Après le lycée de Kahani, c’est au tour d’une partie des agents du lycée polyvalent du Nord (Acoua) d’exercer leur droit de retrait, tandis que le LPO de Tsararano convoquait hier une assemblée générale d’urgence. Face à la récurrence des violences scolaires, certains personnels des établissements du second degré de Mayotte « ont peur » et prennent des mesures drastiques. Pour le vice-rectorat, ces agents en colère « ne représentent qu’une minorité de personnes, 16 en tout au 4 décembre ».
« Les élèves et le personnel ont peur ». Dans un communiqué envoyé à la presse mardi, les personnels du lycée polyvalent du Nord (Acoua) – réunis en collectif – ne mâchent pas leurs mots pour exprimer leur ras-le bol face « aux situations de violences insupportables » qu’ils subissent régulièrement. Le jeudi 23 novembre, « un élève s’est fait tabasser (…) à coups de pierres » dans l’enceinte du lycée, raconte une enseignante. Des rivalités intervillageoises qui l’auraient conduit à l’hôpital de Mamoudzou avec une commotion cérébrale, et qui feraient suite aux évènements du 6 octobre où des jeunes armés de machettes auraient pénétré à l’intérieur de l’établissement, agressant certains élèves, selon la pédagogue. Un des adolescents passé à tabac ce jour-là aurait été évacué pour raisons médicales à La Réunion mais « son état de santé mentale ne semble pas intact depuis », poursuit l’enseignante.
Certains agents du lycée polyvalent (LPO) du Nord ont donc décidé d’exercer leur droit de retrait le 24 novembre, mesure maintenue jusqu’alors, notamment en raison d’un risque de représailles et « puisque jusqu’à ce jour aucune proposition adéquate n’a été faite par le vice-rectorat pour assurer la sécurité des élèves, du personnel et le bon déroulement des cours », dénonce le collectif des personnels. Ces agents se disent « toujours en attente d’une réunion du CHSCTA (Comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail académique), pour une évaluation des mesures de sécurité adaptées à la situation. » Selon le vice-rectorat, ce comité s’est déjà réuni deux fois en 2017.
Lundi, ils étaient 22 enseignants sur 70 à exercer leur droit de retrait et 18 mardi, a indiqué un professeur du LPO du Nord. Pour le vice-rectorat, joint hier par téléphone, ces agents en colère « ne représentent qu’une minorité de personnes, 16 en tout au 4 décembre ». Le vice-rectorat a également rappelé que des projets de sécurisation étaient en cours mais que leur mise en place prenait du temps.
Du côté du lycée de Kahani, dont une partie du personnel exerçait son droit de retrait depuis le 20 novembre, les professeurs ont repris « par conscience professionnelle », a déclaré Sandrine, enseignante.
Assemblée générale d’urgence
Ces problèmes de violences scolaires touchent de nombreux établissements du secondaire et lundi, la communauté éducative du lycée polyvalent de Tsararano a pris les devants en convoquant une assemblée générale d’urgence « suite aux événements graves de violence contre des élèves du lycée qui se répètent d’une façon très régulière et dans un espace de temps très court ». Lors de cette assemblée extraordinaire, il a été décidé qu’une réunion aurait lieu en janvier avec les parents afin d’échanger avec eux sur la sécurité du lycée. En outre, les agents du lycée demandent au CHSCT d’établir une liste des divers incidents qui ont émaillé le quotidien de l’établissement. Enfin, ils ont évoqué la possibilité de créer une intersyndicale « pour faciliter la communication entre centres d’enseignement » et ont envisagé de mettre en place « une demi-journée solidaire à chaque fois qu’un centre scolaire [est] attaqué ».
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