Au QG du candidat surprise de ces élections législatives, l’attitude était plutôt à la résignation qu’à la déception, ce dimanche soir. Le chef d’entreprise, Théophane Narayanin, s’incline face à Estelle Youssouffa en cumulant un tiers des voix (33.4%) dans la première circonscription.
« Elle a plus de 1.000 voix d’écart à Acoua. C’est fini », constate le directeur de campagne de Théophane « Guito » Narayanin. Les résultats d’Acoua et M’Tsamboro viennent de tomber et confirment la tendance observée dès le début de la soirée. Estelle Youssouffa remporte le second tour des élections législatives dans la circonscription du nord de Mayotte. Impassible, en chemise blanche et cravate jaune, le Réunionnais discute avec ses plus proches collaborateurs. Il est 19h40 et il sait déjà qu’il va falloir réagir au sujet de sa défaite dans les urnes. « Ce soir, c’est triste parce des gens qui me soutenaient sont très déçus », déclare-t-il. « La politique, ce n’est pas mon truc. C’est un galop d’essai. »
Une heure avant, sa mine était déjà la même. Soucieux, il vient voir ses soutiens arrivés un par un, au local de campagne situé dans la zone Nel, à Kawéni. « Dis-moi président, est-ce que tu peux garer ta voiture entre les deux autres pour ne pas qu’elle gêne ? » lance-t-il au patron du syndicat des pêcheurs. Ils ne sont pourtant pas nombreux à être venus suivre la soirée électorale auprès du patron d’IBS, une quarantaine tout au plus. Même Cris Kordjee, pourtant sa suppléante, ne passe qu’en coup de vent. À l’extérieur, les mabayas sont cuits au charbon par une vingtaine de jeunes. L’ambiance est plus détendue dehors que dedans. « Guito » reçoit les scores envoyés au fur et à mesure par ses assesseurs. Ils sont compilés par une équipe de campagne réduite dans une grande salle qui sonne un peu creuse.
« Elle s’est beaucoup donnée pendant la campagne »
Alors que la soirée avance, l’un de ses collaborateurs chez IBS estime que c’est du « 50-50 » sans trop y croire. Les scores de Koungou et Bandraboua, c’est vrai, ne sont pas encore connus. Le candidat répète à ses proches qu’il attend beaucoup de ces deux communes, tandis que sa rivale apparaît sur les plateaux de télévision. Les minutes s’égrènent et les estimations ne sont pas bonnes. Même Koungou lui donne un score moins bon qu’espéré (56.6%). L’une de ses soutiens vient pleurer dans ses bras. « Elle s’est beaucoup donnée pendant la campagne », explique-t-il. Les résultats officiels tombent. Théophane Narayanin ne sera pas élu député. Quelques applaudissements viennent saluer une campagne menée en quatrième vitesse, puisqu’il s’est présenté un mois seulement avant le premier tour des élections. Outre sa résignation en voyant des résultats « qu’il n’explique pas », le perdant se montre encore combatif. S’il promet qu’il ne se représentera pas à l’avenir, « pas pour être maire, encore moins pour les législatives », il en fait d’autres pour l’avenir. « Je me sens libre pour continuer la bataille, avec ou sans mandat, contre la vie chère », annonce-t-il, preuve que le chef d’entreprise ne veut pas s’arrêter à cet échec.
Un discours qui laisse ses partisans optimistes alors que tout le monde s’est désintéressé de la télévision donne les derniers résultats de cette élection.