Seize jours après le passage du cyclone Chido, le Premier ministre François Bayrou entreprend une visite d’une journée sur une Mayotte qui panse encore ses plaies, ce lundi. Il a déjà annoncé qu’un plan « Mayotte Debout » va être mis en œuvre et pourrait en donner les grandes lignes, dès ce soir, lors d’une prise de parole.
En promouvant son « Mayotte Debout » dès ses premières heures sur le territoire mahorais, François Bayrou veut défendre l’idée que l’État est aux côtés des Mahorais. Selon le Premier ministre, le plan serait en adéquation avec les visites réalisées, ce lundi, soit l’approvisionnement en eau (l’usine de dessalement de Petite-Terre), la rentrée scolaire (collège de Kawéni 2) ou les secours et la santé (hôpital de campagne de Cavani). « La responsabilité qui est celle de l’État, c’est 1) de l’urgence, 2) de la préparation de la reconstruction, 3) de la reconstruction et 4) penser Mayotte du futur », déclare-t-il, après avoir visité les tentes de l’hôpital géré par les pompiers et la Sécurité civile où 300 patients sont accueillis chaque jour alors qu’il est calibré pour 100. « Parce que personne ne peut souhaiter de revenir à Mayotte d’avant le cyclone. » Il se donne comme objectif une reconstruction de l’île en « deux ans ». « C’est tellement énorme, tellement grave. Il y a tellement de problèmes à traiter en même temps, la santé, les blessures, mais aussi la société mahoraise qui est très déstabilisée. C’est un défi qui mérite d’être relevé », estime-t-il, avant de faire des annonces, ce soir, lors d’une prise de parole prévue vers 18h30.
Ex-Premiers ministres, Elisabeth Borne et Manuel Valls, l’accompagnent comme son ombre. La première, venue à Mayotte en décembre 2023, doit s’occuper du vaste chantier de reprise de l’école depuis son arrivée à l’Education nationale. Au 13 janvier pour la rentrée administrative, elle est reportée au lundi 20 janvier pour les élèves. Mais la configuration reste encore à déterminer puisque les établissements n’ont pas été touchés de la même manière par le cyclone Chido. Un point a été fait au rectorat de Mayotte en fin de matinée. Trois autres ministres sont également présents. Le Mahorais Thani Mohamed Soilihi, à la Francophonie et aux partenariats internationaux, Valérie Létard, au Logement, et Yannick Neuder, à la Santé, complètent le casting.
Une impression d’être délaissés
Si le gouvernement compte montrer qu’il est mobilisé, sur le terrain, les secours restent encore peu visibles aux yeux de la population. En marge de la visite, élus ou simples citoyens déplorent des populations livrées à elle-même. C’est le cas, par exemple, des professeurs des collèges de Kawéni 2 et du lycée des Lumières. Dans le deuxième, les sinistrés sont là à quelques heures du délai imparti fixé par la mairie de Mamoudzou pour quitter les lieux. Ce sont des enseignants restés à Mayotte pendant cette période de fêtes qui sont venus s’occuper des habitants pour la plupart des bidonvilles de Kawéni. L’un d’eux nous dit n’avoir vu une distribution alimentaire de l’ONG World Central Kitchen, il y a quelques jours seulement. Des questions de sécurité sont posées aussi pour ces établissements endommagés. Selon Valentin Moustar, un professeur d’EPS du collège K1, son établissement a été pillé au cours des derniers jours, alors que les dégâts y étaient minimes jusqu’ alors. Celui-ci a pu alerter Elisabeth Borne sur cette situation en l’interpellant directement. « Elle a répondu que les forces étaient là. C’est quelque chose qu’on a déjà entendu, donc je n’ai pas l’impression d’avoir une réelle réponse », regrette-il.
Cette impression de délaissement revient aussi pour les élus. Elyassir Manroufou, conseiller départemental, n’a toujours pas vu les secours dans son canton de Mamoudzou 2. Avec les services de la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), il participe au déblaiement des déchets dans les villages de M’tsapéré et Cavani, qui continuent de s’accumuler chaque jour, qu’ils soient des ordures ménagères, des gravats ou des déchets végétaux. Rare consolation pour l’élu de Mamoudzou, la présence de l’hôpital de campagne depuis moins d’une semaine au milieu de sa population à Cavani.
« Les rumeurs de milliers de morts ne sont pas fondées »
C’est l’objet de nombreuses spéculations depuis le jour du cyclone. Combien de personnes ont perdu la vie ? Des chiffres fantaisistes ont été rapidement avancés dans les premiers jours comme celui de « 60.000 morts », à la vue des bidonvilles soufflés par le vent ou de l’absence de communication possible. D’après les témoignages sur place, si quelques décès étaient mentionnés, le nombre est plus restreint qu’annoncé, notamment parce que les glissements de terrain qui auraient pu entraîner un bilan beaucoup plus lourd n’ont pas eu lieu.
Ce lundi, sur le terrain de foot de Cavani transformé en hôpital, François Bayrou a confirmé que « les rumeurs de milliers de morts ne sont pas fondées ». Il avance un chiffre plus proche de « plusieurs dizaines » ou « deux centaines ». Il dit « ne pas renoncer à dresser un bilan définitif » de la catastrophe.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.