Dans le cadre du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a déposé un amendement prévoyant une attention particulière dans le choix d’implantation de nouvelles brigades de gendarmerie en Outre-mer. Une modification approuvée au Sénat par Gérald Darmanin qui en a profité pour déjà faire des annonces spécifiques dans le 101ème département.
Dans la continuité du Livre blanc de la sécurité intérieure en 2020 et du Beauvau de la sécurité en 2021, le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur pour la période 2023-2027 est en cours d’examen au Sénat depuis ce mardi 11 octobre. Celui-ci consacre une revalorisation budgétaire de 15 milliards d’euros destinés entre autres au recrutement de 8.500 policiers et gendarmes supplémentaires sur cinq ans, à la formation, à la réouverture de sous-préfectures dans les zones rurales ou à fort essor démographique, à la transformation numérique et à la création de 200 nouvelles brigades de gendarmerie.
Sur ce dernier point, le sénateur Thani Mohamed Soilihi compte bien en faire profiter les Outre-mer, et plus particulièrement Mayotte. D’où son amendement 215 pour prévoir « une attention particulière dans [leur] choix d’implantation » dans les territoires ultramarins « au regard de la dégradation inédite du climat sécuritaire et de nos spécificités ».
« Les faits divers tragiques se multiplient en Outre-mer »
Une modification du texte nécessaire à ses yeux tant « les faits divers tragiques se multiplient et endeuillent les familles en Outre-mer ». Ainsi, pour étayer ses propos, le parlementaire évoque l’augmentation « record » des homicides par armes à feu et armes blanches, la recrudescence des braquages, mais aussi les violences liées aux trafics de drogue et contre les forces de l’ordre. « L’insécurité grandissante gagne toutes les catégories sociales. »
Et justement, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, conçoit la singularité des départements et territoires ultramarins, où la délinquance est « plus forte » qu’en métropole. Face à ce constat, Gérald Darmanin annonce pour le cas de Mayotte, en attendant sa prochaine visite officielle, l’installation de quatre nouvelles brigades de gendarmerie, qu’il espère rendre opérationnelles « dès l’été prochain », sans préciser si elles seront fixes ou mobiles. « Une mesure rassurante pour restaurer l’ordre républicain » selon le sénateur Thani Mohamed Soilihi. Toutefois, leur future localisation reste encore à déterminer… Des communes comme Bandrélé, Chirongui, Bandraboua ou encore Tsingoni pourraient tout naturellement postuler tant elles sont régulièrement et négativement sous le feu des projecteurs !
Une ordonnance pour adapter les mesures du projet de loi aux Outre-mer
Seize articles de la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur traitent notamment de la modernisation des moyens de lutte contre la cybercriminalité, de l’amélioration de l’accueil des victimes et de la réponse pénale par l’extension de l’amende forfaitaire délictuelle, l’affermissent de la lutte contre les violences sexistes, le renforcement des moyens humains et juridiques d’investigation ainsi que des pouvoirs du préfet en cas de crise.
À noter qu’une ordonnance doit venir adapter les mesures du projet de loi aux Outre-mer. Les projets d’investissement du ministère sont un effort de remise à niveau de l’architecture des réseaux de communication, de nouveaux outils technologiques pour lutter contre les trafics aux frontières (stupéfiants, immigration), un pré-positionnement des moyens de la sécurité civile pour fournir une première réponse en cas de risque naturel (comme les cyclones ou séismes), des plans des risques spécifiques à chaque territoire ultramarin… Quelques exemples de ce qui attend Mayotte, si la loi est adoptée par le Parlement.