Président départemental du Mouvement démocrate (MoDem), Daniel Martial Henry a suivi de près le projet de loi Mayotte. S’il partage quelques points de vue du conseil départemental, il défend un gouvernement français, « à l’écoute ». Pour rappel, son parti soutient la réélection du président de la République Emmanuel Macron.
Flash Infos : Émettez-vous un avis défavorable à cette loi Mayotte comme le conseil départemental (voir Flash Info du vendredi 14 janvier) ?
Daniel Martial Henry : Tout d’abord, cette version s’inspire d’une délibération du conseil départemental de 2016. Il s’agissait alors d’une proposition de réforme portée par Soibahadine Ibrahim Ramadani. Il a montré alors sa vision. C’est là-dessus que le Département actuel aurait dû s’opposer. Il fallait annuler cette délibération.
FI : Qu’est-ce qui vous déplaît dans ce qui a été proposé ?
D.M. H. : On nous a promis une loi programme et il s’agit plutôt d’une loi organique. Une chose nous inquiète particulièrement par exemple : Abdoul Kamardine (conseiller départemental de la majorité) a raison quand il dit que nous ne voulons pas devenir une assemblée comme aux Comores. Nous voyons ce terme en Guyane, en Martinique ou en Corse où il y a une vision autonomiste. Ce n’est pas notre cas ! Nous voulons garder une stabilité institutionnelle en gardant le conseil départemental ou régional.
FI : Et que pensez-vous des remarques faites par le CD ?
D.M. H. : Le président de la collectivité, Ben Issa Ousseni, a annoncé qu’il voulait continuer à travailler avec le gouvernement français en prenant en compte les propositions des élus locaux, de la société civile et du conseil départemental. Il n’a pas parlé de partis politiques. Nous aussi, nous avons des idées à présenter !
FI : C’est-à-dire ?
D.M. H. : Nous voulons continuer à asseoir le développement de Mayotte. Nous ne sommes pas dans une position attentiste. Les conseils départemental et régional doivent être des leviers de développement.
FI : Dans le projet, il y a plusieurs mesures liées à l’immigration.
D.M. H. : (Il coupe) Ce n’est pas ce qui m’intéresse dans cette loi, ce sont des détails. Je suis partisan plutôt d’une meilleure coopération régionale. L’État dépense 50 millions d’euros par an pour lutter contre l’immigration. Si cet argent pouvait servir à cette coopération… Il n’y a que ça qui peut être notre salut. Il faut aider à sédentariser la population comorienne chez elle.
FI : Est-ce qu’il y a des choses à garder dans cette loi ?
D.M. H. : Oui, il y est question d’investissements, ce que nous ne voyons plus à Mayotte. Là, il y a le projet de la piste longue de l’aéroport, qui a été abandonné depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, et le passage du statut du port de Longoni en « grand port maritime » qui est une bonne chose. Cela va dans le bon sens.
FI : Un consensus est-il toujours possible ?
D.M. H. : Oui, il y a un gouvernement prêt à écouter les Mahorais. Quand nous regardons le plan de convergence des droits sociaux, il a été décliné par rapport aux doléances des mouvements sociaux. D’ailleurs, j’ai trouvé très pragmatique de la part de Ben Issa Ousseni de ne pas couper le lien. Ce gouvernement mérite le respect, je le crois vraiment.