Selon l’article 274 du code électoral, la commission électorale nationale indépendante doit proclamer les résultats provisoires au plus tard cinq jours après le vote. Globalement, le scrutin s’est déroulé dans le calme, mais a débuté avec plus d’heure de retards dans de nombreuses localités. L’opposition a dénoncé des bourrages d’urnes. Ce que dément le pouvoir.
Qui succèdera à Azali Assoumani ? Candidat pour un troisième mandat successif, le sortant Azali Assoumani affrontait dimanche cinq opposants, dont son ancien ministre, Abdallah Mohamed Daoudou. Ce 14 janvier, les Comoriens étaient appelés aux urnes pour élire leur président de la République ainsi que les trois gouverneurs des îles indépendantes. Malgré les craintes d’une journée tendue et les menaces qui planaient, le scrutin s’est déroulé globalement dans le calme sans heurts majeurs. Même s’il y a eu quelques arrestations à la Grande Comore. A Anjouan, un partisan du parti Juwa avait été arrêté dans l’après-midi. Sur le déroulement du scrutin, de nombreuses localités ont accusé des heures de retard dans l’ouverture des bureaux de vote. A Ntsoudjini, par exemple, ville où est originaire le candidat Mouigni Baraka Said Soilihi, jusqu’à 9h50, les électeurs ne votaient toujours pas. Le matériel n’était pas encore acheminé sur les lieux. Même constat à Dzahadjou- Hambou, localité située à 23 km au sud de la capitale. Sur trois bureaux, seul un avait pu commencer ses opérations à 8h47. Un responsable interrogé sur place a attribué ces retards aux organes qui ont la charge de transporter le matériel électoral. « Ils ont d’abord ramené les isoloirs puis les listes par la suite. Alors qu’ils auraient pu tout rapporter en même temps », déplorait un électeur de 25 ans retrouvé à Dzahadjou-Hambou. Dans la capitale en revanche, certains les électeurs pouvaient accomplir leur droit civique dès 7h. Idem à Mitsoudje, où le président sortant vote habituellement. « Je suis venu accomplir mon devoir civique malgré le contexte un peu difficile. Je suis d’autant plus heureux que selon nos informations ce double scrutin se déroule dans le calme sur l’ensemble du territoire. Ainsi je me réjouis de cet ancrage de la démocratie dans notre pays », a déclaré Azali Assoumani, tout en partageant son souhait de remporter la manche dès le premier tour.
Bourrages d’urnes
Vers 16h, alors que le scrutin s’approchait de la fin, les candidats de l’opposition ont fait une déclaration dans un hôtel de la place pour dénoncer des irrégularités. Selon l’ancien gouverneur de la Grande Comore, les électeurs n’ont pas pu faire leur choix librement. « Il n’y a pas eu d’élection. A Anjouan, des militaires sont passés ramasser les urnes avant l’heure de fermeture dans le Nyumakele. A Mwali, il y a eu des bourrages d’urnes par l’usage de procurations. Les mêmes pratiques ont été constatées au niveau de la Grande Comore », a -t-il allégué et non sans exprimer sa désolation. « Nous pensions qu’en tant que président de l’Union Africaine, Azali allait respecter les règles. Mais il récidive », a ajouté Mouigni Baraka, entouré de Bourhane Hamidou et du docteur Salim Issa du parti Juwa. Des témoignages rapportés un peu partout font état de bourrage ou de tentative de bourrages d’urnes. Un confrère qui se trouvait sur l’île de Mohéli a confirmé que le maire de la ville de Hoani avait été interpellé en possession de bulletins cochés depuis chez lui en faveur d’Azali Assoumani. Mais très vite, après la sortie médiatique de l’opposition, le directeur de campagne du président sortant s’est exprimé et a nié les accusations lancées par les trois candidats. « C’est faux. S’ils avaient les moyens humains, il n’y aurait pas eu de bourrage d’urnes. Nous ne nous sommes pas étonnés de cette position. Et nous ne tolèrerons aucune manifestation », a prévenu M’saidie, qui par ailleurs est le porte-parole du gouvernement. Jusqu’à 19h, des bureaux de vote avaient déjà fini le dépouillement. Selon le code électoral, la commission électorale nationale indépendante doit proclamer des résultats provisoires de ce double scrutin. Ils ont jusqu’au vendredi 19 janvier pour le faire. Après 2016 et 2019, l’ex-putschiste espère remporter pour la troisième fois d’affilié la présidentielle devant ses adversaires. Une victoire qui le permettrait de rester au pouvoir au moins jusqu’en 2029.
On rappelle qu’à deux semaines de l’ouverture de la campagne, Assoumani a limogé la présidente de la section électorale de la cour suprême, organe qui valide les résultats. Cela a renforcé les craintes d’une possible ingérence. S’il promet de respecter la constitution, certains lui prêtent l’intention de placer son fils ainé à la tête du pays. Comment ? On ne le sait pas encore.