La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, est en visite sur le territoire mahorais jusqu’à vendredi. Elle a consacré sa première journée à aller visiter différents établissements scolaires, quelques jours après la rentrée.
« Des enfants nous disent qu’ils ont soif », indique le directeur de l’école primaire T17 de Labattoir, Michel Roche, à la ministre de l’Éducation nationale, ce jeudi. En visite à Mayotte pour deux jours, Élisabeth Borne est venu prendre le pou des écoles, quelques jours après la rentrée. S’est ainsi qu’elle se retrouve confrontée aux difficultés des élèves, qui s’inquiètent d’avoir perdu leur matériel scolaire avec le passage du Cyclone Chido le 14 décembre. Plus tôt dans la journée, elle s’est rendue au pôle aéronautique de Pamandzi, où le rectorat lui a présenté la stratégie prévue pour fournir les écoles en kits scolaires. Si ces derniers ont déjà été distribués dans les écoles de Petite-Terre, le reste des 130 palettes de matériel (crayon, stylo, colle, cahier…) reçues par fret aérien, vont être répartis sur trois pôles en Grande-Terre, où chaque école pourra s’approvisionner.
Une des enfants qui l’ont accueillie dans l’école primaire en chantant la Marseillaise lui demande quand est-ce que les cours reprendront de manière normale, sans rotation. L’ex-première ministre lui répond que tout va être fait pour remettre l’école en état « le plus vite possible ». « C’est important de pouvoir aller à l’école toute la journée », affirme Élisabeth Borne. Elle ajoute plus tard que, grâce au projet de loi d’urgence pour Mayotte, « ensemble on va pouvoir accélérer reconstruction et permettre aux enfants de revenir comme avant le cyclone ».
Travailler sur « tous les fronts »
En compagnie du maire de Dzaoudzi-Labattoir, Mikidache Houmadi, et du Recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, elle a échangé avec les enseignants et le directeur de l’école. Si les problèmes d’imprimantes défectueuses reviennent sur la table, c’est surtout la détresse des élèves sur laquelle le personnel souhaite alerter la ministre de l’Éducation nationale. Manque d’eau, de nourriture pour certains, plus de vêtements pour d’autres. La Conseillère départementale du canton de Dzaoudzi Labattoir, explique à la ministre que certains enfants craignent de venir à l’école avec des vêtements sale, n’en ayant plus assez. « C’est vrai que l’eau et la nourriture ont été priorisés, et qu’en effet il faut se pencher sur ces questions », répond Élisabeth Borne. Face à cette détresse, elle affirme qu’il faut travailler sur « tous les fronts » et qu’elle a conscience que l’école représente « un havre de paix » pour beaucoup d’enfants, pour qui la colation quotidienne distribuée est importante.
À cela s’ajoute la détresse psychologique des élèves. Un enseignant évoque l’histoire d’un qui a perdu son père durant le cyclone. La ministre s’est alors renseignée sur les dispositifs d’écoute mis en place pour accueillir la parole des élèves, et encouragé à poursuivre le travail en matière de psychologie.
Rassurer sur les évaluations
Au sortir de la visite, Mikidache Houmadi à souhaité insisté sur ce rôle d’accueil fondamental de l’école : « Les enfants ont besoin de parler, expliquer ce qu’ils ont vécu.[…] Ils ont trouvé une forme de refuge dans l’école pour exprimer leurs besoins. Il faut qu’on leur permette de retrouver une vie normale ».
Au collège de Bandrélé, les professeurs s’inquiètent aussi de la capacité à accéder à de l’eau et de la nourriture de leurs élèves. Une professeure à également interpelé la ministre sur les modalités d’évaluation des élèves, car elle s’inquiète de leurs dossiers qui vont être affectés par Chido. Sur ce point, le mot d’ordre d’Élisabeth Borne est de rassurer les élèves. Le recteur ajoute que les modalités seront adaptées.
Après une autre visite d’établissement à Hajangoua, dans la commune de Dembéni, la ministre a tenu à saluer le travail du personnel des établissements, et a assuré que les revendications des enseignants sont au cœur d’un groupe de travail et que ce vendredi, elle rencontrera les syndicats pour trouver des solutions.
Un rassemblement d’enseignants en marge de la visite
Près de 1.100 enseignants ont manifesté en marge de la visite de la ministre de l’Education nationale. Ils sont allés, à l’appel de l’intersyndicale, du rectorat jusqu’au lycée des Lumières, à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou. Au cœur de leurs revendications : la généralisation de la « prime Chido » de 2.000 euros, ainsi qu’une revalorisation de l’indexation, pour la faire passer de 40% à 75%. Une rencontre est prévue entre les syndicats et Élisabeth Borne ce vendredi après-midi.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.