Jeune militant au Parti socialiste à Besançon (Doubs), Siaka Mahamoudou fait partie des dix candidats* qui briguent les deux sièges de sénateurs de Mayotte au Palais du Luxembourg, ce dimanche 24 septembre. Agent de la Mission locale à Mamoudzou, il se veut proche de la jeunesse mahoraise dont il veut être l’ardent défenseur s’il réussit à se faire élire.
Flash Infos : Qu’est-ce qui vous a poussé à être candidat ?
Siaka Mahamoudou : La politique m’a toujours paru comme étant un des meilleurs moyens d’assurer le développement d’un territoire. Je m’en suis intéressé dès mon jeune âge, et lorsque je me suis retrouvé étudiant en métropole il y a quelques années, j’ai milité au sein du parti socialiste (PS), à Besançon (Doubs) puis à Nantes (Loire-Atlantique). A la fin de mes études, j’ai décidé de m’investir en faveur de mon territoire d’origine. Je considère aujourd’hui que j’ai une expérience suffisante dans ce domaine pour aller de l’avant dans la défense des intérêts des Mahorais.
F.I. : En quoi vous serez un bon sénateur ?
S.M. : Très clairement, je dirai que nous avons de très bons candidats pour ces élections sénatoriales–ci, le seul élément qui me différencie par rapport aux autres c’est l’amour que j’ai pour cette île et ses habitants. J’ai un grand dessin pour eux, la réussite de tout un chacun afin que tous les Mahorais puissent s’en sortir professionnellement et socialement quels que soient leurs choix de vie. Cela rentre dans ma vision globale du développement économique et social de ce territoire. Je n’ai pas la prétention de me considérer comme un étant le candidat parfait pour ce scrutin toutefois, je sollicite la confiance des grands électeurs de Mayotte pour qu’ils fassent de moi un des deux prochains sénateurs de cette île. Nous sommes majoritairement une population jeune qui a besoin d’actions dans tous les domaines, le sport, l’éducation, l’économie, l’entrepreneuriat et la création d’emplois, etc. J’aimerai que cette jeunesse arrive à s’épanouir dans l’effort et la créativité, qu’elle puisse aller encore plus loin dans ce qu’elle a déjà entrepris ou qu’elle envisage d’entreprendre, afin qu’elle devienne professionnelle dans tous les domaines d’activité qu’elle se sera choisi. Je souhaite l’encourager et l’accompagner dans toutes ses initiatives et projets.
F.I. : Quels sujets aimeriez-vous défendre au Sénat ?
S.M. : Je voudrais préciser que le responsable politique que j’entends être n’accepte pas la notion de priorité dans les chantiers importants à ouvrir pour Mayotte. Dans la mesure où tout le monde s’accorde sur le fait que l’île cumule des retards considérables dans tous les domaines, il me paraît de bon sens de parler plutôt de choix à faire puisqu’il est impossible de s’atteler à tout en même temps. Pour ma part je retiendrai trois sujets majeurs à défendre : l’économie, la sécurité et le sport. Nul ne peut contester le fait que les clubs mahorais sont les meilleurs en matière de sport collectif, toutes disciplines confondues, dans l’océan Indien. Nos jeunes désirent persévérer dans ce sens, aussi je souhaite contribuer à dégager des canaux pouvant les conduire à des niveaux professionnels au niveau national. Le sénateur que j’espère devenir aura à travailler avec le ministère des sports pour que ces voies soient mises en place dès que possible, en évitant bien sûr la contrainte de devoir transiter par La Réunion, un gros problème auquel sont actuellement confrontés nos sportifs. En dehors des sports collectifs, il existe d’autres disciplines en pleine expansion, on a vu récemment que des athlètes mahorais ont pu prendre part à d’autres compétitions nationales grâce aux performances qu’ils ont réalisées pendant les Jeux des Iles de l’océan Indien à Madagascar, en particulier dans le relai. Je serai là pour les booster, les aider à s’exprimer et montrer leurs compétences.
