Entrevue | « Nous sommes arrivés à une vue commune sur beaucoup de sujets »

Trois jours après son arrivée à Mayotte, le préfet et délégué du gouvernement, Dominique Sorain, est parvenu à un début de sortie de crise avec un appel des syndicats et du Collectif des citoyens à lever les barrages. Nous l’avons rencontré hier. Extrait de l’entretien, à lire dans son intégralité dès vendredi dans Mayotte Hebdo.

Mayotte Hebdo : Dimanche 2 avril, les discussions menées avec l’intersyndicale et le Collectif des citoyens ont amené à une demande de levée des barrages par ces derniers, actant un début de sortie de crise. Comment s’est déroulée cette rencontre ? 

Dominique Sorain : J’ai souhaité voir l’intersyndicale et le collectif dès samedi, comme d’ailleurs un maximum d’acteurs : les élus, le monde économique, le président du Conseil départemental. Nous nous sommes vus pour nous connaître et voir comment nous pouvions travailler ensemble. J’ai proposé que nous nous voyions dès le lendemain (dimanche 2, NDLR) pour aborder les questions de sécurité, qui représentent le sujet principal de préoccupation avec la lutte contre l’immigration illégale. Nous avons eu une réunion assez longue, 7h30, où nous avons discuté et regardé toutes les possibilités. Je pense que nous sommes arrivés à une vue commune sur beaucoup de sujets, avec bien sûr des pas de temps différents puisque certaines mesures peuvent être mises en place immédiatement, et d’autres nécessitent un peu plus de temps.

Dans les mesures d’application immédiate, il y a le renforcement de la présence de la police et de la gendarmerie de façon générale, annoncé ce week-end, et la mise en œuvre de la surveillance de l’environnement scolaire, qu’il s’agisse de la proximité des établissements ou des transports, dès cette semaine. J’y veillerai personnellement et j’irai moi-même m’assurer que cela fonctionne. Nous avons aussi parlé de l’évolution des effectifs, de celle d’un certain nombre de services, etc. Je pense que nous pouvons travailler en confiance ensemble. C’est la raison pour laquelle je leur ai demandé, en fin de réunion, que la situation redevienne normale à Mayotte.

L’État a tenu ses engagements en matière de sécurité : il y a des renforts de gendarmerie mobile, des renforts en termes d’effectifs qui vont se faire, etc. Un délégué a été nommé, et les discussions sont entamées. Je donne un programme de travail, un certain nombre d’assurances sur un certain nombre de sujets, notamment sur la départementalisation de Mayotte, où il n’y a aucune remise en cause. C’était un des sujets qui était assez présent. Je m’engage en tant que délégué du gouvernement.

Ils voulaient également des assurances sur le fait que leur plateforme revendicative serait prise en compte pour l’élaboration de ce qu’on a baptisé « le plan de développement pour Mayotte ». Bien sûr, ce n’est le seul document. Il y a d’autres propositions qui existent : celles des élus, celles du Conseil départemental, ou celles du monde économique. Ceci dit, elles se recoupent très souvent. 

MH : Les syndicats ont en effet annoncé que les discussions se feraient sur la base de leurs 101 mesures…

DS : Quand je discute avec eux, oui. Mais il y aussi d’autres demandes. Les entreprises portent des demandes spécifiques, par exemple. Quand vous parlez de l’avenir du Conseil départemental, cela concerne le Conseil départemental ; quand on parle des questions relevant des communes, cela concerne les communes. Je prendrai bien en compte l’ensemble des propositions formulées par l’ensemble des parties prenantes ici, à Mayotte.

MH : Tous les syndicats n’étaient pas favorables à la levée des barrages. 

DS : Moi, je les ai tous réunis. Ma porte est toujours ouverte. Je les ai reçus tout de suite, je voulais voir tout le monde. Je sais qu’il y avait débat entre eux, avec des visions un peu divergentes, mais globalement, il s’agissait pour tous de chercher des solutions.

MH : Vous êtes donc plutôt confiant ? 

DS : Il faut toujours être vigilant, prudent. Mais c’est une question de rétablissement de la confiance. Il faut que l’on se batte tous pour l’avenir de Mayotte : État, Département, communes, intercommunalités, syndicats, associations, collectifs, etc. Mais il faut que l’on ait un référentiel commun pour le développement du territoire. C’est absolument essentiel de partager les mêmes objectifs et de ne pas revenir dessus tous les six mois, même si cela peut évoluer en fonction de la situation, bien sûr. Il faut que l’on arrive à ce résultat et qu’à la fin du mois, nous ayons produit un document qui sera approuvé et qui engagera l’État pour Mayotte.

 

 

 

 

 

 

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