Le Conseil départemental de l’Habitat et de l’Hébergement (CHDD) a tenu une assemblée vendredi dernier à l’hémicycle Bamana au Conseil départemental en présence des représentants du Conseil départemental et de la préfecture. Le but était de faire le point sur la construction de logements sociaux à Mayotte, un secteur dans lequel une fois de plus, l’île accuse d’importants retards par rapport au reste de la France.
236 logements sociaux pour une île de 212 000 habitants officiellement, “c’est trop peu mais il y a 5 ans, il n’y en avait pas du tout. Et ces dernières années les problèmes rencontrés par la Sim ainsi que les recours administratifs ont ralenti voire stoppés les constructions dans ce secteur”, rappelle Daniel Courtin directeur de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Mais les membres du CHDD s’accordent à le dire, le retard à combler est considérable. Néanmoins, l’heure est à l’optimisme au vu des prévisions de construction de logements sociaux et très sociaux pour les années à venir. La Deal table sur un peu plus de 300 habitations de ce type en 2017. Un chiffre qui doit augmenter au fil des années à en croire Daniel Courtin. En attendant que ces logements sortent de terre, le taux de pauvreté dans l’île dépasse toujours les 80 %, 2/3 logements ne disposent pas de pièces dites indispensables à une habitation comme une salle de bain, des toilettes ou une cuisine. Enfin, ¾ des habitations ne disposent pas de l’électricité ou de l’eau. Ces caractéristiques concernent essentiellement les cases en tôle qui jonchent le territoire mahorais. La mise en place des plans intercommunaux de lutte contre l’habitat indigne (PILHI) avec la récente installation des communautés de communes va permettre un meilleur état des lieux de l’état du logement en règle général à Mayotte annonce la Deal.
“Du torchis au dur”
Lors de cette assemblée la question de l’espace restreint disponible sur un territoire de 375 km2 a également été évoquée. “On est passé de la construction en torchis au dur ou de l’habitation traditionnelle à la case Sim sans réfléchir à l’espace nécessaire et suffisant pour les occupants des nouvelles habitations”, a souligné El Amine Mohamed Ali directeur général adjoint en charge de la Solidarité et du développement social au département. “Nous faisons en effet, face à un problème d’espace nous obligeant à optimiser et densifier les logements”, a répondu Daniel Courtin sous-entendant que la construction verticale semble être la réponse à cette problématique.
L’autre obstacle auquel fait face le logement social, c’est le foncier. Les problèmes cadastraux récurrents dans l’île touchent également indirectement ce domaine. “Il faut que le foncier soit adapté au logement social donc il faut désigner des Zac (zones d’aménagement concerté)”, donne comme exemple le directeur de la Deal. En effet, certaines aides au logement comme celle de l’Anah (“Agence nationale de l’habitat) qui est en cours d’installation dans le 101ème département. “Cette allocation ne peut être versée que si la personne est propriétaire de son logement mais beaucoup de Mahorais ne disposent pas d’un titre de propriété”, explique Moissoukari Madi, responsable du pôle social à la Caisse de sécurité sociale. Le niveau de revenus trop bas de certains îliens les empêche de pouvoir accéder à un logement social malgré les aides déjà en place. “Cela concernant notamment les retraités dont les pensions sont trop faibles par rapport à celles versées dans d’autres départements”, argumente la responsable à la CSSM.
Du côté des aides à la construction du logement social, Daniel Courtin assure que Mayotte dispose bel et bien des mêmes aides qu’en métropole. En 2016, le total de ces financements (LLS , LAS , Fasul, Frafru, etc.) était de 21 millions d’euros. Mais reste à résoudre également la problématique d’outil de production pour arriver à l’objectif de 800 logements sociaux par an d’ici 2025. En effet, le tissu d’entreprises du BTP et l’ingénierie disponibles dans l’île semblent difficilement en mesure de pouvoir réaliser l’ensemble de ces travaux. Sans oublier la question de la maîtrise des coûts car il n’est pas rare que les travaux coûtent plus cher que ce qui était initialement prévu.
En attendant, la Sim est en train de finir l’installation de 100 logements sociaux. Au rythme de près de 10 000 naissances par an, il devient urgent de débloquer le parc locatif social. Des mesures dérogatoires seront peut-être nécessaires notamment en ce qui concerne le foncier. C’est le souhait émis par certains maires et élus départementaux.
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