Sur le plan économique Mayotte est sujette à beaucoup de problèmes en ce moment. Notre territoire a traversé une première crise qui est celle du Covid–19, laquelle a engendré beaucoup de soucis, à peine commençait-elle à remonter la pente, que la voilà confrontée à la crise de l’eau, une crise d’une ampleur sans précédent qui impacte tout le monde économique mahorais. Je pense que la meilleure des solutions est de proposer une zone franche afin de protéger nos entreprises et leur permettre de se refaire une santé. Cela dure 5 ans et va nous permettre de vérifier leurs capacités réelles de résistance. Il faut aider les plus petites d’entre elles et les plus fragiles. Il est bien connu que nos jeunes sont très nombreux à vouloir créer leurs propres activités professionnelles, il leur manque principalement les moyens de le faire et un emplacement pour s’installer. C’est important de se pencher sur ces deux questions car en s’installant durablement ces petites et moyennes entreprises (PME) vont pouvoir embaucher. Par ce moyen, la société mahoraise sortira de l’idée selon laquelle pour trouver du travail il faut exclusivement postuler auprès des administrations locales et structures publiques. Pour nos jeunes ce sera l’occasion de se sentir libres d’aller au bout de leurs efforts et donner le meilleur d’eux-mêmes. L’économie c’est aussi le tourisme, malheureusement on va se heurter à un préalable qui est la disponibilité en eau car sans eau il sera difficile de développer un tourisme. Toutefois, je ne désespère pas que nous puissions sortir rapidement de cette situation de pénurie d’eau, ce qui m’amène à faire remarquer que cette crise actuelle ne nous empêche nullement de réfléchir à quel type de tourisme nous voulons concrètement dans cette île. Là-dessus également il va nous falloir faire des choix car les cas de certains pays nous montrent ô combien le tourisme de masse est une contrainte. L’abondance de tourisme ne signifie pas forcément une bonne santé économique et une bonne qualité de vie sociale. Elle peut aussi être vecteurs de dangers dont il faut en tenir compte dès à présent, s’organiser suffisamment pour les éviter.
S’agissant de la sécurité, je vais en parler de manière globale. J’admets que l’Etat a beaucoup fait ces derniers mois, en dépêchant des forces de l’ordre sur l’ensemble du territoire. Mais je suis contraint de poser deux questions, va-t-il en être ainsi pour toujours ou s’agit-il d’une solution purement temporaire ? Nous savons tous que ce personnel est installé dans des hôtels ici et là et non dans des casernes prévues à cet effet. Il faut donc trouver une solution pour le long terme. Sans vouloir polémiquer, il est quasi impossible de dissocier l’insécurité de la question de l’immigration clandestine, bien qu’elle soit suffisamment importante pour être traitée entièrement à part. Pour commencer je proposerai que tout étranger irrégulier faisant l’objet d’une condamnation pénale soit reconduit définitivement dans son pays d’origine une fois sa peine effectuée. Il est nécessaire à mes yeux que tous les immigrés disposant d’un titre de séjour puissent circuler librement dans l’espace national et ultramarin et se fixer sur le territoire de leur choix. Continuer à parquer autant de monde sur un aussi petit territoire de 374 km² ne peut qu’engendrer des problèmes en cascades. Au bout d’un moment ça va exploser et les autorités ont une obligation d’éviter qu’une telle tragédie ne se produise. Une autre question qui se pose, la situation de tous ces jeunes clandestins livrés à eux-mêmes, ils traînent sur la route ne sachant pas où aller dans les villes et villages. L’État doit décider s’il y a lieu de les reloger et de s’occuper d’eux (ou pas) car ce n’est pas avec les trente euros mensuels qu’ils perçoivent qu’ils vont pouvoir vivre dignement, mais c’est un autre débat. Dans l’immédiat, moi je pense à leur propre sécurité. Je pense personnellement que nous ne devons pas attendre que les choses s’enveniment, dans la mesure où ils sont sans papiers, ils doivent être renvoyés vers leurs pays d’origine.
