Une journée d’échanges avait lieu ce vendredi au lycée Mamoudzou-Nord. L’occasion de faire le point sur les avancées scientifiques, mais aussi d’échanger sur le vécu des habitants, deux ans après les secousses qui avaient terrorisé la population.
C’est un moment que beaucoup attendaient. Dans le cadre de la semaine du volcan, avaient lieu ce vendredi au lycée Mamoudzou-Nord de Kawéni les premières rencontres scientifiques sur le phénomène. Objectif de la journée : faire un point sur les avancées de la recherche et échanger avec la population, profondément marquée il y a deux ans par un essaim de séismes dont elle ignorait alors tout des causes.
« Je me souviens que certains collègues ont dormi dans leur voiture de crainte que là où ils vivaient, cela s’effondre. Des nuits où l’ensemble de la population dormait dehors », retrace un enseignant de Kani-Kéli face aux scientifiques du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et du réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (Revosima), au recteur Gilles Halbout, à la délégation interministérielle aux risques majeurs d’Outre-mer mais aussi à une poignée d’élèves venus assister à cette rencontre inédite.
Asseoir une culture du risque
« Ce sont des choses normales dans l’histoire de la terre », introduit Frédéric Mortier, le délégué interministériel, en rappelant que d’autres territoires français, en Polynésie ou dans les Antilles connaissaient ce genre de phénomènes géologiques. « Mais justement, Mayotte jusqu’à présent avait été assez préservée de ces aléas, et depuis quelques années, nous assistons à ces mouvements de terrains et ces séismes », poursuit-il. D’où l’importance selon lui « de préparer les citoyens que vous serez pour asseoir cette culture du risque et vivre avec ces risques naturels ».
Prévention et avancées de la recherche
Fort heureusement, en deux ans, les choses ont déjà bien bougé ! Et pas que sur le sol de Mayotte, désormais régulièrement secoué par ces séismes plus ou moins rapprochés. Côté prévention, les dispositifs se mettent doucement en place : c’est ainsi que la première sirène d’alerte a été inaugurée cette semaine à Dembéni, à laquelle devront s’ajouter 23 autres sur l’ensemble du territoire d’ici juillet 2021. Un travail est aussi en train d’être mené sur les parcours d’évacuation. Et Mayotte devrait être un territoire pilote pour déployer un système d’alerte des personnes par téléphone, déroule le délégué ministériel.
Côté recherches, aussi, les missions scientifiques se sont poursuivies à un rythme soutenu à bord notamment du Marion Dufresne. Depuis la découverte du volcan à 50km des côtes mahoraises, un réseau de surveillance a été mis en place, le REVOSIMA, qui suit de près cette activité géologique nouvelle avec le BRGM. Principale source d’inquiétude : le risque de tsunami qui a ainsi pu être analysé. « S’il y a mouvement sous-marin, cela peut provoquer un phénomène de submersion. […] Même si nous verrons qu’il s’agira en réalité de manifestations modestes », développe Frédéric Mortier. Une connaissance rendue possible par un travail de modélisation des risques précis, mené par Anne Le Friant de l’Institut de physique du globe et Nicolas Taillefert du BRGM.
Préparer la jeunesse
Aux cartes scientifiques, censées expliquer le phénomène à l’audience, s’ajoutent les dessins d’enfants, tout aussi évocateurs. « En 2018, qui d’entre nous ici n’a pas eu peur ? Qui n’a pas été traumatisé ? Qui n’a pas eu cette sensation de la fin ? C’est ce qu’ils ont vécu », raconte une professeure des écoles à Sada. Très vite, il a fallu s’organiser pendant que la réponse institutionnelle tentait de se formaliser. « Après le séisme, nous avons eu quelques explications de la préfecture, mais je ne peux pas dire que c’était immédiat », témoigne encore cette enseignante, qui s’est donc accordée avec l’équipe pédagogique pour mettre en place un plan de mise en sûreté. Un travail indispensable pour préparer les élèves à l’éventualité d’une catastrophe… mais aussi, qui sait, pour faire naître des vocations. « Aujourd’hui, les enfants me disent ‘‘moi quand je serai grand, je serai comme Said Hachim!’’ », s’amuse cette maîtresse. Un beau compliment pour le géographe du conseil départemental. Et surtout un signe positif pour l’avenir de Mayotte.
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