du grand public. Une première qui doit se démultiplier dans les prochains mois.

« Quels sont les numéros de secours que tu peux contacter en cas d’urgence ? » Fascicule entre les mains, Manasse s’adresse à l’un des visiteurs, venu sur la place de la République ce mercredi 13 octobre. Le bénévole de la Croix-Rouge se charge, avec son acolyte Zaidou, de promouvoir l’animation intitulée Maore dzi pangue (Mahorais prépare toi), comparable à un jeu de l’oie. Un nom qui sonne comme tout sauf anodin en cette journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes.

Organisatrice de l’événement dans le 101ème département en collaboration avec le service interministérielle de défense et de protection civile et Mayotte Nature Environnement, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien sensibilise les curieux qui s’arrêtent au fil de la matinée. « L’idée est d’améliorer la résilience de la population à la gestion de risques », développe Thomas Gaboriau, le coordinateur local de programmes à la PIROI. Qui se mue rapidement en professeur de mathématiques pour étayer sa démonstration à l’aide d’une courbe imaginaire : « Un risque est l’aléa multiplié par la vulnérabilité. » Simple comme bonjour en soi !

Cinq risques potentiels à Mayotte

Et à Mayotte, les risques sont pléthores entre les glissements de terrain, les cyclones qui « méritent une attention toute particulière », les inondations, les séismes ou encore les tsunamis ! Dans son rapport d’activité de l’année 2020, le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) revient sur la modélisation de 60 scénarios, de la génération et la propagation des vagues de tsunamis à la submersion de la côté. À travers cette étude demandée par la direction générale de la prévention des risques du ministère de la Transition écologique, les chercheurs évaluent le rôle protecteur du récif et de la mangrove, mais aussi l’ordre de grandeur et le temps d’arrivée des vagues.

Que faire alors si l’un de ces risques se produit demain ? « En cas de tsunami, la consigne est de monter en altitude. À l’inverse, pour un cyclone, il faut se mettre à l’abri, sous une table par exemple », rappelle Thomas Gaboriau, dans un rôle d’avant-gardiste face au dérèglement climatique et à l’affaissement du territoire en raison de l’apparition du fameux volcan sous-marin en mai 2019. Suffisant pour convaincre les habitants de l’île aux parfums de s’y intéresser ? Affirmatif, à en croire le trentenaire ! « La population a de plus en plus en tête que c’est un vrai sujet. » Preuve en est lors de l’alerte cyclonique de décembre 2019, qui avait eu pour conséquence le déplacement et l’hébergement en urgence de quelque 15.000 individus.

Toujours est-il que ce rendez-vous est avant tout le top départ d’une série de sept événements de ce type dans chaque quartier d’intervention du « petit » Mamoudzou. Et marque également le début des actions de sensibilisation dans les écoles primaires à partir de la fin du mois d’octobre. « Nous allons proposer six sessions d’une heure à destination de 1.500 élèves de CM1 scolarisés en Petite-Terre et de Kawéni à Passamaïnty. » Sans oublier la formation des directeurs communaux, comme ceux de la mairie de Dzaoudzi-Labattoir dès la semaine prochaine, mais aussi des « personnes ressources » telles que les imams, les adultes relais, les leaders associatifs dans l’optique de « relayer efficacement les messages préventifs » et de « savoir mieux se préparer aux risques ». Mission accomplie.

 

Près de deux millions d’euros sur la table

Dans le cadre de ce projet, qui regroupe la prévention, la sensibilisation, la préparation et l’approche de réponse, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien se déploie aussi bien à Mayotte qu’aux Comores. Les partenaires financiers – le conseil départemental, l’agence française de développement, la préfecture et l’Union européenne (FEDER-CTE) – mettent ainsi 1.8 millions d’euros sur la table, avec appui de la Croix-Rouge française, pour une série d’actions qui doivent s’étaler sur trois ans.

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