F.I. : A quel groupe politique souhaiteriez-vous vous rattacher ?
S.M. : Moi, je me décris comme candidat divers droite. Par conséquent, cela ne me dérangera pas de siéger parmi Les Républicains, je me vois plus avec eux qu’avec une autre famille politique. Voyez-vous, lorsqu’on se rattache à un groupe on a toujours des priorités à défendre, en l’occurrence les priorités des Mahorais qui doivent être prises en considération et défendues par le groupe auquel on a adhéré.
F.I. : Question d’actualité, le ministre comorien des Sports offre d’étendre au département de Mayotte, île comorienne, certaines épreuves des JIOI en 2027, qu’en pensez-vous ?
S.M. : On ne peut pas empêcher les autorités comoriennes de penser ce qu’elles veulent. Pas plus qu’elles ne peuvent empêcher les Mahorais de penser le contraire. Dans la Constitution française, Mayotte est désormais un département français d’Outre-mer et les Comoriens n’y changeront rien quoi qu’ils disent. Le DOM de Mayotte désire ardemment organiser ces jeux sur son sol, en tant que sénateur, mon devoir sera de contribuer à matérialiser ce vœu de nos populations et par conséquent, je soutiens à 100 % ce projet. Par conséquent, je soutiens la rénovation d’équipements sportifs existants dans notre département et la construction de nouveaux à différents endroits adéquats. L’offre du gouvernement comorien est à mes yeux une déclaration sans intérêt, si ce n’est d’engendrer une polémique de plus qui n’apporte rien aux deux parties. Mon devoir est de rassurer nos populations et de conseiller nos différents responsables à se focaliser sur notre propre projet d’accueillir un jour ces jeux sur notre territoire. Que les Comoriens nous croient incapables d’organiser ces jeux chez nous, c’est leur problème, nous n’avons pas à jouer leur jeu, c’est stérile, puérile et surtout illusoire. Quand bien même ils continueraient à demander une aide internationale pour conquérir le sol mahorais, cela reste un jeu idiot dans lequel nous n’avons pas à prendre part parce que nous le savons d’ores et déjà irréalisable. Notre objectif reste l’émancipation de nos jeunes sur le plan sportif, éducatif, culturel et dans tous les domaines. A nous de faire en sorte de leur donner satisfaction et de nous investir en conséquence.
Le dimanche 24 septembre, les 540 grands électeurs de Mayotte (les 26 conseillers départementaux, les 4 parlementaires et 510 délégués des conseils municipaux) sont amenés à choisir les deux futurs sénateurs de Mayotte pour la mandature 2023-2029. Si les deux ou l’un des deux candidats en tête n’ont pas recueilli 51% des voix ou plus, un deuxième tour aura lieu le même jour.
* Seul Mouslim Abdourahamane n’a pas participé au jeu de l’interview croisée dans les colonnes de nos différents titres (Flash Info et Mayotte Hebdo) malgré nos sollicitations.
Le parcours des candidats
Siaka Mahamoudou
Natif du village de Chembenyoumba dans le nord de Mayotte et âgé de 34 ans, il a passé toute son enfance dans le village de M’roalé, dans la commune de Tsingoni. Il a fréquenté le collège de Chiconi et le lycée de Sada où il a décroché un baccalauréat économie et social (ES). Il a poursuivi ses études dans l’Hexagone à Besançon où il a obtenu une licence et ensuite un master de sciences politiques à Toulouse. Il s’est impliqué dans la politique dès son arrivée en métropole au sein du Parti socialiste et regrette aujourd’hui sa désagrégation quasi–complète. Dès lors, il s’est forgé l’idée de devenir un acteur politique et a choisi de revenir servir son île. Il déplore que le PS local ait été cadenassé par des personnalités qui n’ont laissé aucune chance d’expression aux jeunes militants. Il travaille à la Mission locale à Cavani dans l’insertion des jeunes.