Le maire de la commune de Mamoudzou continue son combat pour faire dissoudre la Cadema. Le vendredi 22 janvier, à l’hôtel de ville, se tenait un conseil municipal d’une importance capitale. Ambdilwahedou Soumaïla a réussi à faire voter le rapport visant à demander la dissolution de l’intercommunalité liant Mamoudzou et Dembéni. Mais le chemin est encore long et sera semé d’embûches pour le maire.
Dissoudre la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla en a fait son combat. Rien n’est encore gagné pour lui, mis à part l’avis favorable de son conseil municipal qui a voté pour la dissolution de l’intercommunalité avec 39 voix pour et 10 contre. Afin de parvenir plus subtilement à ses fins, le maire propose, en échange de la dissolution, une fusion des deux communes de la Cadema avec celles de la communauté des communes de Petite-Terre (CCPT). Une proposition qui a également obtenu un vote favorable (39 voix pour, 9 contre, 1 abstention) lors du conseil municipal du vendredi 22 janvier.
Sur le papier, le projet d’Ambdilwahedou Soumaïla semble prometteur. Son ambition ? Faire des quatre communes concernées un grand pôle urbain en les unissant toutes. “Dembéni est notre ville universitaire, et le CUFR est amené à évoluer. L’aéroport sera un vrai aéroport international. Mamoudzou est la capitale économique et administrative de Mayotte. Nous avons donc des choses à faire en commun. À quatre, on sera beaucoup plus efficaces”, essaye de convaincre le maire face à ses conseillers municipaux. Si la grande majorité d’entre eux reste silencieux, quelques-uns de l’opposition n’hésitent pas à émettre clairement leurs doutes et leurs désaccords. À l’image de Jacques Martial Henry. “Je suis favorable à l’élargissement des communes, mais je ne suis pas sûr que la méthode que vous avez choisie va nous apporter un résultat”, fustige-t-il. Avant de suggérer que la question soit soumise aux administrés pour qu’ils choisissent leur destin directement. Nassuf-Eddine Daroueche et Elyassir Manroufou, qui font également partie de l’opposition, sont beaucoup plus catégoriques. Elyassir Manroufou redoute que ce projet ne se retourne contre les habitants du chef-lieu. “Même si la dissolution pouvait se faire, cela nous engagerait sur un statu quo jusqu’en 2026. Nous allons ensemble condamner la population de Mamoudzou parce que les personnes qui composent le conseil communautaire de la Cadema n’arrêteront pas de travailler et vont nous exclure”, prévient-il. Un risque que le maire de la ville balaie d’un revers de la main : “Il y aura une autre forme d’institution qui mènera les projets.”
“Un projet voué à l’échec”
Le maire de Mamoudzou ne veut pas admettre qu’il existe un groupe d’opposition au sein de son conseil municipal, pourtant il est bien présent, et n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche. Le groupe minoritaire s’est fait porte-parole du président de la communauté des communes de Petite-Terre lors du conseil municipal. Les éternels opposants sont partis à sa rencontre et les nouvelles ne sont pas bonnes pour l’édile. “Le président de la CCPT nous a confié la mission de vous dire qu’il ne souhaite pas de vous en Petite-Terre”, lance Nassuf-Eddine Daroueche. Une pique royalement ignorée par le premier magistrat du chef-lieu de l’île. Le conseiller municipal réitère. “Vous savez pertinemment que cette procédure est vouée à l’échec. À Pamandzi, le seuil n’a pas été atteint pour la fusion. Dzaoudzi-Labattoir ne veut pas de vous. La Cadema ne votera pas en faveur de votre projet, à Dembéni non plus. Alors pourquoi vous obstinez-vous à aller jusqu’au bout ?” Silence. Ambdilwahedou Soumaïla se doute peut-être qu’il n’obtiendra pas gain de cause aussi facilement. Pour mettre fin à la Cadema, Dembéni doit donner son accord. “Dissoudre une communauté d’agglomération nécessite un décret qui pose deux conditions. Dans notre cas, il faut l’approbation de cette dissolution par les deux communes. À 50% + 1 pour Mamoudzou et pour Dembeni à 2/3 + 1”, explique Jacques Martial Henry. Un scénario qui a peu de chances de se réaliser à Dembéni. Sauf coup de théâtre.