La Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte a publié son rapport sur la gestion de la municipalité de Kani-Kéli, ce jeudi. La commune du sud de Mayotte est l’une des rares à fournir des repas et à ne pas avoir recours à la rotation dans ses salles de classe. Cependant, les investissements importants plombent son budget, estiment les magistrats-instructeurs.
« Entre 2018 et 2022, la commune de Kani-Kéli a consacré près du tiers de ses dépenses d’investissement dans ses écoles. Elle a privilégié la rénovation de salles de classes et la construction de réfectoires et de terrains de sports à l’intérieur de leur enceinte. Les écoles de la commune figurent parmi les mieux équipées et entretenues de l’archipel », constatent les magistrats de la Chambre régionale des comptes, dans un rapport rendu public ce jeudi. Oui, mais à quel prix ? Il est fort au vu des constatations. Sur la période indiquée, l’une des plus petites communes de Mayotte (5.507 habitants au recensement de 2017, seule Acoua est plus petite) a dépensé 31 millions d’euros en investissements, soit 1.123 euros par habitant. La CRC note par exemple que seules Mamoudzou (22,4 millions d’euros) et Koungou (15,7 millions d’euros) ont investi davantage que Kani-Kéli (8,9 millions d’euros) en 2022.
Si cette dernière peut compter sur des subventions pour ses dépenses, elle doit aussi faire appel régulièrement à son fonds de roulement. « Le fonds de roulement net global (FRNG) est négatif et se dégrade à compter de 2019, alors que le besoin en fonds de roulement est positif, ce qui signifie que la commune ne dispose pas de suffisamment de ressources à court terme pour financer son cycle d’exploitation, ni à plus long terme pour financer son investissement. De fait, la commune connaît des difficultés de trésorerie et recourt régulièrement aux ordres de paiement pour payer ses fournisseurs », relève la Chambre, qui prévoit des difficultés pour l’équipe de Rachadi Abdou (maire depuis 2020, à la suite d’Ahmed Soilihi) pour investir à l’avenir. Les charges de gestion et à caractère général augmentant en 2023 et 2024, « la commune ne sera pas en mesure de maintenir un niveau aussi élevé de dépenses d’équipements qu’au cours de la période antérieure et devra les prioriser en fonction du niveau de financement obtenu », préviennent les magistrats.
Des conditions restrictives d’inscription scolaire
Dans les points positifs, il est mentionné que Kani-Kéli est la première commune de l’île (en 2015) qui a distribué des repas chauds dans ses écoles. « Près de 80 % des enfants en bénéficient aujourd’hui, nombre en constante augmentation d’année en année », est-il noté. Il n’y a pas non plus de système de rotation mis en place dans les écoles, contrairement aux autres communes de l’île. L’effectif des classes, même s’il y est en augmentation, ne nécessite pas de pousser les murs des sept écoles publiques. Selon la Chambre, toutefois, les conditions imposées pour les inscriptions scolaires peuvent exclure des enfants du système. « La commune applique des conditions plus restrictives que celles prévues par les textes en vigueur : elle permet l’attestation d’hébergement sur l’honneur uniquement en remplacement du justificatif de domicile pour les personnes hébergées, mais elle exige alors des justificatifs d’identité et de domicile de l’hébergeant », fait remarquer la CRC. Sur le même sujet, la municipalité ne tient pas de liste des enfants soumis à l’obligation scolaire (entre 3 et 16 ans), en contradiction du code de l’éducation.
Pareil pour les activités périscolaires, la Chambre régionale des comptes relève que « la commune n’en a pas mis en place, alors qu’elles sont pourtant obligatoires depuis 2013 ».