Circonscription sud. Kira Bacar Adacolo est un ancien attaché parlementaire européen qui brigue le mandat de député. Il se revendique de gauche, le représentant de l’Union pour la sécurité de Mayotte (USM) est de ce fait investi par le Nouveau Front populaire. L’originaire de Tsingoni envisage un autre projet de loi pour Mayotte s’il est élu aux côtés de sa suppléante, Kamaria Ali.
Si vous étiez député, qu’est-ce que vous feriez pour…
Limiter l’immigration irrégulière ?
Kira Bacar Adacolo : Je proposerais une loi contre l’immigration clandestine à Mayotte. Dans mon programme, nous avons plusieurs mesures qui vont en ce sens. Nous souhaitons que tous les enfants nés sur le territoire de Mayotte obtiennent la nationalité française, à condition que les deux parents aient résidé de manière régulière pendant au moins trois ans dans le département. Il faut aussi donner le pouvoir de police aux maires, pour mener des opérations de lutte contre l’immigration clandestine en partenariat avec la gendarmerie nationale et la police nationale. Pour contrôler les frontières, il faut déployer la marine nationale autour de Mayotte. Il faut mettre en place des gardes-côtes, des radars, des drones, pour surveiller les frontières. Et puis, il faut supprimer le séjour territorialisé pour que ceux qui ont un titre de séjour puissent circuler sur tout le territoire national
Renforcer la sécurité ?
K.B.A. : Il faut absolument construire des centres de redressement pour les mineurs délinquants, et puis étendre la circulaire Taubira (N.D.L.R. qui instaure la prise en charge partagée des mineurs isolés entre tous les départements sauf celui de Mayotte) et faire jouer la solidarité nationale. Le phénomène de violence que l’on connaît à Mayotte est l’apanage des jeunes, il faut donc des mesures pour eux.
Garantir une eau quotidienne ?
K.B.A. : Il me semble qu’il y a un observatoire de l’eau à Mayotte, et si ce n’est pas le cas, il faut le réactiver. Il faut prendre le problème à bras-le-corps. Dans un premier temps, il faut qu’il y ait une table ronde des maires, le syndicat des eaux et l’observatoire de l’eau pour gérer cette compétence de manière optimale. Je n’oublie pas non plus les équipements permettant d’exploiter l’eau, notamment les usines de dessalement, mais aussi la construction des retenues collinaires.
Faire aboutir une loi Mayotte ?
K.B.A. : Si j’étais élu député, l’une des premières choses que je ferai, c’est de proposer une loi Mayotte pour régler la situation de l’île. Il y a un laxisme au sein du gouvernement pour ne pas faire avancer les dossiers de Mayotte. Il faut se battre pour que cette loi soit examinée et débattue à l’Assemblée nationale, mais également au Sénat. D’ailleurs, j’ai déjà travaillé sur une proposition de projet de loi de ce type là. Je ne m’aventurerai pas à m’appuyer sur le travail qui a déjà été fait pour cette loi Mayotte par le gouvernement et les parlementaires, parce qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments. J’ai examiné le texte et j’appellerai ça plutôt une coquille vide. Il faut mettre un calendrier chiffré pour le développement économique de l’île.
Améliorer l’attractivité du territoire ?
K.B.A. : L’attractivité du territoire ne relève pas du député. Il ne peut pas tout faire. Il faut bien évidemment développer le tourisme, valoriser le patrimoine, améliorer les conditions de santé. Mais le député n’est pas là pour améliorer l’attractivité du territoire. C’est le travail du comité du tourisme. Le Département doit aussi promouvoir une politique d’attractivité. En matière d’éducation, le rectorat doit faire ce travail. Concernant la santé, le centre hospitalier de Mayotte est là aussi pour attirer des professionnels. Ce que je pourrais faire est de travailler sur des rapports parlementaires pour récolter les idées des uns et des autres et proposer des lois à l’Assemblée nationale pour améliorer l’attractivité.
Préserver l’environnement ?
K.B.A. : Je me rapprocherai des associations environnementales pour mettre en place des actions concrètes de préservation de l’environnement. Je ne lésinerai pas sur les moyens pour que ces associations soient subventionnées et accompagnées.
Développer quelles infrastructures ?
K.B.A. : Le réseau routier doit être revu, entretenu et développé. Nous connaissons tous le phénomène des embouteillages, on est très stressés à cause de cela. Deuxième chose, l’aéroport doit être construit en Grande-Terre pour éviter le problème de l’enfoncement de Petite-Terre et le développement du volcan. Le port doit également être construit comme un grand port maritime d’État pour que Mayotte s’envole dans son développement. »
Arriver à la convergence sociale ?
K.B.A. : Je ne partage plus l’idée de parler de convergence sociale parce que Mayotte accuse un retard dans tous les domaines. Il faut plutôt un alignement dans le droit commun, par rapport à ce sujet des aides sociales. Si je suis élu, je proposerai un projet de loi, et dedans, l’alignement social occupera une grande place. Il faut légiférer pour qu’en 2025, l’alignement des droits sociaux à Mayotte soit mis en place. Il s’agit des prestations sociales comme le RSA, la prime d’activité, l’application du code de la sécurité sociale à Mayotte, mais aussi le code du travail et le code de la santé. Au premier janvier 2025, il faudra mettre la pression au gouvernement pour que tout cela soit fait.
La biographie du candidat
Kira Bacar Adacolo est âgé de 46 ans et est originaire de Tsingoni. Enseignant de formation, dans le second degré, puis le premier, il s’engage assez tôt en politique, en 2005. « J’ai adhéré au Parti socialiste de 2005 à 2015. Ensuite, nous nous sommes fâchés, j’ai donc rejoint le Parti radical de gauche jusqu’en 2019 », raconte-t-il. Par la suite, il se définit comme « électron libre » et finit par créer sa propre formation politique appelée « l’Union pour la sécurité de Mayotte ». S’il est élu député, il affirme qu’il siégera avec le Nouveau Front populaire.
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Raïnat Aliloiffa est la rédactrice en chef du Mayotte Hebdo.
Elle est une journaliste passionnée par les sujets de société et culturels.