Immigration | Reprise officielle des reconduites aux frontières

Soulagement collectif : le Quai d’Orsay a annoncé mardi la reprise officielle des reconduites à la frontière, via un communiqué conjoint rédigé avec le ministre des Affaires Étrangères comorien. « Officielle » car elles avaient en réalité repris en août mais au compte-gouttes. Détails.

Sept longs mois d’attente. Le 21 mars dernier, le gouvernement d’Azali Assoumani décidait unilatéralement de ne plus réadmettre ses propres ressortissants expulsés de Mayotte au sein de l’Union des Comores, générant un des plus importants différends diplomatiques entre la France et ce pays étranger voisin. Cette décision avait provoqué la colère d’une partie de la population mahoraise et avait notamment motivé les différentes manifestations visant à bloquer certains services publics tels que le sensible bureau des migrations et de l’intégration situé à Mamoudzou.

Mais coup de théâtre mardi 6 novembre : une déclaration conjointe du ministre des Affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian, et de son homologue comorien, Mohamed El-Amine Souef, annonce la reprise officielle des reconduites aux frontières, révoquant de ce fait les différentes décisions répressives de la France et des Comores dans ce bras de fer diplomatique, dont notamment la suspension de la délivrance de visas français aux ressortissants comoriens.

« Des migrations légales et maîtrisées »

Ces décisions conjointes ne sont pas circonscrites à la question des visas et des expulsions puisque, selon le communiqué diffusé, elles sont parties prenantes d’un processus plus global avec « des engagements réciproques en matière de lutte contre les mouvements de populations non maîtrisés et de sauvegarde des vies humaines en mer, ainsi qu’en matière de développement ». Ce qui inclut notamment la « facilitation des migrations légales et maîtrisées », la lutte contre les trafics d’êtres humains et une série d’actions de lutte contre « les causes profondes des migrations ».

Dans ce cadre, la France et les Comores ont convenu d’un appui matériel et humain aux gardes-côtes comoriens « notamment à travers des actions de formation » et la relance « d’un projet ambitieux de développement axé, entre autres, sur la formation et l’insertion professionnelle des jeunes, l’éducation, l’emploi, l’agriculture et la santé » – un accord intergouvernemental dans ce dernier domaine, « permettant une refonte de la coopération sanitaire » sur la base des travaux menés par la mission de Dominique Voynet, sera signé. En outre, le communiqué évoque la mise en place « d’un cadre propice à une circulation régulière des personnes en toute sécurité », sans en préciser les contours. Enfin, un comité de pilotage franco-comorien « de haut niveau », auquel seront associés des élus mahorais, aura pour objectif de suivre l’évolution de l’ensemble de ces engagements. « Ces différentes mesures seront détaillées dans un document-cadre signé par les deux États avant la fin du mois de novembre 2018 », promet encore le ministère des Affaires Étrangères français.

Le Collectif se réunit

Suite à la publication de ce communiqué conjoint, le député Mansour Kamardine (LR) s’est réjoui de cette « première victoire pour les Mahorais » et s’est félicité : « Notre mobilisation et nos interpellations multiples du gouvernement français demandant la fermeté auront fini par porter leurs fruits ». Le parlementaire a toutefois affirmé « [rester] particulièrement vigilant sur l’élaboration de l’accord-cadre » et « [réitérer sa] demande d’élaboration d’une feuille de route franco-française vers la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte ».

Contacté par Mayotte Hebdo, le Collectif a annoncé que ses membres se réuniraient en fin de journée mercredi suite à cette déclaration du Quai d’Orsay afin « de l’expliquer aux mamans » qui campent depuis plusieurs semaines vers le  « bureau des étrangers » de la préfecture et afin « de prendre une décision collégiale » sur une éventuelle conduite à tenir.

« Intensifier la LIC »

Si les reconduites à la frontière constituent la « partie essentielle et visible » de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), le « travail continue de manière globale », a réaffirmé le sous-préfet en charge de la LIC, Julien Kerdoncuf. « On va se mettre en capacité d’intensifier la LIC terre et mer », a-t-il encore promis. Les reconduites se feront à raison de trois rotations maritimes par semaine en moyenne – cette fréquence pouvant être ajustée en fonction des besoins, « de deux bateaux par semaine à cinq ou six si nécessaire ». Du côté du service des migrations et de l’intégration, l’activité a repris « de manière normalisée », a indiqué le sous-préfet, mais « avec des modalités différentes ». En effet, pour éviter la foule devant le « bureau des étrangers », ce dernier fonctionne désormais uniquement sur rendez-vous. Quant à l’éventuelle levée du dispositif de sécurisation autour de ce site sensible, « on attend de voir le positionnement du Collectif ». Julien Kerdoncuf a également précisé que ce point serait évoqué fin de cette semaine.

 

 

 

 

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