A la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), on piaffe d’impatience de pouvoir lancer la première ligne du Caribus en avril. En tout cas, c’est ce que Rachadi Saindou a promis, lors de sa cérémonie de vœux à Tsararano, ce vendredi 12 janvier. Le président de la collectivité en a profité pour rappeler qu’il souhaite toujours des navettes maritimes dès 2025 et a présenté le futur siège de la Cadema prévu pour l’année d’après à Tsararano.
2024 sera « l’année de l’apaisement », promet Rachadi Saindou, Arrivé en dansant le shigoma, le président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) était tout sourire sur la scène installée sur le plateau polyvalent de Tsararano, lors de ses voeux. La collectivité, lancée dans son chantier Caribus depuis 2022, espère récolter enfin les fruits de ses travaux à hauteur de 142 millions qui ont pas mal chamboulé la circulation à Mamoudzou. En tout cas, le premier résultat devrait tomber « en avril », prévoit le président, avec l’ouverture de la première ligne au sud de Mamoudzou, puis la partie nord en septembre. Un calendrier chargé, mais qui est respecté malgré l’insécurité et l’eau qui minent le territoire de la collectivité. « Je crois en notre capacité de résilience et un avenir heureux pour nos générations futures. Toutes les actions menées depuis trois ans reflètent notre volonté de construire ensemble un avenir meilleur », déclare-t-il, devant une foule nombreuse et faisant fi de l’absence de représentants de l’État (la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, était à Bandrélé, ce jour-là).
« Le chantier d’envergure », comme il l’appelle, doit s’achever en 2027. En attendant, les problèmes de circulation devraient perdurer, même si la mairie de Mamoudzou est venue en soutien en instaurant la circulation alternée (qui reprend ce lundi). « Il faut changer notre façon d’appréhender la voiture. On est sur un petit territoire. On fait le nécessaire pour donner aux Mahorais de la mobilité urbaine », estime celui qui veut encourager les mobilités douces et qui s’appuie sur des premières navettes en service depuis plus d’un an. « Pour déplacer une montagne, ne faut-il pas déplacer de petites pierres ? », demande Rachadi Saindou.
Un ponton à Iloni pour cinq millions d’euros
Devant les maires de Mamoudzou et Dembéni, Ambdilwahedou Soumaïla et Moudjibou Saïdi, ainsi que le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, le président de la Cadema a rappelé qu’il veut que la collectivité se dote dès l’année prochaine de trois navettes maritimes de 150 passagers chacune. « Je suis contre l’idée de nouvelles routes à Mayotte, il faut utiliser des navettes maritimes », défend-il. Celles-ci joindront d’abord Iloni-Mamoudzou grâce un ponton construit dans le village du sud de la Cadema dès cette année (pour cinq millions d’euros). Il a d’ailleurs remercié le conseil départemental pour avoir fourni les études nécessaires, le Département ayant un projet similaire. « Le Département est compétent en matière de transports, comme la Cadema. Je pense qu’au début, on ne se comprenait pas. Certains se battaient pour des questions de compétence, mais on l’est si on reste à l’échelle de notre territoire », déclare celui qui réfute toute idée de concurrence entre les deux collectivités.
Concernant les navettes, il confirme que le marché est lancé et va être attribué. « Ça va aller vite », commente-il. La condition sine qua none sera une motorisation propre. « Le lagon de Mayotte, c’est notre bijou. Il faut le préserver », prévient-il, se déclarant ouvert à l’hybride, l’électrique ou le solaire.
Un nouveau siège en 2026
C’était l’annonce de la journée, la Cadema disposera d’un nouveau siège en 2026, à Tsararano. Le bâtiment, d’un coût estimé à 13,6 millions d’euros trônera à l’extrémité du village, à proximité du lycée actuel. « La Cadema est au service d’un territoire dynamique et en pleine croissance. La construction du siège social ici même en est un symbole parce qu’il est pensé pour faciliter son accessibilité aux usagers et accroitre notre capacité d’accueil », fait observer Rachadi Saindou. Incurvée, la construction sera sur cinq étages, dont un parking et des locaux techniques. Elle remplacera l’immeuble devenu trop exigu, qui se situe en face des locaux de la gendarmerie à Mamoudzou. Amphithéâtre, bureaux, espace de restauration, les premiers plans ont été dévoilés au cours de la cérémonie. Les travaux pourraient être engagés dès cette année pour une livraison en 2026.
Ce nouveau siège fera partie de la feuille de route du nouveau directeur général des services, Marcel Fortuné (voir encadré). Surtout, il pourrait conclure un premier mandat mené tambour battant par Rachadi Saindou.
Arrivée au son du #shigoma du président de la @Cadema_YT, Rachadi « Marius » Saindou, au terrain polyvalent de #Tsararano, ce vendredi après-midi. L’élu va présenter ses vœux pour l’année 2024. #Mayotte #Mamoudzou #Dembeni #politique pic.twitter.com/8Ky6tpdZhR
— Mayotte Hebdo (@MayotteHebdo) January 12, 2024
Marcel Fortuné, nouveau directeur général des services
En récompensant ses agents du service eau et celui de la propreté, Rachadi Saindou n’a pas oublié d’inviter Marcel Fortuné à monter sur la scène. Le nouveau directeur général des services s’est exécuté, collier des fleurs autour du cou. Ce fils d’une touarègue nigérienne et d’un Indien de Pondichéry ne connaît pas encore Mayotte, mais il dit avoir été convaincu par sa rencontre avec Rachadi Saindou en octobre, lors d’un déplacement en Guadeloupe. Il était alors directeur général des services à Saint-Pierre en Martinique. « Il donne envie de le suivre. Il respecte aussi l’administratif et lui permet de travailler », observe celui qui a eu longtemps la charge du pôle jeunesse à la mairie de Bègles (Gironde). Parmi les projets à réaliser sur la deuxième moitié de mandature, il y a évidemment le Caribus espéré au complet en 2027 et les navettes maritimes. Mais il y a également l’eau et l’assainissement, la collectivité ayant décidé de reprendre ses deux compétences (pour la maîtrise d’ouvrage) au syndicat Les Eaux de Mayotte. Les élus estimaient ne plus avoir envie d’attendre après le syndicat pour des projets qui n’ont jamais vu le jour.