Yaël Braun-Pivet, une fidèle de la Macronie à l’Outre-mer

Pressentie au ministère de la Justice, c’est finalement les territoires ultramarins qui échoient à la députée de 51 ans dans le gouvernement d’Elisabeth Borne, ce vendredi après-midi. Elle remplace le Normand Sébastien Lecornu, qui devient ministre des Armées. Pratiquement inconnue à Mayotte, elle était venue en septembre 2018 dans le cadre d’une mission parlementaire.

Son nom ne dit pas grand-chose aux Mahorais et c’est bien normal. La députée des Yvelines Yaël Braun-Pivet n’est pas le visage le plus connu de La République en marche. Avocate de 51 ans, cette native de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a commencé la politique en entrant au parti socialiste dans les années 2000. Ralliant En Marche en 2016, elle a alors réussi à battre le ténor de la droite Jacques Myard pour devenir députée, avant de devenir présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale dans la foulée.

En juillet 2018, elle s’est fait connaître en mettant fin aux travaux d’une commission parlementaire qu’elle présidait sur l’affaire Alexandre Benalla, ce proche d’Emmanuel Macron accusé d’avoir outrepassé ses fonctions élyséennes à multiples reprises. Pourtant, elle estimait à l’époque « qu’il n’y a pas besoin de plus d’enquête à l’Élysée ». Les opposants avaient alors qualifié la manœuvre de « parodie de justice » et seul le Sénat avait pu creuser ce scandale de la Macronie.

Vue comme une fidèle de la majorité, l’avocate remplace ainsi Sébastien Lecornu. Le nouveau ministre des Armées laisse un souvenir mitigé à Mayotte. Porteur de la loi promise lors du dixième anniversaire du département, il avait mis son texte assez vite au placard en février, au grand dam du Conseil départemental mahorais qui ne le trouvait pas assez ambitieux et avait préféré ne pas l’accepter « en l’état ».

Une visite à Mayotte en 2018

Yaël Braun-Pivet n’est pas connue comme une spécialiste de l’Outre-mer. Au cours de sa présidence, sa plus grande contribution a été la tenue des référendums en Nouvelle Calédonie. Après le troisième appel aux urnes qui avait donné une large victoire aux opposants à l’indépendance, elle avait déclaré à nos confrères de France info : « Ce résultat est très important parce qu’il marque la fin d’un processus vieux de 30 ans. L’État, les personnalités de Nouvelle-Calédonie, s’étaient engagés dans un processus de vivre-ensemble et à trois référendums. Aujourd’hui, nous avons enfin abouti au terme de ce processus, donc nous devons nous en satisfaire parce qu’il est important que la parole de l’État soit respectée, que les engagements pris par nos prédécesseurs soient tenus et c’est ce que nous avons fait ».

En septembre 2018, elle était également venue à Mayotte dans le cadre d’une mission parlementaire. Cette dernière avait suivi une opération de la police aux frontières et rencontré les associations comme la Cimade, Solidarité Mayotte et le Collectif des citoyens. Elle s’était rendue à la prison de Majicavo, mais également au sein des locaux de l’association pour la condition féminine et d’aide aux victimes (Acfav). Elle avait visité un quartier de la politique de la ville à Doujani, puis échangé le lendemain avec des membres du parc naturel marin, le Grand cadi et le conseil cadial. « Il ne faut pas qu’il n’y ait que les élus ultramarins qui connaissent ces questions », faisait remarquer la députée, au cours de ce déplacement.

Dans l’opposition, cette nomination n’a pas fait que des heureux, vendredi. Mathilde Panot, députée de La France insoumise, rappelant ainsi : « Cynisme ultime. Yaël Braun-Pivet aux Outre-mer. Celle qui a refusé, en pleine crise sanitaire, notre proposition d’activer le plan Orsec pour distribuer de l’eau à la population de Mayotte et de Guadeloupe qui n’en a pas ».

Seule ultramarine à intégrer le gouvernement, la Guadeloupéenne Justine Benin est nommée secrétaire d’Etat chargée de la Mer.

 

Un gouvernement avec 17 ministères

Ils restent

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ; Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur ; Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice.

Ils changent

Elisabeth Borne, Première ministre, chargée de la Planification écologique et énergétique ; Sébastien Lecornu, ministre des Armées ; Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la Prévention ; Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion ; Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ; Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.

Ils arrivent

Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ; Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ; Damien Abad, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées ; Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ; Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ; Yaël Braun-Pivet, ministre des Outre-mer ; Rima Abdul Malak, ministre de la Culture ; Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

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