Après plusieurs stipulations et polémiques, le Département et l’État ont finalement signé la nouvelle convention du groupement d’intérêt public « L’Europe à Mayotte » pour la période 2021-2027. Contrairement à l’ancien programme où la préfecture avait l’entière autorité des fonds européens, celui-ci sera géré à parts égales entre les deux autorités, dans l’optique de faire émerger des jeunes cadres mahorais.
« C’est un pas historique et nous nous rendrons compte très vite de l’efficacité de ce que nous proposons. » Jean-François Colombet, préfet de Mayotte, ne tarit pas d’éloges concernant la nouvelle convention du groupement d’intérêt public (GIP). Ce pas historique est dû au changement tant attendu sur la gestion des fonds européens. Si durant le premier programme, de 2014 à 2020, l’État était la seule autorité de gestion, désormais, il partagera cette responsabilité avec le Département pour la période allant de 2021 à 2027, au rythme de trois ans pour chacun. « Cette nouvelle formule du GIP nous garantit une parité 50/50 avec l’État. Les décisions les plus importantes seront prises à la majorité des deux tiers. Et nous, nous veillerons à ce que la présidence soit bien alternée afin que nous l’assurions pour la période 2024-2027 », précise Soibahadine Ramadani, le président de la collectivité.
Ce partenariat est nécessaire puisqu’il s’agit en réalité d’une transition, ou plutôt d’un essai pour le Département. « L’objectif est de mieux préparer le conseil départemental à ce qui arrivera de façon inévitable à la fin du programme, c’est-à-dire le transfert de l’autorité de gestion comme cela s’est passé dans les régions en métropole », précise le préfet de l’île aux parfums. Et si certaines langues se sont déliées, pointant du doigt la présence de la préfecture dans ce nouveau programme, Jean-François Colombet assure que cette nouvelle formule « a séduit le gouvernement ». Elle serait la clé pour entraîner le Département à gérer de façon autonome les fonds européens.
Des cadres mahorais aux commandes du GIP
Le directeur de ce nouveau groupement d’intérêt public s’appelle Ali Soula, un Mahorais, magnat de la finance, qui travaille actuellement à Bercy. Il a été recruté pour ses compétences mais également pour son attache avec Mayotte. « Nous tenons absolument à ce qu’il y ait des jeunes cadres mahorais compétents qui viennent rejoindre ce GIP », lance le préfet. Et pour cause, si le territoire a formé des jeunes cadres mahorais, notamment à La Réunion, il est grand temps pour eux de servir leur île. « Nous les avions envoyés en immersion ailleurs, alors cette nouvelle formule de GIP va nous permettre de mettre à profit les compétences acquises », souligne le président du Département. Une cinquantaine d’agents composeront l’équipe du groupement d’intérêt public, dont une trentaine mis à disposition par l’État et le conseil départemental.
Les deux autorités veulent faire taire les polémiques et insistent sur la bonne entente entre elles. « C’est avec des relations apaisées et sures que nous pouvons faire avancer ce pays », rappelle Soibahadine Ramadani. Et Jean-François Colombet d’ajouter : « Le préfet autorité de gestion, il peut faire tout un tas de choses tout seul, mais ça n’a pas d’intérêt. Nous étions déjà très proches pour de nombreux projets, mais là nous allons les institutionnaliser. » Le budget annuel de ce nouveau programme est estimé à 6 millions d’euros. Il sera en partie financé par l’Union européenne d’une part et l’État et le Département à parts égales d’autre part.