Le deuxième jour de François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention, à Mayotte a comporté trois séquences. La deuxième était à Combani, ce mercredi, à 9h. Elle concernait les projets médicaux sur le territoire, dont celui du second hôpital qui sera implanté dans le village du centre.
Pas de grandes annonces, le ministre de la Santé et de la Prévention ne fait pas le tour de l’océan Indien pour y révolutionner les pratiques de médecine. François Braun, qui visitait Mayotte ces mardi et mercredi, était davantage intéressé pour prendre le pouls du territoire et y suivre les projets. L’un des plus importants d’entre eux, le second hôpital de Combani, lui était d’ailleurs présenté dans le village même, ce mercredi matin. Olivier Brahic, le directeur de l’Agence régionale de santé, Jean-Mathieu Defour, le directeur du centre hospitalier de Mayotte (CHM), et le médecin Pierre Menard, conseiller médical à la direction du CHM, ont dévoilé les coulisses du projet dont les tvaux commenceront en 2025. « On a réfléchi en parcours de soin », évoque ainsi ce dernier. « Il faut accompagner le patient de la ville vers l’hôpital, et réciproquement. Parmi les points-clés, il faut maintenir un établissement hospitalier public unique. C’est une force du CHM pour le territoire et il faut qu’il reste en l’état. Développer une offre hospitalière complète et ainsi permettre aux Mahorais de se soigner à Mayotte. Répondre à la forte prise en charge mère et enfant, mais aussi prendre en considération l’explosion des besoins de prise en charge de l’hypertension, du diabète, des maladies chroniques et dégénératives. »
« Le second #hopital se fera à #Combani. Il n’y a aucun doute là-dessus », maintient #FrancoisBraun, le #ministredelasanteetdelaprevention #Tsingoni #Mayotte #Sante pic.twitter.com/3SGanLLxR4
— Mayotte Hebdo (@MayotteHebdo) November 30, 2022
Le médecin émet quelques idées dans l’ère du temps, comme le renforcement de l’attractivité des soignants, mais aussi celui de la formation. « Ce projet est envisageable qu’en respectant des prérequis. J’en citerai deux, l’aménagement du territoire et une politique de ressources humaines volontariste. Il faudrait au moins cent étudiants-infirmiers par promotion, le développement de formations soignantes spécialisées. Peut-être une première année de médecine sur le territoire et pourquoi pas l’universitarisation de certains services », propose-t-il.
La question du foncier à régler
« Le second hôpital se fera à Combani, il n’y a aucun doute là-dessus. On sera à vos côtés », a prévenu le ministre, coupant court aux rumeurs de communes ayant plus de terrains disponibles ou moins congestionnées. Ces dernières étaient nourries par les difficultés d’acquérir du foncier sur Combani. « La préfecture coordonne les réflexions autour de ce foncier, autour de tout ce qui va y avoir autour de l’hôpital, des soignants, des problématiques de circulation routière, à voir avec la mairie ou le conseil départemental. Je crois qu’il y a une mobilisation de tous autour du même projet. C’est ça que je trouve extrêmement intéressant », indique François Braun. La mairie de Tsingoni, engagée dans cette même réflexion, a d’ailleurs voulu rassurer les représentants de l’État en rappelant que des logements sont actuellement en construction et qu’un contournement de Combani est prévu avec le l’aide du Département.
En tout cas, la commune de Tsingoni ne doit pas ménager ses efforts si elle veut un jour voir ce second hôpital tracer sa route jusqu’à Combani.
Deux questions à… François Braun
Flash Infos : Vous avez annoncé au CHM que vous étiez « à leurs côtés », comment vous l’êtes justement ?
François Braun : Je crois qu’il y a un message qui est fort, qui est porté par les équipes médicales et paramédicales de Mayotte, c’est de donner envie aux gens de venir à Mayotte. C’est sur la base de beaux projets comme celui du CHM, sur la base aussi de ressources, de rémunérations en tout cas équivalentes au reste de la métropole ou comparables à celles de La Réunion. On doit aussi favoriser les formations des jeunes sur Mayotte, en augmentant les places en école d’infirmières, avec l’aide du Département. Je crois qu’on a le terreau ici qui est vraiment bien pour mener à bien tous ces projets. Enfin, tout ne va pas se faire en deux minutes, vous comprenez bien. La construction de l’hôpital, par exemple, commencera à l’horizon 2025.
F.I. : En termes de temps, au vu de la démographie de l’île, est-ce que ce sera assez pour demain ?
F.B. : Si vous êtes Nostradamus, je prends des projections. Je crois qu’il y a une étude, en tout cas sérieuse qui est faite aussi. Je voyais ce matin avec le représentant de Santé publique France. Il y a une étude faite sur les projections, sur les besoins. C’est un secret pour personne, la santé de la femme, la périnatalité, les enfants sont des sujets très importants sur l’île. Ce qui est en opposition avec la métropole où l’on travaille plutôt sur les personnes âgées, les Ehpad. Mais c’est aussi pour ça que je viens voir la situation sur le terrain. Selon les territoires, il y a des différences.