Une rumeur accordant une victoire à la candidate de la mouvance présidentielle, Chamina Ben Mohamed, au poste de gouverneur a mis en colère des jeunes qui sont descendus dans les rues de Mohéli, la plus petite île de l’Union des Comores. On déplore quelques blessés.
Alors que le pays est suspendu à la proclamation des résultats de la présidentielle de ce dimanche, on assiste déjà à des heurts et des discours de mis en garde de certains rivaux du candidat sortant Azali Assoumani. C’est à Mohéli, l’une des trois îles de l’archipel, que tout a commencé. Ce lundi, vers 11h, les réseaux sociaux ont fait découvrir aux internautes un climat que personne n’a vu venir. Dans la capitale, Fomboni, des routes avaient été barricadées, des pneus incendiés. Selon les informations obtenues auprès de certains habitants, il s’agissait de jeunes qui étaient survoltés après avoir appris la victoire présumée d’un candidat qui briguait le gouvernorat de l’île (les élections présidentielle et gubernatoriale ont eu lieu le même jour). Si à Anjouan, la commission électorale insulaire a crédité le docteur Zaidou Youssouf, le candidat de l’alliance pour la mouvance présidentielle, un taux de 51.78% des voix, dans les autres îles, les résultats se faisaient encore attendre au moment où nous écrivions ces lignes. Raison pour laquelle, des habitants de Fomboni sont descendus dans la rue ce lundi pour réclamer de la transparence. Les manifestants disaient attendre des résultats « justes et équitables ». Apparemment, on aurait rapporté à certains d’entre eux que la candidate soutenue par le pouvoir, Chamina Ben Mohamed, allait être déclarée victorieuse. Ces heurts ont obligé les forces de l’ordre à intervenir pour déblayer la route. On déplore trois blessés, d’après des sources qui se trouvent sur place. Le directeur de campagne du candidat Abdoulanziz Hassanaly, son épouse ainsi qu’un de ses militants, touché aux jambes et au nombril.
Maires rattrapés
Le préfet de Fomboni, Kamardine Mohamed, parle de « manipulation ». Le responsable croit tout simplement qu’on a poussé des militants à semer le trouble en leur faisant croire que les élections seraient tronquées en faveur de la seule candidate en lice. Or, dit-il le scrutin s’est déroulé dans le calme. Ce qui est n’est pas totalement vrai. Dans certains bureaux de l’île, on a rattrapé des maires qui tentaient d’introduire dans les urnes des bulletins cochés en faveur des candidats du pouvoir avant de se faire démasquer. Dimanche, jusqu’à 10h, les journalistes des médias comme Al-Watwan n’avaient toujours pas obtenu des laissez-passer. A Anjouan, la journée du lundi a également été marquée par des incidents sporadiques. A Mramani par exemple, une brigade la gendarmerie a été incendiée par des inconnus, ont rapporté des journalistes. A Mutsamudu, des tirs probablement de sommation ont retenti. Des photos authentifiées montraient des cailloux jetés sur la route. En revanche, aucune arrestation n’avait été annoncée. Dans ce contexte, alors que le pays attend les résultats de la présidentielle, certains candidats ont invité leurs sympathisants dans les quartiers généraux, ce lundi. Au cours de sa déclaration, l’ancien président de l’assemblée Hamidou Bourhane a appelé le président de la Ceni (commission électorale), originaire du même village que lui à faire attention pour ne pas causer le déclenchement d’une guerre aux Comores. « Soyez en alerte. À tout moment, on aura besoin de vous », a-t-il lancé de surcroît à ses partisans. Faut-il s’attendre à des contestations si jamais les résultats qui seront proclamés probablement ce mardi ne semblent pas crédibles aux yeux de l’opposition ? Ce n’est qu’une question de jours avant de connaître enfin le vainqueur de la présidentielle de dimanche, émaillé de plusieurs irrégularités. Dimanche soir, la Ceni a indiqué un taux de participation qui dépasserait les 60%.