Idrissa Sanda est un étudiant mahorais qui a beaucoup fait parler, et pour cause, il a introduit un recours en annulation contre l’élection d’Anchya Bamana au poste de députée de Mayotte dans la circonscription 2, en succession de Mansour Kamardine. Il se dit indigné par les pratiques en cours sur l’île en période d’élections, le manque de courage des Mahorais pour agir en vue de les stopper, particulièrement devant les instances juridiques adéquates. Il explique ses motivations dans l’entretien ci-dessous.
Trois questions à Idrissa Sanda
Flash Infos : Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce recours contre l’élection d’Anchya Bamana ?
Idrissa Sanda : Ce recours est né d’un sentiment profond d’indignation face à une violation flagrante de nos principes démocratiques les plus sacro-saints. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été animé par une quête inlassable de justice et d’équité, des valeurs que j’ai défendues avec passion en tant que représentant de mes camarades au lycée de Petite-Terre. Voir la démocratie manipulée par des moyens illégitimes et des actions clandestines, telles que la propagande électorale sur TikTok la veille du scrutin, est une atteinte insoutenable à l’intégrité de notre système électoral. Le Conseil constitutionnel a déjà statué sur des cas similaires, démontrant que même de petites irrégularités peuvent compromettre l’issue d’une élection. Mon engagement ne se limite pas à contester une élection, mais à protéger le sanctuaire de notre démocratie contre toute forme de perversion. C’est un acte de résistance contre l’injustice et une affirmation de notre devoir moral de veiller à ce que chaque voix soit respectée et que chaque élection soit équitable.
F. I. : Quelles preuves êtes-vous en mesure de fournir pour prouver vos affirmations ?
I. S. : Nous avons recueilli un corpus probant et substantiel de preuves démontrant la violation des règles électorales. Des captures d’écran et des enregistrements vidéo des diffusions en direct sur TikTok montrent sans équivoque des militants de Mme Bamana exhortant les électeurs à voter pour elle, en pleine période de silence électoral. Ces diffusions, ayant eu lieu à un moment critique où les électeurs doivent être libres de toute influence, constituent une infraction grave. En complément, des témoignages oculaires corroborent ces faits. Ces éléments seront soumis au Conseil constitutionnel pour illustrer l’impact significatif de ces infractions sur le résultat de l’élection. La jurisprudence en la matière, comme les décisions n° 2017-5092 AN et n° 2022-5773 AN, a établi que de telles manœuvres peuvent vicier le processus électoral, particulièrement lorsque l’écart de voix est réduit. Ces preuves visent à restaurer l’intégrité et la transparence de nos élections.
F. I. : Est-ce pour vous une sorte de baroud d’honneur contre la victoire du Rassemblement National à Mayotte ?
I. S. : Ce recours transcende les querelles partisanes et s’inscrit dans une défense impérieuse des principes républicains et démocratiques. Mon action n’est pas dirigée contre un parti politique en particulier, mais contre toute pratique qui compromet l’équité et la transparence de notre système électoral. À 19 ans, je me tiens en rempart contre l’injustice, fort de mon expérience en tant que représentant des élèves dans divers conseils au lycée, où j’ai vigoureusement défendu les droits de mes camarades. J’ai organisé des manifestations, mené des luttes acharnées pour les droits des lycéens, et cette détermination se poursuit aujourd’hui. Cette démarche est une manifestation de mon engagement à garantir que notre démocratie fonctionne avec probité, que chaque vote compte, et que chaque élection soit menée de manière intègre. Les pressions et les menaces, y compris mon obligation de démissionner de mon poste de vice-président d’une autre association de jeunes étudiants Mahorais, n’ont fait qu’accentuer ma détermination. Je suis prêt à combattre pour la justice, sans relâche.
Présentation d’Idrissa Sanda
Depuis son plus jeune âge, Idrissa Sanda est un ardent défenseur des droits et de la justice. Dès le lycée, il s’est distingué en tant que représentant des élèves dans des instances telles que le conseil disciplinaire, le conseil d’administration et le conseil de la vie lycéenne. Il a également siégé au conseil académique de la vie lycéenne, présidé par le recteur, et a conduit de nombreuses actions pour défendre les intérêts des lycéens, organisant des manifestations et menant des combats pour leurs droits. Aujourd’hui, en tant que président de l’Association Unis Contre l’Injustice, il continue à se battre pour la justice et la transparence, quoi qu’il advienne. Son engagement dépasse le cadre politique, il est profondément personnel et philosophique. Il rêve d’un avenir où chaque voix est respectée et chaque élection est juste. Actuellement étudiant en licence de droit, Idrissa a également écrit un livre intitulé « Éclats d’injustice : Un étudiant ultramarin face à l’indifférence », où il partage ses expériences, ses luttes et ses réflexions sur la justice et l’engagement citoyen.
La conviction et la détermination d’un jeune engagé
Idrissa Sanda n’est pas novice dans le domaine de l’engagement citoyen. Son parcours montre un jeune homme profondément attaché à la justice et aux droits de ses pairs. « En tant que représentant des élèves, j’ai toujours défendu les intérêts de mes camarades. Que ce soit au conseil disciplinaire, au conseil d’administration ou au conseil de la vie lycéenne. J’ai toujours été en première ligne pour m’assurer que nos voix soient entendues, » explique-t-il. Aujourd’hui, son engagement s’étend au-delà des murs de l’école, touchant des questions nationales cruciales. « L’injustice sous toutes ses formes doit être combattue. Mon livre, Éclats d’injustice : Un étudiant ultramarin face à l’indifférence, est un cri de ralliement pour tous ceux qui refusent de rester silencieux face aux abus et aux inégalités. J’y raconte mes expériences, mes combats et mes aspirations pour un monde plus juste. À 19 ans, certains pensent peut-être que je suis trop jeune pour mener de tels combats, mais l’histoire nous montre que ce sont souvent les jeunes qui portent le flambeau du changement », affirme-t-il avec conviction.
Un combat pour la transparence et l’intégrité
L’action d’Idrissa Sanda et de son association ne vise pas seulement à contester une élection, mais à défendre la transparence et l’intégrité de notre système démocratique. « Les élections sont le fondement de notre démocratie. Si nous permettons que des pratiques illégales passent sans contestation, nous affaiblissons les piliers de notre république. La décision du Conseil constitutionnel dans les affaires précédentes montre l’importance de chaque voix et de chaque vote. Nous devons être vigilants et fermes dans notre défense des processus démocratiques, » insiste-t-il.
Une vision pour l’avenir
Pour Idrissa Sanda, ce combat est aussi une vision pour l’avenir. « Je veux que chaque jeune, chaque citoyen, se sente investi du pouvoir et du devoir de défendre notre démocratie. Nous ne pouvons pas rester passifs face à l’injustice. Nous devons être actifs, engagés et prêts à nous battre pour ce qui est juste, » conclut-il. Son parcours et son engagement montrent qu’il est prêt à aller jusqu’au bout pour défendre les valeurs auxquelles il croit.
Journaliste politique & économique