Le président de la formation politique Les Patriotes Florian Philippot – ancien bras droit de Marine Le Pen au Front national – était en déplacement à Mayotte ce mercredi, avec une autre députée européenne, Mireille d’Ornano.
Il réclame la fin du droit du sol à Mayotte, le règlement de la crise diplomatique avec l’Union des Comores et la sortie de l’Union européenne et propose de mettre provisoirement Mayotte sous tutelle de l’État.
« Nous avons souhaité venir hors période électorale. Nous ne sommes pas là pour faire campagne mais pour du travail de fond », indique mercredi soir Florian Philippot, lors d’une conférence de presse à l’issue de sa journée de déplacement à Mayotte avec une autre députée européenne, Mireille d’Ornano. Tous deux sont membres du groupe « Europe de la liberté et de la démocratie directe » au parlement européen. Ils ont fait le voyage depuis La Réunion, où ils séjournent depuis mardi et qu’ils ont regagnée jeudi matin avant un retour en métropole samedi.
Ex-bras droit de Marine Le Pen au Front national avant de quitter le parti à l’issue de la présidentielle, Florian Philippot a depuis créé sa propre formation politique, Les Patriotes, qui compte « quelques adhérents » sur l’île aux parfums mais se cherche encore un référent départemental. À Mayotte, il a rencontré avec Mireille d’Ornano, mercredi, quelques habitants et a eu une entrevue avec le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet, déclare-t-il.
Ce voyage est « une première dans l’océan Indien », pour les deux députés européens et eurosceptiques. « Se pose ici comme dans beaucoup de territoires (…) la question de notre appartenance à l’Union européenne (UE), à la CEDH (Cour européenne des Droits de l’Homme). Depuis le 1er janvier 2014, Mayotte est une RUP (région ultrapériphérique). Le doux langage bruxellois. Vous imaginez bien, rien que dans le mot, que vous ne serez pas mis au centre » des politiques, insiste Florian Philippot. « Il y a de l’argent qui vient des fonds européens. Ils sont payés par la France. Elle donne 21 milliards et en récupère 12. Ça fait 9 milliards d’euros qu’on perd, qu’on pourrait affecter à l’Outre-mer », poursuit-il. Ces chiffres varient fortement en fonction des modes de calcul et des années de référence, rappellent nos confrères de Libération, dans un article en date du 20 avril 2017, intitulé « Combien ‘coûte’ l’UE à la France : 9 milliards d’euros… ou moitié moins ? ». Seule certitude : la France a eu une contribution nette d’au moins 4,5 milliards d’euros en 2015 au budget de l’UE.
« Un lien entre insécurité et immigration »
Pour Florian Philippot, la forte pression migratoire est une autre priorité à Mayotte, même si ce « n’est pas le seul problème », évoquant pêle-mêle les volets économique, social, de scolarisation et de santé. « L’état de l’hôpital pourrait faire frémir. La France ne traite pas bien son 101ème département. »
Pour le député européen, « il y a un lien entre insécurité et immigration, quand elle devient massive. Quand vous arrivez en situation de dénuement, vous êtes obligé de faire des choses illégales. » Et Mayotte fait face à « des problèmes intérieurs sur les moyens de la PAF (police aux frontières) et des forces de l’ordre, en matériel et en effectif. Je suis frappé de voir le faible effort assuré. Il y a un problème interne de législation. On doit au moins suspendre le droit du sol sur Mayotte. » Le président des Patriotes est vent debout contre le statut d’extraterritorialité évoqué pour le centre hospitalier, qui permettrait de ne pas accorder la nationalité française aux enfants nés à l’intérieur de l’établissement. « C’est une solution baroque qui peut être dangereuse du point de vue sanitaire » évoquant d’éventuels accouchements en pleine rue d’étrangères voulant donner une chance à leur enfant de pouvoir obtenir la nationalité française. « Ça ne paraît pas être la bonne solution ».
Crise diplomatique
L’ancien numéro 2 du Front national rappelle que « l’essentiel de l’immigration clandestine vient des Comores. Depuis le 21 mars, les Comores n’acceptent plus les clandestins renvoyés. L’ONU suit cette position, l’Union africaine aussi. La France doit négocier âprement. Elle doit le faire de manière beaucoup plus ferme (…) J’ai le sentiment qu’il n’y a pas de volonté réelle. Ça n’est pas un sujet sur le haut de la pile à l’Élysée (…) C’est insultant pour les Mahorais qui ont fait le choix de la France. La France a suffisamment de réseaux d’influence au sein des Nations unies » pour obtenir une majorité sur le sujet à l’Assemblée générale des Nations unies, selon l’élu. Mais ladite assemblée ne peut qu’émettre que des recommandations, qui ne revêtent aucun caractère obligatoire.
Pour Florian Philippot, Mayotte, c’est « l’accès à des écosystèmes qui sont d’une richesse extraordinaire. Pour 1 000 raisons, la France devrait prendre bien plus soin de ses compatriotes de l’Outre-mer. Les territoires d’Outre-mer peuvent être un avant-poste pour la France dans le monde. »
Mais « il s’installe une idée pernicieuse dans l’opinion publique. Mayotte a la réputation de boulet. L’opinion publique est très acquise à cette idée qu’il faut arrêter avec le département. Ça n’est pas la position qu’on prend. On a une position en métropole qui est électoralement courageuse. »
Florian Philippot évoque le potentiel de l’économie de la mer dans l’île aux parfums. Mais « les bases de la maîtrise de la langue ne sont pas là. Il faut d’abord que la France définisse un plan massif d’investissement dans l’île » en matière d’infrastructures, de formations et d’écoles.
« Il y a énormément de problèmes au niveau de l’école. Nous réussirons par l’éducation. Les jeunes qui arrivent des Comores ne savent pas parler français. Ça tire forcément vers le bas [le niveau]. La délinquance ici est très violente. On ne peut pas sortir. Voir des maisons avec des barreaux, c’est insupportable », estime de son côté la députée européenne Mireille d’Ornano.
« Mettre Mayotte sous tutelle »
« J’ai compris que la gestion des collectivités locales pouvait poser problème » avec un « clientélisme électoral », poursuit Florian Philippot. Le président des Patriotes propose de « mettre Mayotte sous tutelle, sous gestion directe, le temps de gérer cette crise [en référence à la grève générale], avec des compétences exclusives et particulières de l’État à condition qu’il s’y intéresse un peu ».
L’élu apporte son soutien au mouvement social contre l’insécurité, en cours pour la huitième semaine dans le 101ème département. « S’il n’y avait pas eu la mobilisation, il n’y aurait pas eu une seconde dans les JT. Ça a été utile. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’il y a un problème à Mayotte. » Pour autant, il condamne les débordements, jugeant les rackets suspectés « inadmissibles ».
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