Estelle Youssouffa « indignée par l’inertie » du Quai-d’Orsay

En commission à l’Assemblée nationale, la députée Estelle Youssouffa a pris à partie Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, ce mardi. Elle lui reproche un manque de fermeté face aux revendications comoriennes concernant Mayotte.

« Que faitesvous pour faire plier les Comores ? Que faitesvous pour faire reconnaître Mayotte française à la communauté internationale ? Je vous pose la question parce que votre inertie nous indigne », a demandé Estelle Youssouffa, en commission des Affaires étrangères, le mardi 10 octobre, en s’adressant à Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. La députée de la première circonscription de Mayotte s’appuie sur plusieurs faits récents. Il y a d’abord le discours d’Azali Assoumani à l’Assemblée générale qui a évoqué une nouvelle fois le sujet de Mayotte que les Comoriens réclament, l’opposition du président comorien à l’opération Wuambushu (les expulsions vers les Comores avaient été bloquées pendant un mois) ou encore les Jeux des Iles de l’océan Indien, il y a un mois. Conformément à la charte des JIOI, les athlètes mahorais n’avaient pu ni arborer le drapeau français ni chanter l’hymne national.

Elle est également revenue sur le travail de l’Agence française pour le développement (AFD) aux Comores. « Ces centaines de millions d’euros qui financent les Comores, ces millions en partie payés par les contribuables Mahorais, sont une obscénité. C’est de l’argent français qui auraient dû financer le territoire français de Mayotte, pour notre production en eau potable ou la piste longue par exemple. Nous avons vu avec les positions publiques d’Azali lors de Wuambushu que cet argent n’a rien changé aux revendications comoriennes. Votre stratégie du carnet de chèque ne mène à rien », a fait valoir la parlementaire mahoraise.

« Je ne peux pas vous laisser dire certaines paroles »

« Je sais que Madame la députée Estelle Youssouffa a l’habitude de critiquer sévèrement la diplomatie française en se montrant oublieuse de ce qu’elle fait pour Mayotte et pour assurer la place de Mayotte dans la République française. Je ne peux pas vous laisser dire certaines paroles que vous prononcez », lui a répondu la ministre, avec un certain agacement. Elle a assuré que le Quai-d’Orsay joue toute sa part aux Nations-Unies en empêchant qu’une nouvelle résolution « remettant en cause la place de Mayotte dans la République française » soit prise. Ce qui est vrai, mais n’empêche pas Azali Assoumani de clamer, à la tribune et à chaque assemblée générale, le territoire mahorais. Il y a trois semaines encore, le président de l’Union des Comores avait évoqué « la « comorianité » de l’île de Mayotte » et « ce contentieux désagréable » qu’il entretient avec la France.

Catherine Colonna est également revenue sur la politique migratoire de la France à Mayotte et a rappelé que c’est son ministère en 2019 qui a obtenu l’accord avec les Comores pour faciliter les expulsions depuis Mayotte. « Je crois qu’on a parlé tout récemment de ce sujet lors d’une opération, il y a quelques mois », fait-elle remarquer, citant sans la nommer l’opération Wuambushu.

Elle ajoute que la diplomatie française a obtenu « l’accord des Comores » et des autres pays de la région pour que Mayotte puisse participer à des projets de la Commission de l’océan Indien. Pour rappel, l’instance compte La Réunion comme membre, alors cette place reste refusée à Mayotte.

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