Les dégâts provoqués par le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, continuent de marquer l’archipel mahorais, presque quatre mois après. En visite sur le territoire, ces mardi et mercredi, c’est ce qu’a pu constater Manuel Valls, le ministre de l’Outremer et d’une reconstruction qui avance peu.
Les bâches déchirées qui recouvrent sur le plateau sportif de M’tsapéré tombent une à une, ce mardi après-midi. Voilà presque quatre mois qu’elles donnent un air de château hanté à l’infrastructure sportive, lieu d’accueil habituel du BC M’tsapéré. Ces stigmates du cyclone Chido, le bataillon de la reconstruction s’attache à les enlever, ce mardi, alors que Manuel Valls commence sa visite de deux jours par cet équipement. Le ministre de l’Outremer est là pour voir comment avance les travaux d’urgence ou de reconstruction qui avancent pas à pas, voire trop lentement pour la population. Le Premier ministre dit “comprendre l’impatience, l’attente et parfois la colère des Mahorais. On est dans une situation où il faut le temps de lancer toutes les procédures, que les financements, c’est souvent une question de jours ou de quelques semaines”, tente-il pour rassurer, alors que 350 militaires sont ainsi déployés, comme le rapporte le colonel Blaise Séguin. Leur mission à Mamoudzou, ce jour-là, retirer les bâches déchirées et nettoyer le parcours de santé qui jouxte le plateau. “Les missions se font en fonction des demandes des mairies. On apporte l’aide en fonction de ce que l’on peut apporter”, explique le lieutenant Olivier, qui fait partie de l’escadre aérienne d’appui aux opérations basée à Bordeaux-Mérignac.
La grogne des prestataires
“L’eau, les déchets et les barges sont pour moi des urgences”, affirme aussi le ministre, en regardant les tas de déchets accumulés sur le terre-plein de M’tsapéré, décrivant cette zone-tampon comme “un symbole” d’un archipel qui peinait déjà à traiter ses déchets habituellement. Des 6.000 tonnes de déchets supplémentaires, la préfecture de Mayotte a confié au Sidevam (le syndicat intercommunal d’élimination et de traitement des déchets de Mayotte) le soin d’en brûler la moitié à Hajangoua, “loin des habitations et pas quand il y a du vent”, précise le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Le travail de collecte étant considérable, il a fallu aussi faire appel avec des prestataires privés faute de camions suffisants. Et les factures s’accumulent, comme le rappelle Chanoor Cassam au ministre. “La tension de trésorerie est telle qu’aujourd’hui, nos fournisseurs et nos sous-traitants nous menacent de se retirer. C’est une question de jours”, alerte le directeur général des services du Sidevam. Il estime à six millions d’euros (soit 20% du budget du Sidevam) les efforts fournis par le syndicat pour traiter les déchets post-Chido et à dix millions supplémentaires ceux des communes et des intercommunalités. Le fonds de solidarité de l’Union européenne pourrait intervenir pour compenser, mais les délais inquiètent le Sidevam et la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), les deux collecteurs. “Le vrai sujet, c’est la capacité à enlever les déchets. Après, il y a des problématiques de trésorerie et de finances des structures, mais on va les traiter. Il n’y a pas de problèmes”, essaye de convaincre Manuel Valls.
Autre problème soulevé par le directeur du Sidevam, l’absence d’éco-organismes pour traiter les déchets (ferraille, encombrants) qui ont fini par remplacer totalement les ordures ménagères dans la cinquantaine de zones-tampons. “On aimerait un soutien de l’État pour mettre une pression supplémentaire”, demande-t-il, mettant en exergue que le déploiement de ces éco-organismes n’est toujours pas effectif sur le territoire mahorais, quatre mois après la catastrophe.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.