Une centaine de manifestants contre la réforme de la fonction publique

Les syndicats des fédérations FSU, CFDT et Unsa ont appelé à une grève nationale ce lundi pour dénoncer les 2.650 suppressions de postes d’enseignants dans le secondaire dans le cadre de la réforme de la fonction publique. À Mayotte, les manifestants étaient rassemblés devant les locaux de vice-rectorat ce lundi matin pour revendiquer notamment des mesures d’attractivité et un changement de politique vis-à-vis des contractuels. 

« C’est une première depuis 2011 », a fièrement affirmé Henri Nouri, co-secrétaire départemental de la FSU Mayotte et secrétaire général du Syndicat National des Enseignements de Second degré (SNES), en préambule de la manifestation. En effet, l’appel massif à la mobilisation de tous les syndicats représentant l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale était inédit. Ce lundi matin, trois des principaux syndicats de l’Éducation nationale (FSU, UNSA-Éducation et SGEN-CFDT) regroupés en intersyndicale étaient représentés par une centaine de manifestants devant les locaux du vice-rectorat de Mamoudzou pour protester contre la suppression de 2.650 postes, la précarité de la profession, la réforme de l’enseignement professionnel et celle du lycée. Les manifestants ont marché jusqu’au dispensaire de Jacaranda pour marquer leur refus « net et précis » de la réforme.

« Nous avons un budget annuel de 500 millions d’euros. Au prorata, par élève, c’est deux fois moins qu’en métropole », a pointé Bruno Dezile, enseignant en lycée professionnel et responsable CGT Educ’action. L’intersyndicale réclame donc un « plan pluriannuel » de construction scolaire et le passage en réseau d’éducation prioritaire (REP+) sur le territoire. « À Mayotte, nous avons un déficit en personnel dans la plupart des établissements scolaires. Cela créé un problème de suivi des vies scolaires, avec des effectifs beaucoup trop importants par classe. Dans le premier degré, c’est encore plus notable », a confirmé l’enseignant. 

Des mesures d’attractivité

Parallèlement, le gouvernement cherche, selon Henri Nouri, à contractualiser « massivement » la fonction publique. Malgré une augmentation des postes ces dernières années, le 101ème département français ne sera pas épargné par ces suppressions, a prédit le secrétaire général du SNES Mayotte. Et d’ajouter que « nous sommes attachés à une fonction publique de carrière, de statut et malheureusement elle risque d’être détruite, au détriment des usagers. Un service public indépendant, c’est la meilleure chose possible pour les usagers. Si vous l’enlevez, vous retirez la possibilité aux personnes les plus démunies d’avoir des enseignements de qualité, et donc, d’avoir un avenir. »

Les syndicats réclament donc des mesures d’attractivité et de stabilisation pour permettre la titularisation des contractuels – dont la proportion est estimée à près de 50% par les différents syndicats –  et une gestion plus efficace des ressources humaines. « Effectivement, comparativement à la métropole, le salaire est plus élevé mais nous ne sommes pas dans le même contexte, et au regard de la situation de Mayotte c’est insuffisant pour à la fois attirer et stabiliser les enseignants », affirme-t-il. Un versement plus prompt des salaires et un traitement plus rapide des dossiers de fin de contrat sont aussi demandés par l’intersyndicale. « Actuellement, le taux d’encadrement est inférieur à la moyenne de toutes les académies, DOM-TOM compris », a-t-il encore pointé. 

L’intersyndicale exige également que les ex-agents de la collectivité départementale devenus fonctionnaires – grâce à la départementalisation – voient leur ancienneté reconnue dès le début de leur carrière, ainsi qu’un changement dans le traitement de la maladie des enseignants. « Les collègues soignés pour un cancer par exemple et qui sont obligés de se déplacer à la Réunion ou en métropole perdent leur indexation », souligne Quentin Sedes, membre de la CGT Educ’action. 

Injecter des moyens au Lycée agricole

Afin d’apporter plus de poids à leurs revendications, les syndicats ont pu compter sur la participation d’une vingtaine d’agents du lycée de Coconi. « D’autres sont déclarés grévistes mais ne participent pas à la grève », a annoncé Yazide Mohamed, secrétaire général FO enseignement agricole. Après deux semaines de droit de retrait suite à l’agression de deux agents, les professionnels du lycée avaient décidé, vendredi soir, de le retirer. Malgré une rencontre avec le directeur de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et des forêts, qui relève du ministère de l’Agriculture) de Mayotte, Bertrand Wybrecht, et la signature d’un protocole d’accord de sortie de crise, les professionnels de Coconi manifestaient ce lundi, principalement pour revendiquer des investissements plus importants. 

« Nous avons un retard considérable par rapport à l’Éducation nationale en termes de moyens. Nous avons sans doute vingt ans de retard », déplore le secrétaire général FO enseignement agricole. Le lycée, qui relève du ministère de l’Agriculture, ne dispose par exemple d’aucune salle munie d’un vidéo-projecteur. De même, les différents matériels volés lors de cambriolages commis ces dernières années n’ont, selon lui, jamais été renouvelés. « Les travaux pratiques (TP) par exemple, nous ne les faisons plus puisque nous n’avons pas les moyens pour les faire », regrette Yazide Mohamed. Le syndicaliste et enseignant ajoute que « nous dépendons toujours du ministère de l’Agriculture. Le département ne nous aide pas et (le ministère) ne met pas assez de finances pour l’Éducation à Mayotte ». Une rencontre avec Stephan Martens, le nouveau vice-recteur de Mayotte, était organisée à 11h00 ce lundi. À l’issue de cette réunion, le secrétaire général du SNES Henri Nouri a fait part de sa satisfaction, aussi bien au regard de la mobilisation que de la réunion qui a suivi, se félicitant d’une écoute « assez attentive ». « Je pense que les représentants départementaux ont compris que nous ne pourrons pas construire un rectorat de plein exercice sans les personnels. D’ailleurs, ils soutiendront ces mesures d’attractivité auprès de la direction générale des ressources humaines de l’Éducation nationale. C’est un signe d’encouragement », a-t-il estimé.

 

 

 

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