À l’initiative du sénateur Thani Mohamed Soilihi, la mission de la commission des affaires sociales du Sénat relative à l’accès aux soins a passé quatre jours à Mayotte la semaine dernière. Les quatre sénateurs de la mission, présidée par Catherine Laroche, ont visité une bonne partie des structures relatives à la santé sur l’île avant de terminer par une conférence de presse à la Croisette vendredi dernier en fin d’après-midi.
« Nous remercions Thani d’avoir insisté pour que nous venions à Mayotte nous rendre compte de la réalité du terrain. Cela nous a donné une tout autre vision des problématiques de ce territoire », déclare Catherine Laroche, la présidente de la commission des affaires sociales du Sénat relative à l’accès aux soins. Accompagnée de trois autres sénateurs, Laurence Cohen, Jean-Luc Fichet et Dominique Théophile, elle a parcouru pendant quatre jours les principales structures d’accès aux soins de l’île aux parfums : le centre hospitalier et l’agence régionale de santé, bien sûr, mais également l’hôpital de Petite-Terre, des dispensaires, des pharmacies et des centres de dépistages. « Nous avons essayé de couvrir la totalité de l’offre d’accès aux soins de Mayotte », résume la présidente.
Beaucoup de difficultés, mais également un immense potentiel
L’objectif de la mission était naturellement de prendre la mesure des difficultés dans le domaine de l’accès aux soins sur le territoire. Au cours de leurs pérégrinations dans cet univers, les sénateurs ont pu se rendre compte que le principal problème résidait dans la surcharge de patients. « Nous avons constaté un fort dynamisme des personnels de santé, mais le gros manque de ressources humaines fait que, souvent, l’épuisement les guette et qu’il leur est parfois difficile de procurer aux patients des soins de qualité », remarque Laurence Cohen, sénatrice du Val de Marne. La difficulté à fidéliser les personnels de santé a ainsi été souligné. La visite de la mission dans les « quartiers de cases en tôles », à l’occasion d’un dépistage de la gale, leur a également fait prendre conscience du décalage important entre Mayotte et la métropole. « Cela nous a ouvert tout un champ de questionnement », affirme-t-elle.
Toutefois, Jean-Hugues Fichet, sénateur du Finistère, a tenu à souligner que le problème du désert médical n’était pas spécifique au 101ème département et que cette épine dans le pied se retrouvait dans d’autres régions. « La différence, c’est qu’ici il prend d’autres dimensions », précise-t-il. Il a également remarqué que l’insécurité complexifiait fortement l’exercice du métier des professionnels de santé. Dominique Théophile, sénateur de Guadeloupe, a souligné quant à lui que, malgré ses difficultés, le territoire offrait de belles opportunités. « Beaucoup de projets sont en cours notamment en termes de logements et de transports et le projet d’extension de l’hôpital offre de belles perspectives. »
La mission rendra son rapport après l’élection présidentielle
Cette mission donnera lieu à un rapport qui sera rendu après l’élection présidentielle. « Ce ne sera pas juste un rapport de plus », tient à préciser le sénateur Thani. « L’angle est cette fois-ci différent et tout ce qui sera traduisible en termes de législation le sera. Ces recommandations du sénat seront suivies ou non par le gouvernement, mais elles seront en tout cas un point d’appui pour faire évoluer notre île dans le sens d’un meilleur accès aux soins », explique-t-il. Dans ce rapport, les points de blocage seront passés au crible et des propositions seront faites pour tenter de les éliminer.
« Il y a de vraies raisons d’espérer », déclarent unanimement les sénateurs qui ont toutefois avoué leur impuissance quant à la question de l’immigration massive en provenance des Comores qui « relève de la politique nationale ». Mayotte compte en effet 50% d’étrangers et « on ne peut pas mesurer le poids des non-affiliés sur le système de santé », insiste Catherine Laroche. Evidement, l’éternelle solution de la coopération régionale a été évoquée. « Il faudrait trouver une solution pour que les Comoriens puissent être soigné dans leur propre pays », ajoute-t-elle en précisant que « la France doit assumer ses responsabilités face à l’État des Comores ». Un discours entendu depuis de nombreuses années, mais qui, pour le moment en tout cas, n’a pas encore porté ses fruits…