Mesures sanitaires et loi Mayotte : état des lieux de Sébastien Lecornu

Invité dans l’émission « Bonjour Chez Vous ! » de la chaîne Public Sénat ce mercredi 9 juin, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu est revenu sur les dernières mesures sanitaires pour voyager dans et depuis les territoires ultramarins et a également donné quelques indications complémentaires sur le projet de loi Mayotte.

Ce mercredi matin, Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, est intervenu dans l’émission « Bonjour Chez Vous ! » de la chaîne Public Sénat. Il a dans un premier temps brassé largement la situation épidémique « inégale » depuis le début de la crise sanitaire dans les territoires concernées. « C’est toujours un peu désagréable pour nos concitoyens ultramarins de voir que dans l’Hexagone parfois nous déconfinons pendant que nous prenons des mesures de restriction [chez eux] et vice-versa », a-t-il introduit. La raison de ces deux poids deux mesures ? La circulation plus ou moins rapide au cours des derniers mois des variants brésilien et sud-africain, qui peuvent rapidement provoquer des tensions hospitalières.

D’où la mise en place d’une procédure progressive des levées des motifs impérieux. Une décision pas du tout au goût du député LR Mansour Kamardine comme l’a rappelé Patrick Roger, journaliste politique au Monde. En effet, le parlementaire a accusé Sébastien Lecornu « de tenir les Mahorais comme des chiens en laisse et de les enfermer en cage ». Réponse de l’intéressé ? « J’ai de l’amitié pour [lui], mais il y a des mots qu’il ne faut pas employer. Je sais que nous sommes en campagne électorale et qu’il faut dire des choses fortes pour se faire entendre. C’est sûrement cela… À l’inverse, nous dirions aussi que nous ne protégeons pas les Mahoraises et les Mahorais », a-t-il rétorqué. Et de pointer du doigt celles et ceux qui tiennent ou ont tenu un double discours concernant l’envoi tardif des vaccins d’un côté et l’absence d’appel à la vaccination de l’autre. Idem au sujet de l’instauration et du maintien des mesures de restriction. « Je pense qu’il ne faut pas faire de politique avec cette crise sanitaire », a martelé le ministre des Outre-mer, avant de rappeler les heures sombres de Mayotte en tout début d’année.

 

Un retard que « j’ai du mal à accepter »

 

Car c’est bien là le problème, à Mayotte comme dans les autres territoires ultramarins : la campagne de vaccination n’avance guère assez vite au goût du gouvernement. Pour Sébastien Lecornu, le remède magique pour entrevoir un retour normal de toutes les libertés de circulation reste « le vaccin ». « Il y a les bras pour piquer, parce que le personnel soignant est complètement engagé. Pardon d’être très direct, mais ce qui manque [aujourd’hui] ce sont les bras à piquer ! Nous avons un retard que j’ai du mal à accepter : quand nous voyons les pays du monde dans lesquels les gens n’ont pas la chance d’accéder à un système de soins ou à des stocks de vaccin et que nous, nous pouvons le faire, je me dis qu’il y a quelque chose de dommage », a-t-il rappelé. Et le 101ème département ne déroge pas à cette pique. Entre le 25 janvier et le 8 juin, l’agence régionale de santé a comptabilisé 52.308 injections et 19.487 personnes vaccinées. Des chiffres trop peu élevés alors que la campagne est ouverte aux plus de 16 ans depuis le mois de mai…

Alors pour inciter les habitants à passer à l’acte, l’exécutif joue la carte de la carotte. Entre Mayotte, La Réunion et la métropole, les voyageurs vaccinés (schéma vaccinal complet) sont notamment dispensés d’auto-isolement et de motifs impérieux depuis le 9 juin. Mais pas de tests PCR ou antigéniques car « la géographie des territoires d’Outre-mer les met au contact de pays dans la zone qui peuvent toujours nous exposer aux variants ». « C’est notre capacité à détecter si les gens sont malades ou pas et à séquencer ensuite les tests positifs », a précisé Sébastien Lecornu, qui table, grâce à cela, sur une reprise de l’activité touristique.

 

Un retour devant les acteurs mahorais

 

Autre sujet évoqué ? La loi Mayotte, annoncée par le ministre des Outre-mer lui-même à l’occasion des dix ans de la départementalisation. Après un mois de consultations publiques, les différentes propositions de la population se trouvent sur le bureau du locataire de la rue Oudinot. « L’idée est de retourner devant les acteurs mahorais pour faire un premier retour, d’essayer de tracer l’architecture d’un projet de loi et de le co-construire », a-t-il détaillé. Mais cette prochaine venue est également une manière pour lui d’adresser un tacle à ses détracteurs. En ligne de mire : le Rassemblement national. « Souvent, Madame Le Pen prend en otage Mayotte sur Twitter, à la fois en se servant de ce qu’il se passe à Mayotte pour [mettre en garde] les Français de l’Hexagone et en même temps, en faisant croire aux Mahoraises et Mahorais qu’elle les protège. Evidemment, c’est absolument faux ! Je préfère une méthode beaucoup plus pragmatique, et très respectueuse, dans laquelle nous réaffirmons que Mayotte c’est la France, que nous sommes fiers qu’elle soit française. Donc là aussi, pas d’ambiguïté sur ce point. » Selon des sources concordantes, Sébastien Lecornu devrait poser pied sur l’île aux parfums les 6 et 7 juillet prochains. Quelques jours seulement après la tenue des élections départementales. Coïncidence politique ? Pas sûr puisqu’il compte présenter l’élaboration du projet de loi d’ici à septembre.

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