Licenciement « abusif » à la mairie de Tsingoni : un employé administratif fait un recours devant la justice

Depuis son refus de soutenir le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, à l’occasion des élections municipales de 2020, Daoud Haoussidine, adjoint administratif en poste dans la commune depuis 2005, vit une véritable descente aux enfers. Au point de recevoir une lettre de radiation le 20 novembre pour abandon de poste. L’agent tente de faire lumière sur cette affaire et vient de saisir le tribunal administratif dans le but d’annuler cette décision.

Derrière son masque blanc et son imposante carrure, Daoud Haoussidine cache une tristesse profonde. Voire même encore quelques signes d’une dépression, stigmates de cette dernière année bouleversante. « Cette radiation est abusive… Pourquoi ? Parce que je n’ai pas voulu rentrer dans son jeu », indique-t-il, d’un air désabusé. Dans sa ligne de mire : les pratiques du maire Mohamed Bacar lors des élections municipales de l’an dernier.

Tout commence le 14 janvier 2020 avec la réception d’un courrier l’accusant d’absentéisme depuis décembre 2019, suivie du non-versement de ses primes. Ce à quoi s’ajoutent trois arrêtés en date du 12 mai, du 15 juillet et du 28 octobre : le premier pour l’affecter aux services techniques sans aucune procédure disciplinaire ; le second pour geler sa rémunération ; le troisième pour le virer, purement et simplement (un arrêté du 20 novembre officialise sa radiation à la préfecture pour abandon de poste). « Harcèlement, suspension de salaire, puis radiation », résume-t-il, la gorge nouée. Une véritable descente aux enfers qui s’explique pour une raison simple, selon Daoud Haoussidine. Dans son dossier adressé le 28 avril 2021 au président du tribunal administratif, l’ancien fonctionnaire relate des intimidations avant le premier tour ainsi que le 17 mars lors de réunions privées et la promesse d’une grosse somme d’argent (8.000 euros) en cas de révision de sa position. « Le DRH me mettait la pression : soit je servais la cause du maire sortant, soit j’étais mis à pied. »

 

Déçu par Mohamed Bacar

 

Soutien de poids de Mohamed Bacar lors de sa première élection en 2014, Daoud Haoussidine se rend compte au fur et à mesure du mandat « qu’il n’était pas à la hauteur » des responsabilités qu’exige une mairie. Entre un « déficit » abyssal, plusieurs fois pointé du doigt par la cour des comptes au cours des dernières années, et le recours à des « emplois fictifs », il décide de soutenir un autre projet politique en 2020. « Si des choses ne vont pas dans la commune, j’ai le droit de donner mon avis en tant qu’administré », fait-il valoir pour défendre sa position. Et, selon lui, d’autres personnes se trouvent dans le même cas que lui, à l’instar de l’ancien directeur du centre communal d’action sociale démis de ses fonctions car « sa femme était candidate dans une liste d’opposition ».

Aux yeux de Daoud Haoussidine, trop c’est trop. « Cette mentalité est inadmissible. Il faut changer cela, nous ne vivons pas dans une République bananière. Si nous n’allons pas dans leur sens, nous sommes pénalisés ! », s’insurge-t-il. Après avoir « seulement reçu sa lettre de décharge le 12 avril », le quadragénaire espère voir que la justice fera son travail. Et si le tribunal lui donne raison, il compte bien retourner travailler à la mairie, pour reprendre un train de vie normal. « Elle n’appartient pas à Mohamed Bacar », conclut-il. Prêt à en découdre !

Joint par téléphone, le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, n’a jamais donné suite à nos sollicitations.

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