Arrivée dimanche matin à Mayotte, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a dédié sa première rencontre aux élus. Lors de cette entrevue, elle a réaffirmé que le projet de « Communauté de l’archipel des Comores » n’était « pas à l’ordre du jour » et a enjoint « d’arrêter de se faire peur ».
Au son du mbiwi et le traditionnel collier de jasmin au cou, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a été chaleureusement accueillie dimanche à 8h du matin par les élus locaux et l’équipe préfectorale. Sur le 101ème département français pour une visite de trois jours lors de laquelle elle rencontrera les acteurs locaux (économiques, associatifs, etc.) ainsi que l’intersyndicale et le collectif afin de « peaufiner le travail » avant de faire des annonces « mardi dans la journée », Annick Girardin a débuté derechef son programme par une entrevue longue de trois heures avec les élus locaux. Parmi eux, entre autres, le président du Conseil départemental, les deux députés, le sénateur Thani Mohamed Soilihi et un certain nombre de maires (dont ceux de Mamoudzou, de Sada, d’Acoua), accompagnés du président de l’association des maires.
Selon le député Mansour Kamardine (LR), aucune annonce n’a été faite durant l’entrevue mais « les élus ont dit ce qu’ils avaient dans le ventre ». Ils ont notamment évoqué les sujets brûlants de la feuille de route, de la « Communauté de l’archipel des Comores » et de la crise diplomatique, trois jours après la manifestation de jeudi ayant mobilisé plus d’un millier de personnes dans les rues de Mamoudzou.
Après le démenti formel du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, mercredi dernier, la ministre des Outre-mer a réaffirmé dimanche que « cette coopération qui irait très loin avec les Comores n’est pas à l’ordre du jour aujourd’hui. Il faut arrêter de se faire peur ». Et d’expliquer : « Une feuille de route a pu être réfléchie par un certain nombre de fonctionnaires (…) des notes ont pu exister en interne (…) mais c’est le politique qui décide ». Annick Girardin a été ferme : « Combien de fois faudra le dire ? Mayotte est français et restera français (…) tant que les élus de ce territoire le souhaitent ».
Un non-sujet
Des propos soutenus par le sénateur Thani Mohamed Soilihi, las des rumeurs lui aussi : « C’est un non-sujet ». Quand bien même ce projet existerait, ce dont le parlementaire doute, « rien ne pourrait s’envisager sans l’accord des élus mahorais ». En effet, « d’un point de vue institutionnel », il faudrait jouer sur l’article 53 de la Constitution qui stipule que « nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées ».
Quant aux documents circulant sur Internet et notamment via la page Facebook de la journaliste Estelle Youssouffa, à l’en-tête de la préfecture de Mayotte et évoquant la fameuse « Communauté de l’archipel des Comores », il s’agirait, selon la préfecture, d’une note d’information interne « véridique » expliquant la situation générée par ces rumeurs et la commentant.
La crise diplomatique déclenchée par l’Union des Comores refusant de réadmettre depuis mi-mars ses ressortissants expulsés a également été abordée. Annick Girardin a appelé à la patience, reconnaissant que le temps des échanges diplomatiques en cas de crise « reste toujours trop long ».
La ministre continuera, lors de son séjour, à rencontrer les acteurs locaux afin de « compléter » éventuellement les propositions qu’elle formulera mardi. Elle a salué cette première entrevue, notant qu’ils étaient « beaucoup plus autour de la table à débattre » et que les échanges se sont déroulés « de manière apaisée ».
Le programme de la ministre
Arrivée dimanche à 8h du matin, la ministre a rencontré les élus de Mayotte en matinée, puis des membres de la société civile. Aujourd’hui, elle devrait se rendre à Chirongui pour une visite « autour des thématiques de l’habitat et d’infrastructures ». Suivra, toujours à Chirongui, une séquence « transports et sécurité dans et aux abords des établissements scolaires » au LPO Tani Malandi. Elle terminera sa journée en Petite-Terre, à Pamandzi, pour une visite « autour des thématiques de l’aménagement du territoire et du développement durable ». Mardi, elle devrait rencontrer des représentants des organisations patronales puis le collectif des citoyens et l’intersyndicale avant de tenir une conférence de presse à 15h en Petite-Terre.
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