La ministre des outre-mer Ericka Bareigts, est arrivée hier matin à Mayotte pour deux jours de visites durant lesquels elle doit signer des conventions, annoncer des plans et rencontrer les différents acteurs de la société mahoraise. Un programme divers et varié et bien chargé mais peut-être un peu trop lisse puisqu’aucune visite dans les bidonvilles de l’île n’est prévue dans son agenda alors que la réalité la plus dure de l’île est bien celle-là.
À peine sortie de l’avion, c’est un comité d’accueil un peu particulier qui attendait la ministre à l’entrée de l’aéroport hier matin. En effet, l’intersyndicale qui manifeste depuis quelques semaines notamment pour la reprise d’ancienneté générale des services pour les agents de l’ex-communauté départementale de Mayotte, l’avait annoncé. Une quarantaine de manifestants ont interpellé la ministre afin de solliciter un rendez-vous avec elle. Cette dernière a accepté la demande pour une rencontre en fin de journée avant de se rendre à Dzaoudzi pour entamer le programme officiel de sa visite à savoir le dépôt d’une gerbe au monument aux morts Place de France.
S’en est suivi sa réception à la mairie de Mamoudzou pour signer la convention police municipale/police nationale avec le Procureur de la République, le préfet et le maire du chef-lieu. Le but de ce document étant de renforcer la coopération entre ces deux services tout en précisant néanmoins dans le document qu’en « aucun cas il ne sera confié à la police municipale des missions de maintien de l’ordre » ce qui à première vue ne changera pas grand-chose à la capacité d’action de la municipalité dans la lutte contre la délinquance. La ministre s’est ensuite rendue à la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire nouvellement créée et dont les locaux sont situés au centre Maharadjah à Kawéni. Elle a annoncé les noms des 6 lauréats choisis dans l’appel à projets dans le cadre du développement de l’économie sociale et solidaire à Mayotte.
Ainsi plusieurs centaines de milliers d’euros seront versées aux associations, institutions, collectivités et autres structures ayant été sélectionnées pour mener des programmes en faveur de l’économie circulaire, de la conservation et de la valorisation du patrimoine, du développement agricole (avec la création d’un marché de gros), ou encore la création de plateformes de service numérique pour aider les citoyens (notamment les personnes âgées) à réaliser leurs démarches en ligne. La matinée s’est terminée par la visite des locaux du lycée professionnel de Kawéni où la ministre a pu se rendre compte des travaux d’extension de l’établissement après avoir profité d’un bain de foule et d’une cure de jouvence avec une jeunesse mahoraise visiblement enthousiaste à l’idée de rencontrer la nouvelle ministre des outre-mer. Ericka Bareigts a rappelé son attachement à la formation professionnelle avec des jeunes « désireux de s’en sortir ».
Avant de rejoindre le préfet, les parlementaires, les élus municipaux, le vice-rectorat et les nombreux autres officiels présents ce jour-là, à la table du restaurant d’application du lycée pour un « déjeuner républicain », la ministre a accordé quelques instants à la presse durant lesquels elle a été amenée à répondre à la question de savoir pourquoi elle n’a pas prévu de se rendre dans un des nombreux bidonvilles de l’île dont le principal est à quelques encablures du lycée professionnel de Kawéni. « Je connais la réalité de l’île, c’est pour cela que j’ai choisi Mayotte pour mon premier voyage en tant que ministre de l’outre-mer.
C’est aussi la raison pour laquelle l’État met les moyens pour lutter contre ces problèmes d’immigration clandestine et d’insécurité avec notamment les renforts de gendarmerie récents », a-t-elle répondu. Après que nous ayons posé la question une deuxième fois en soulignant la symbolique importante qui peut ressortir d’une visite d’un haut représentant de l’État dans ces zones de non-droit, la ministre s’est contentée de répondre que l’État est déjà présent dans ces quartiers sensibles. Une réponse sans vraiment en être une et qui laisse dubitatif. Le préfet a complété la déclaration de la ministre en expliquant que « l’État prend en compte cette réalité en se rendant aujourd’hui à Kawéni ».
La ministre a ensuite poursuivi sa journée marathon avec la visite du collège de Doujani, un établissement scolaire situé là aussi dans un quartier très difficile avant de se rendre au centre M’sayidié pour l’accueil de jour de mineurs isolés et déscolarisés ainsi qu’à l’association apprentis d’Auteuil . Deux structures qui essaient de donner une seconde chance à des jeunes désoeuvrés que l’on compte par milliers dans le 101ème département. L’après-midi s’est conclu sur une rencontre de jeunes filles prises en charge dans le programme intitulé « Parcours d’excellence sportive » lancé par la DR JSCS (Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale).
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