Visite sous tension du candidat Fahmi Said ibrahim

Pendant deux jours, le candidat à l’élection présidentielle anticipée des Comores, Fahmi Said Ibrahim, est venu sur l’île aux parfums dans le cadre de sa campagne. Une présence qui a déplu au Collectif des citoyens de Mayotte mais aussi aux politiciens Daniel-Martial Henry et Kira Bacar Adacolo, qui ont déposé plainte au tribunal pour « trouble à l’ordre public ».

Samedi matin, scène insolite à l’aéroport de Pamandzi. Candidat à l’élection présidentielle anticipée aux Comores, Fahmi Said Ibrahim (Parti pour l’entente comorienne) a posé les pieds sur le sol mahorais dans le cadre de sa campagne. Sur son compte Facebook, la radio Djivani a publié le message de Kamal Ibrahim, l’un de ses fidèles partisans, relatant que l’homme politique y avait reçu « un accueil triomphal au milieu d’une foule en liesse. C’est bien rare pour mériter d’être souligné. […] Un geste significatif et un symbole fort qui traduit une volonté politique assumée et une ambition conquérante d’une autre dimension ». Sur une vidéo en ligne, on voit son arrivée se dérouler en musique et en chants, avant la réception des traditionnels colliers de fleurs de jasmin et une série de selfies. Durant ses deux jours de présence sur l’île aux parfums, il a notamment participé à une réunion à Pamandzi et a donné un meeting à Dzoumogné.

Mais cette venue n’a pas fait que des heureux. Au niveau du rond-point du Four-à-Chaux, des banderoles le priaient de plier bagage dans les plus brefs délais. Le soir même, le Collectif des citoyens de Mayotte a publié un communiqué pour exiger son départ immédiat : « Sa présence est une provocation et une insulte à tous les Mahorais, dont il nie le choix de rester Français. » Avant d’ajouter que « Fahmi Said Ibrahim participe au discours colonisateur comorien qui s’appuie sur l’immigration clandestine […] et ne peut être autorisé à faire campagne sur notre île en alimentant la haine et le mépris des Mahoraises et des Mahorais : il en va de la paix civile dans le 101ème département français. »

Des propos largement partagés par Daniel-Martial Henry et Kira Bacar Adacolo, respectivement président du Modem Mayotte et du Parti Radical de Gauche. Ce lundi après-midi, les deux politiciens ont décidé chacun de déposer une plainte au tribunal pour « trouble à l’ordre public ».  Le centriste considère que l’ancien ministre de la Justice comorien et avocat au barreau de Moroni « voulait provoquer » en venant chez le voisin mahorais. Il explique que le candidat « confond la liberté publique et l’ordre public » mais aussi qu’il « met de l’huile sur le feu ». « Cette action va dans le sens de son idéologie ! Je vous rappelle qu’il revendiquait, il n’y a encore pas si longtemps, que Mayotte appartenait toujours aux Comores lors de conférences en Europe », souligne Daniel-Martial Henry.

Avec 48 % d’habitants de nationalité étrangère, dont une grande majorité de Comoriens, à Mayotte, Fahmi Said Ibrahim a en tous les cas joué une belle carte d’un point de vue politique.

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