Pourfendeuse d’une habile diplomatie comorienne nuisible aux intérêts de Mayotte, Estelle Youssouffa inaugure une nouvelle phase dans l’action des responsables politiques du territoire en déplaçant son combat dans les couloirs de l’Organisation des Nations Unies à New-York. À l’occasion de la 77ème assemblée générale de cette organisation qui s’est tenue tout au long de la semaine écoulée, la députée est allée contrer la revendication territoriale comorienne sur Mayotte.
Elle l’avait promis aux Mahorais à diverses occasions et elle a tenu parole ! La députée de la 1ère circonscription législative de Mayotte s’est déplacée au siège des Nations Unies toute la semaine dernière pour porter la voix de l’île aux parfums à l’internationale à l’occasion de la 77ème assemblée générale annuelle de l’organisation. Une semaine d’intense lobbying auprès des diplomates du monde entier pour contrecarrer l’activisme traditionnel de l’État comorien lors de ce rendez-vous annuel et incontournable pour la diplomatie internationale.
Depuis 1975, les chefs d’État et ministres des affaires étrangères des Comores se servent de cette tribune pour revendiquer, inlassablement, l’appartenance de Mayotte à leur pays. « Je suis fière d’être le premier parlementaire mahorais venu à New-York faire entendre aux diplomates la voix de Mayotte et notre choix souverain exprimé plusieurs fois par les urnes à rester Français. » Force est de constater que cette démarche d’Estelle Youssouffa tranche incontestablement avec les habitudes de ses prédécesseurs à l’Assemblée nationale. Elle marque, à coup sûr, un tournant majeur dans la politique mahoraise : la conquête des opinions des pays africains sur le choix de la population à demeurer française dans le cadre d’un statut de département d’Outre-mer.
Alors président du conseil général de Mayotte, Younoussa Bamana avait à maintes reprises avancé la nécessité d’apporter aux États africains un autre éclairage – que le son de cloche comorien – sur cette position assumée des Mahorais en 1975, allant dans le sens contraire des vents des indépendances qui soufflait encore sur le continent. En effet, les leadeurs politiques locaux ont toujours jugé molle la posture adoptée par les diplomates français à l’ONU sur cette question du maintien de Mayotte dans le giron français, se contentant de l’usage du droit de véto dont jouit Paris au conseil de sécurité et de la bienveillance de ses partenaires européens. Si Estelle Youssouffa n’est pas la première à avoir émise cette idée d’exporter la vision mahoraise de ce dossier en ces lieux et ailleurs, l’histoire retiendra qu’elle a été celle qui l’a mise en application.
Mettre en avant les atouts économiques et juridiques de Mayotte
Il s’agit ici d’une stratégie développée par différents candidats au cours de la campagne électorale des législatives de juin dernier, visant à assoir Mayotte dans son environnement régional dans une posture offensive en direction de États désireux d’établir des liens de coopération régionale décentralisée « gagnant-gagnant » avec le 101ème département. Au cours d’un entretien organisé mercredi dernier avec la représentation de la France à l’ONU, Estelle Youssouffa aurait à nouveau signifié son insatisfaction quant à la position de la France face aux revendications comoriennes en appelant à plus de fermeté du Quai d’Orsay et de sanctions contre Moroni. « Il important de souligner la gravité de la crise migratoire alimentée par les autorités comoriennes et instrumentalisée pour leur revendication territoriale sur Mayotte. Les violences quotidiennes dans notre île font écho à une politique d’ingérence et de déstabilisation orchestrée par Moroni », indique la parlementaire à la rédaction de Flash Infos.
Un déplacement onusien marqué par plusieurs rendez-vous de sensibilisation auprès de décideurs et investisseurs présents à cette AG des Nations Unies de l’intérêt des ressources gazières du Canal de Mozambique en cette période de crise énergétique. À Estelle Youssouffa de rajouter : « L’exploitation raisonnée des hydrocarbures de notre région serait une solution durable pour garantir la sécurité énergétique européenne et créer des emplois, générer une croissance locale durable. Je multiplie les rencontres pour valoriser le potentiel économique de Mayotte. » Elle estime par ailleurs que ce travail est indispensable pour mettre en avant les atouts géographiques et économiques ainsi que la sécurité bancaire et juridique qui peuvent attirer les investisseurs à Mayotte.
À souligner également que Mansour Kamardine, député LR de la 2ème circonscription de Mayotte, n’est pas en reste sur cette question d’internationalisation dans la défense du choix français des Mahorais même s’il communique moins que sa collègue. Selon certaines sources, il s’était rendu récemment à Kigali (la capitale du Rwanda), dans le cadre des missions d’une commission parlementaire dont il est membre.