La visite du ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer à Mayotte a commencé dimanche matin, par une rencontre avec les élus locaux et les parlementaires. L’après-midi, celui-ci s’est rendu à l’aéroport pour rencontrer les employés de Mayotte Fly Services, le prestataire qui assure la surveillance aérienne du lagon, puis il est allé au ponton de la marine où les deux derniers intercepteurs de la police et de la gendarmerie étaient amarrés. Aucune annonce d’ampleur n’a été faite. En tout cas, pas publiquement, car devant ses interlocuteurs matinaux, il a fait part de son intention de remettre sur la table de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration illégale et de sortir la loi Mayotte de son placard (voir ci-dessus).
Les moyens utilisés par les forces de l’ordre pour interpeller les kwassas-kwassas ont occupé une large place de l’agenda du ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, dimanche après-midi. Au pas de course et accompagné de son ministre délégué, Jean-François Carenco, celui-ci est venu dire aux Mahorais « qu’ils ne sont pas oubliés » et leur « garantir un maximum de tranquillité, puisque vous savez que cette augmentation de l’immigration illégale provoque énormément de désordre, un habitat insalubre, des difficultés de sécurité et vient toucher une croissance économique importante ».
Et cette lutte contre l’immigration clandestine, elle passe d’abord par l’interpellation en mer avec de gros moyens. C’est ce que la délégation ministérielle a voulu montrer en visitant Mayotte Fly Services, l’entreprise installée aux abords de l’aéroport de Pamandzi. Car, outre des drones de renseignement qui maintenant survolent l’espace maritime mahorais, le prestataire intervient à raison de trois heures de vol par jour. Deux avions assurent les rotations, dont le dernier est un modèle Observer. « On a 90 heures de vol par mois. C’est quand même assez conséquent », rappelle le capitaine de frégate Patrick Musique aux ministres. « C’est complémentaire avec les intercepteurs. Ils peuvent être appelés pour déterminer si c’est un kwassa de pêcheurs par exemple », précise le nouveau sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration illégale, Frédéric Sautron. Sur la terre, mais en complément des moyens maritimes également, le ministre de l’Intérieur a d’ores et déjà promis le remplacement de quatre radars et l’installation de deux autres.
Deux intercepteurs arrivés comme promis
Deuxième temps-fort de ce dimanche, Gérald Darmanin a foulé le ponton de la marine, à Dzaoudzi, où l’attendait deux intercepteurs, l’un de la gendarmerie, l’autre étant dévolu à l’unité nautique de la police aux frontières. En mer depuis avril, ces deux bateaux étaient une promesse du ministre lors de sa dernière venue, en août 2021. Contrairement aux précédents, ils peuvent transporter une quarantaine de passagers. « Leur spécificité est que leurs défenses sont en dur. Aucun risque de crevaison. Sur l’une de nos dernières interventions, ils ont tenté de percer les boudins, mais n’ont pas pu, puisque c’est rigide », explique le brigadier Nicolas Floquet. Avec ses deux moteurs de 300 chevaux, le nouveau bateau tourne 24 heures sur 24, et ne reste qu’une heure à quai le temps de la relève. Prenant des notes sur l’embarcation, le membre du gouvernement s’est exprimé rapidement ensuite à la presse, avant de prendre le large à bord d’une vedette de la marine nationale, à destination de Longoni.
Il reprendra ces visites au pas de course dès lundi matin, en se rendant à la caserne de gendarmerie de Pamandzi.
La loi Mayotte prête à ressortir du placard ?
Les élus mahorais avaient été vexés que la loi Mayotte soit abandonnée en février, tout comme le gouvernement français l’avait été lors de l’avis négatif prononcé par le conseil départemental de Mayotte. Ce dimanche matin, les deux parties étaient en face à face, lors de la première étape de cette visite ministérielle. Et, selon Estelle Youssouffa, députée de Mayotte, son collègue Mansour Kamardine a demandé au ministre que l’État accepte de « la co-construction » « On a eu un discours qui nous a un surpris. La loi Mayotte ne serait pas abandonnée. Je n’ai pas tous les éléments. Elle reviendrait au parlement… ou pas. Il y a vraiment des discussions à mener à Paris et notre rendez-vous à l’Elysée, début septembre, permettra d’avoir de la clarté », raconte la parlementaire, demandant que l’État « change de méthode ».
Sur l’immigration aussi, Gérald Damarnin veut aller plus loin. Le droit du sol à Mayotte, aujourd’hui conditionné à trois mois de résidence d’un des parents sur le territoire, pourrait passer à un an (N.D.L.R. ce qui était prévu dans la loi Mayotte), mais avec la condition cette fois que les deux parents remplissent la condition de la résidence.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.