Les dernières inondations d’Acoua classées état de catastrophe naturelle

La mesure était très attendue par les sinistrés des inondations d’Acoua et la ville. Depuis le 28 septembre, les fortes pluies de février 2021 qui ont engendré des dommages considérables dans cette commune du nord-ouest de l’île sont classées en état de catastrophe naturelle par un arrêté interministériel. Les habitants peuvent désormais espérer une indemnisation.

Sept mois après les inondations d’Acoua, les murs de la maison de Kaoutara Hazali, habitante du village, sont encore infiltrés d’eau. Son domicile nécessite des travaux colossaux : les cloisons doivent être réparées, les portes remplacées. Malgré l’urgence de la situation, la mère de famille prend son temps. Pour la simple et bonne raison qu’elle doit tout payer avec ses économies, comme toute la population de la commune… « Les assurances refusent d’assurer nos maisons car nous sommes sur une zone inondable et inconstructible », déclare-t-elle. Suite aux dernières inondations d’Acoua, Kaoutara a quasiment tout perdu. Heureusement, elle a pu compter sur les dons et la générosité de son entourage pour racheter le plus important. Si elle a également reçu une somme de 400 euros de la part du conseil départemental, cela reste insuffisant pour remettre son domicile en état.

Cependant, la donne pourrait changer pour Kaoutara et toutes les victimes des inondations de février. Un arrêté interministériel publié le 28 septembre déclare cet évènement en état de catastrophe naturelle. C’est la commune qui en a fait la demande au gouvernement au début du mois de mars dernier. « Cet arrêté va permettre aux habitants assurés de faire valoir leurs droits auprès de leurs assureurs, parce qu’ils refusaient de les indemniser tant que les inondations n’étaient pas classées état de catastrophe naturelle », indique Hanaffi Marib, le maire d’Acoua. Cela sera donc possible pour les voitures qui sont pour la plupart assurées, mais pas pour les maisons qui ne le sont pas. Cela étant, cette décision gouvernementale prévoit une autre solution pour les propriétaires. « Nous avons demandé que ceux qui ne sont pas assurés soient aussi aidés. Désormais, chacun doit constituer un dossier, ceux qui l’ont fait pourront être indemnisés », précise le premier magistrat. Un fonds de secours devrait être débloqué en ce sens pour permettre à la commune d’indemniser en partie les habitants et de réparer les dégâts causés.

Trouver des solutions pérennes

L’indemnisation est une chose, mais Acoua est de plus en plus exposé aux risques d’inondations. La saison des pluies approche et un drame comparable à celui de février de cette année n’est pas épargné. La mairie cherche alors des solutions plus pérennes pour éviter les dégâts en cas d’intempéries. « La commune a demandé un déblocage de fonds de secours pour réaliser des travaux afin de canaliser l’eau dans les caniveaux pour qu’elle ne déborde pas en cas de fortes pluies et ainsi éviter au maximum les inondations », explique Hanaffi Marib. « Les caniveaux sont sous dimensionnés et ne correspondent plus à la réalité de la commune », poursuit Bacar Youssouf, le directeur général des services de la mairie. Le maire n’a pas encore reçu la confirmation du déblocage de ce fonds de secours, mais il a bon espoir.

Un autre problème se pose à Acoua. La multiplication des constructions au fil des années respecte rarement les lois de la nature… La mangrove de la commune a été défrichée, et certains habitants ont érigé leurs maisons sur une zone non constructible et inondable. « Nous devons aménager la ville, nous avons du foncier dans les hauteurs. Nous sommes en train de réfléchir pour y construire des logements et ainsi pouvoir reloger les habitants qui sont dans les zones à risques », annonce le DGS d’Acoua. Sauf qu’il s’agira d’appartements à louer, et certains habitants ne sont pas prêts à quitter leurs grandes maisons qui leur appartiennent, pour un plus petit appartement qu’ils devront louer. « Si on me demande de partir, je n’accepterai pas de prendre un T1 alors que j’ai un T4. Et je n’ai pas envie de louer. Je préfère encore rester dans la galère ! » assure Kaoutara. Mais selon les dires du maire, il arrivera un moment où les citoyens n’auront plus d’autres choix. « Nous serons obligés de les déloger parce que nous ne pouvons pas les laisser en danger. » Quoi qu’il en soit, cela n’arrivera pas avant quelques années puisque le projet de relogement est encore en phase d’étude. En attendant, il ne reste plus qu’à espérer que les prochaines inondations, s’il y en a, ne fassent pas plus de dégâts.

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