Immigration illégale | Opération destruction de kwassas

Hier débutait aux Badamiers, en Petite-Terre, une opération de destruction de kwassas saisis par les autorités. Au total, ce sont 110 de ces embarcations de fortune qui seront réduites en miettes en quelques jours.

Les kwassas s’entassent sur le terrain du Détachement de la Légion étrangère de Mayotte (DLEM). Ces embarcations de fortune servant aux arrivées clandestines à Mayotte y sont stockées, une fois saisies par les autorités, dans l’attente de leur destruction. Deux à trois opérations de ce type ont ainsi lieu chaque année. L’une d’entre elles a débuté hier en présence du préfet, Dominique Sorain, de son directeur de cabinet, Étienne Guillet, et du Procureur de la République, Camille Miansoni. Ce sont 110 kwassas qui seront détruits en quelques jours. Coût : 500 euros par kwassas.

Fabriqués en Union des Comores, ceux-ci ne répondent en effet pas aux normes européennes et ne peuvent donc être mis en vente aux enchères. Seuls les moteurs, pour une moitié d’entre eux, sont envoyés Nantes pour être retapés. Idem pour le carburant saisi lors des interceptions, qui est expédié à Bordeaux pour être traité et reconditionné. Les coques, elles, sont systématiquement réduites en miettes à grands coups de pelleteuse, faute de pouvoir être brûlées pour des raisons d’ordre écologique.

Une démarche qui semble simple, mais qui est pourtant soumise à quelques contraintes : « Les embarcations sont détruites une par une, commente Jean-Luc Delmas, directeur général de la Star Mayotte, entreprise qui a en charge la destruction et le traitement des bateaux détruits. Chacun d’entre eux dispose d’une fiche d’identité. Leurs restes sont ensuite enfouis au centre de Dzoumogné, avec un emplacement précis afin de pouvoir être retrouvés et exhumés sur demande de la Justice. »

96 kwassas saisis depuis le début de l’année

Depuis le début de l’année, 96 kwassas ont été saisis par la Justice, pour une moyenne oscillant entre 350 et 400 par an. Les passeurs, eux, font systématiquement l’objet de poursuites. « La peine maximale encourue est de sept ans et peut être multipliée par deux en cas de récidive », rappelle le procureur, Camille Miansoni, qui poursuit : « Les peines prononcées pour un passeur non récidiviste sont généralement de la prison avec sursis, et une interdiction de territoire français. » En revanche, en cas de récidive, « les peines varient entre 24 et 36 mois en moyenne, avec amende* et reconduite à la frontière à l’issue de la peine. » 

 


Le préfet, Dominique Sorain, accompagné du Procureur de la République, Camille Miansoni.

 


Les kwassas saisis par les autorités sont stockés sur le site du Détachement de la Légion étrangère de Mayotte, en Petite-Terre.

 

Des amendes, pourquoi ? 

La question revient souvent : quel est l’intérêt d’assortir une peine de prison d’une amende, alors que les passeurs sont très souvent insolvables ? La réponse est logique : « Les passeurs sont généralement des détenus sans problème », explique le Procureur de la République, Camille Miansoni. « Ils ont donc possibilité d’œuvrer au sein d’ateliers en prison, et de gagner un petit pécule. Or, sur une peine de deux ou trois ans, sans dépenses quotidiennes, ces détenus mettent de l’argent de côté. D’ailleurs ils disent souvent à leurs familles qu’ils travaillent. Parfois, cela peut leur servir à racheter un kwassa à Anjouan. » Au final, les condamnations sont donc contre-productives. D’où les amendes, d’un montant allant de 3 000 à 4 000 euros, qui devront être remboursées à leur sortie de prison… avec ce qui aura été gagné. Tout travail mérite salaire, mais pas à n’importe quel prix. 

 

 

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