Le sacre du dauphin « Miki » à Dzaoudzi-Labattoir

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Zaoudjati Soumaïl, élue d’opposition, félicite Mikidache Houmadi, le nouveau maire de Dzaoudzi-Labattoir.

C’est une succession en douceur qui a eu lieu aux commandes de la municipalité de Dzaoudzi-Labattoir ce samedi matin. Mikidache Houmadi, dauphin désigné depuis plusieurs années de Saïd Omar Oili, prend les rênes de la commune avec la lourde tâche de parachever l’œuvre de son maître à penser. Dimanche, une autre élection a acté l’arrivée d’Archadi Abassi, élu de Pamandzi, à la tête de la communauté de communes de Petite-Terre (voir encadré).

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Le passage de témoin entre Saïd Omar Oili et Mikidache Houmadi s’est déroulé en présence de nombreuses personnalités politiques de tous bords.

Très attendu depuis le 25 septembre et l’élection de Saïd Omar Oili au poste de sénateur, l’événement a finalement eu lieu samedi matin. L’ancien président du conseil général de Mayotte a cédé son fauteuil de maire de Dzaoudzi-Labattoir à son premier adjoint et disciple Mikidache « Miki » Houmadi, au cours d’une élection réservée aux conseillers municipaux. En effet, en raison des dispositions de la loi sur le non-cumul des mandats politiques, le nouveau sénateur était contraint de renoncer à la fonction de premier magistrat de la ville. Un événement en grande pompe était organisé dans la salle des fêtes de l’ACL, en arrière de l’hôtel de ville, en présence d’un parterre d’élus locaux, de femmes et hommes politiques de tous bords (le président du conseil départemental, Ben Issa Ousséni, le sénateur Thani Mohamed Soilihi, le président de l’association des maires de Mayotte (AMM), Madi Madi Souf, le président de la Cadema, Rachadi Saindou, pour ne citer que ceux-là) des notables de la ville, un grand public composé de militants et sympathisants du Néma (Nouvel élan pour Mayotte, la formation de Saïd Omar Oili), mais aussi des employés de la municipalité.

Plus qu’un simple passage de témoin entre les deux hommes, cette cérémonie se voulait avant tout « le sacre de Miki », en récompense pour sa loyauté, sa fidélité et son partage de conviction avec son mentor. Des éléments de langage que l’un et l’autre reprendront d’ailleurs dans leurs allocutions respectives au cours de cette cérémonie de succession. Il faut dire que cette succession était préparée de longue date et ne fut qu’une simple formalité administrative, juridique et protocolaire, en ce sens qu’il consacre la continuité de l’ère Oili dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir et l’intercommunalité de Petite-Terre. Sous la présidence du maire sortant, la séance a démarré avec un certain retard, ce samedi matin, par la démission officielle du maire sortant, l’énoncé des 33 membres du conseil municipal, suivi de la lecture de l’ordre du jour : élection d’un nouveau maire, de ses adjoints et des représentants à divers organismes. S’en est suivie la séquence élection proprement dite avec la candidature de Mikidache Houmadi présentée par un autre conseiller municipal Néma. Le président de séance demande alors s’il y a une autre candidature de l’opposition. À la surprise générale, Zaoudjati Soumaïl (qui siège au sein de l’opposition MDM-Tanafou) commence par se déclarer candidate pour ensuite expliquer à l’assistance qu’elle se désistait au profit de l’unité de Dzaoudzi-Labattoir afin d’éviter les déchirements non constructifs constatés dans d’autres communes de Mayotte.

Poursuivre l’aventure

Il est à constater que le MDM était de toute manière réduit à peau de chagrin depuis les derniers scrutins, victime des luttes d’égo et des appétits politiques entre ses différents dirigeants. Saïd Omar Oili annonce alors qu’il va être procédé à l’élection du nouveau maire au scrutin secret. C’est donc sans surprise que Mikidache Houmadi l’a emporté à l’issue du dépouillement total des 30 voix. Dans un discours fleuve empreint d’émotions, « S2O » a rappelé les vingt années de parcours accomplies avec son successeur (depuis sa présidence du conseil départemental en 2004). Illustrant cette complicité, il a lancé à son dauphin : « il a été dit que je te trahirais un jour, si ceci est une trahison, alors qu’elle le soit ». Il a retiré ensuite sa cravate tricolore pour la mettre au cou du nouveau maire sous les applaudissements nourris de l’assistance. L’ancien maire a demandé à l’ensemble des agents de la commune de Dzaoudzi-Labattoir d’acter le changement de chef et de servir son successeur aussi bien qu’ils l’ont servi lui. « Il te revient maintenant de construire la nouvelle DZ (Dzaoudzi-Labattoir), construire la suite de cette aventure que nous avons démarré ensemble », lui a fait remarquer celui reste cependant simple conseiller municipal.

Ainsi consacré premier magistrat de la ville, l’ancien dauphin « Miki » a eu une pensée particulière pour ses deux parents « disparus trop tôt » et qui n’ont pu assister à son élection (son père, ancien directeur d’école à Labattoir, fut jadis premier adjoint au maire, avant d’assumer par la suite le fauteuil de maire). Il a souligné le fait que son père, « a assumé cette charge avec brio sans jamais s’affilier à une formation politique quelconque », preuve du consensus dont il a pu bénéficier au sein d’une commune alors sous domination du parti départementaliste.

À l’adresse de ceux qui ont composé l’opposition municipale sous son prédécesseur, le nouveau maire de Dzaoudzi-Labattoir a promis une oreille attentive à chaque voix.

Pamandzi prend le relais à l’intercommunalité

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Archadi Abassi, élu de Pamandzi, reprend lui le fauteuil de président de la communauté de communes de Petite-Terre.

La présidence de l’intercommunalité de Petite-Terre échoit à Archadi Abassi, un élu de Pamandzi. Ce dimanche, dans la foulée de l’élection du maire de Dzaoudzi-Labattoir, celle de la présidence de la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT) a fait consensus au regard du nombre de votes favorables, trente voix, soit l’unanimité des élus. D’une certaine façon, elle s’inscrit également dans une continuité de l’action engagée par Saïd Omar Oili sur le territoire de la Petite-Terre, Archadi Abassi étant l’un des adversaires politiques de l’actuel maire de Pamandzi, Madi Madi Souf.