La ministre des Outre-mer a annoncé mercredi la nomination d’un émissaire du gouvernement à Mayotte. Il est attendu sur l’île d’ici la fin de la semaine et est nommé préfet exceptionnel. Avec sa délégation, il a un mois pour trouver une sortie de crise.
« L’heure est aux réponses concrètes et aux actes forts. Je suis à la fois lucide sur la réalité de Mayotte et déterminée à apporter des solutions à la hauteur des enjeux », a assuré mercredi la ministre des Outre-mer. Annick Girardin s’est exprimée depuis Paris sur la situation tendue dans le 101ème département, en proie à une grève générale contre l’insécurité depuis six semaines.
« Lors de mon passage à Mayotte, j’ai pu mesurer à quel point la confiance s’est brisée entre l’État et les citoyens […] Afin de rétablir cette confiance, et de renforcer significativement la présence de l’État sur place, j’ai proposé au président de la République de nommer M. Dominique Sorain délégué du gouvernement à Mayotte. Dominique Sorain […] est mon actuel directeur de cabinet et il sera, de façon exceptionnelle, nommé préfet du département. Il sera en poste avant la fin de la semaine. Dominique Sorain est un grand serviteur de l’État, un préfet expérimenté, un fin connaisseur des enjeux régionaux de l’océan Indien. C’est en outre une personnalité respectée qui incarne les valeurs de la République », poursuit-elle de façon élogieuse.
Une équipe interministérielle va l’accompagner à Mayotte dans son travail. Elle est composée de Sylvie Especier, sous-préfète et responsable de la cellule nationale de coordination et d’appui à l’action territoriale, qui a déjà été sous-préfète à Mayotte en 2012, Nicolas Clouet, inspecteur de l’administration de première classe, Antoine Poussier, sous-directeur de la protection du ministère de l’Intérieur, Philippe Schmit, inspecteur général de l’administration du Développement durable, Pierre Lussiana, inspecteur général à l’inspection générale de l’Éducation nationale et de la recherche et du docteur Grégory Emery, sous-directeur adjoint performance à la direction générale de l’offre de soins.
Un mois pour sortir de la crise
Les membres de la délégation « couvrent tous les champs prioritaires (logement, santé, éducation, administration, sécurité, transports…) », se félicite la ministre. « Cette équipe sera en lien direct avec les élus, les acteurs du mouvement social et toutes les composantes de la société civile pour présenter, dans un délai d’un mois, un train de mesures sociales et économiques en faveur du développement et du redressement du territoire. » Ils travailleront « sur une sortie de crise durable. Elle prendra appui sur les revendications, les demandes des élus et les contributions des citoyens formulées lors des Assises des Outre-mer », précise la ministre.
« Je coordonnerai l’élaboration de ce plan d’action pour Mayotte et un point d’étape « à mi-parcours » sera fait à Paris au cours de la semaine du 16 avril en présence du Premier ministre, des membres concernés du gouvernement et des élus du territoire. Le président de la République souhaite engager avec les élus du territoire un nouveau modèle de développement. Il s’est engagé à recevoir les élus de Mayotte à l’issue de ces travaux. Il conclura, avec eux, ce nouveau contrat républicain », annonce Annick Girardin.
« Des faits graves passibles de poursuites »
« Depuis plus d’un mois, le blocage des îles de Mayotte par des barrages a aggravé les difficultés préexistantes. La rentrée scolaire n’a pu se tenir de façon satisfaisante, les services publics ont été paralysés, l’accès aux soins et l’approvisionnement en denrées de première nécessité ont été fortement perturbés. Malgré les appels de la préfecture à laisser passer les véhicules prioritaires sur les barrages, les difficultés en matière de transport ont fragilisé davantage les plus vulnérables », déplore Annick Girardin. Elle rappelle que « les Mahorais ont des droits et des devoirs. Même si les revendications des grévistes sont parfaitement légitimes, je dois rappeler ici que les entraves à la circulation, la mise en danger d’autrui, les opérations de justice communautaire, le racket organisé sur certains barrages sont des faits graves passibles de poursuites », met-elle en exergue.
« Par ailleurs, je veux rappeler ici que les élus du territoire sont les premiers interlocuteurs de l’État. C’est la base du pacte républicain. Il est inadmissible que certains élus ayant choisi le dialogue et l’apaisement aient été menacés et traités de traîtres. Je pense ici à la maire de Chirongui et au vice-président du Sénat, Thani Mohamed Soilihi, que je tiens à remercier », précise Annick Girardin, au risque de jeter de l’huile sur le feu, alors que les élus locaux et les organisateurs de la grève générale se sont réconciliés ce mercredi (lire par ailleurs).
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.