Si ce plan du gouvernement pour réformer l’hôpital public n’a pas eu le même retentissement médiatique qu’au niveau national, le département et ses soignants ont, eux aussi, bénéficié de ses retombées. De quoi faire un pied de nez à l’idée que l’île aux parfums est toujours sous-dotée.
Ce nom a fait couler beaucoup d’encre de l’autre côté du globe, mais beaucoup moins à Mayotte. Plusieurs explications possibles à cela. L’on pourra citer par exemple le fait que le 101ème département a été moins touché par la première vague de Covid-19 que d’autres régions de France métropolitaine. Ou encore que le centre hospitalier de Mayotte (CHM) est le seul établissement non soumis à la tarification à l’activité, ce mode de financement très critiqué qui a, selon ses détracteurs, plongé l’hôpital public dans une course à la rentabilité perverse, en attribuant la dotation des établissements en fonction des actes réalisés. Sans parler des primes destinées à rendre Mayotte plus attractive pour le personnel soignant.
Quoi qu’il en soit le Ségur de la santé trouve des déclinaisons dans le 101ème département. À l’origine, cette vaste consultation lancée au moment de la première vague en France devait permettre d’apporter des solutions face aux fragilités du système de santé que la crise Covid a fait éclater au grand jour. Conclu en juillet 2020, ce plan du gouvernement s’articule autour de plusieurs volets, de la revalorisation du statut, des conditions de travail et de rémunération des personnels de santé hospitaliers médicaux et paramédicaux, à l’ouverture de nouveaux lits en passant par la formation et le recrutement de 15.000 agents. En tout, le gouvernement a notamment annoncé 19 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants.
Plus 183 euros nets mensuels pour le personnel paramédical
Voilà pour les grandes lignes. Concrètement, à Mayotte, ce sont 2.457 personnels paramédicaux qui ont pu bénéficier d’une revalorisation de salaire de 183 euros nets mensuels, et 118 médecins qui ont obtenu l’indemnité d’engagement de service public exclusif (IESPE) les engageant à rester au moins trois ans à leur poste à l’hôpital, sans consultation privée. Et plus de 200 médecins vont voir leur salaire revalorisé avec la création de deux échelons supplémentaires en fin de carrière. L’attribution des investissements pour les hôpitaux va aussi évoluer, ce qui permettra notamment pour les agences régionales de santé d’instruire et de valider directement les dossiers pour des crédits de moins de 150.000 euros.
60 millions d’euros pour Mayotte
Quant à l’enveloppe de 19 milliards d’euros, Mayotte n’est pas en reste avec 26 millions dédiés au désendettement, et 33 millions pour les investissements. De jolis coups de pouce, alors que le 101ème département a déjà pu bénéficier d’aides de la part de l’État, comme les 176 millions d’euros octroyés pour le deuxième hôpital ou encore les 2,4 millions obtenus en fin d’année dans le cadre du Covid. En clair, “Mayotte a été très bien aidée”, conclut Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. De quoi avancer sur les futurs chantiers, comme le deuxième hôpital, le développement de la médecine de ville générale ou spécialisée, la modernisation des protections maternelles et infantiles (PMI), ou encore la formation des infirmiers et sage-femmes sur le territoire… Les idées ne manquent pas !