Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine élus députés de Mayotte

Et c’est ce qui est ! Des 23 candidats qui se sont affrontés entre les deux tours des élections législatives 2022 (11 au sud et 12 au nord), il n’en reste finalement que deux au terme du 2 nd tour ce dimanche, conformément aux règles démocratiques en France. Au regard des résultats obtenus, la problématique sécuritaire l’a emporté sur toutes les autres préoccupations, Estelle Youssouffa, au nord (1 ère circonscription) et Mansour Kamardine, au sud (2 ème circonscription), sont les vainqueurs de ce scrutin législatif 2022 à Mayotte.

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Les urnes ont parlé ce dimanche soir, Estelle Youssouffa (sans étiquette) a réussi son coup dans la 1 ère circonscription de Mayotte (nord), celui de désormais légitimer son combat politique en faveur de Mayotte par la voix des urnes. Celle qui a toujours regretté d’être inaudible face aux autorités locales et étatiques qui lui reprochait « une illégitimité électorale » peut savourer sa victoire ; une victoire aux emprunts de plébiscite, un score électoral comme on n’en a plus connu à Mayotte depuis les années 70/80 et à l’occasion du référendum sur la départementalisation en 2011.  En effet, nonobstant le taux de participation très faible à cette élection (localement comme à l’échelle nationale d’ailleurs) de 49,4 %, elle remporte haut la main cette élection avec un score de 66,6 % contre 33,4 % pour son rival l’entrepreneur Théophane Narayanin (dit Guito), le très connu patron de la société IBS. En final, elle aura été la grande surprise de cette élection tant son franc-parler et l’intensité de son combat contre l’immigration clandestine à Mayotte, la vie chère et l’égalité sociale avec les autres départements et régions de France semblait ne pas être au goût du grand nombre sur l’île. Envers et contre toutes attentes, elle confirme une tendance déjà lisible au 1 er tour de ce scrutin législatif 2022, comme aux élections présidentielles de mai-juin 2022 d’ailleurs, une grande inquiétude des électeurs mahorais face à une insécurité sans précédant sur le territoire et des chiffres exponentiels d’un phénomène migratoire incontrôlé provenant en majorité des 3 îles Comores voisines. En effet, Esthèle Youssouffa demeure la révélation de cette élection, l’inattendue au banc des vainqueurs, symbole d’espérance pour les uns, et « l’incarnation du mal » pour d’autres, qui ne se privaient pas de la gratifier de tous « les noms d’oiseau ». Avec le temps, elle s’y était quelque peu habituée tout en confiant qu’elle cela lui arrivait de craindre pour sa vie sous le poids des menaces de toute sorte dont elle faisait l’objet. Il est à espérer qu’elle réussisse son pari en mettant en pratique les promesses qu’elle a fait aux Mahoraises et Mahorais, et en restant avant tout leur avocate, leur voix à Paris dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. En somme, les positions radicales qu’elle a toujours adopté face à l’immigration clandestine, l’insécurité, la cherté de la vie sur le territoire, les promesses non tenues des gouvernements successifs sur les grands projets d’avenir de Mayotte et les injustices sociales auront, contre toute attente, porté leurs fruits.

« Je ne serai jamais le député du gouvernement, ni contre le gouvernement, mais pour les Mahorais »

Cette victoire d’Estelle Youssouffa, surnommée à l’occasion de la campagne électorale « députée poutou mgowa » (piment oiseau) pour la virulence de ces propos (notamment à l’égard de son challenger) sonne le glas pour certains postulats qui donnaient pour moribond le combat pour l’identité mahoraise au sein de la République française et d’un environnement régional souvent hostile aux aspirations légitimes des Mahorais. Ce retour en force des idées jadis portées par les premiers militants pour la cause de « Mayotte française ». D’ailleurs, elle aura réussi à bousculer les lignes au sein du MDM dont elle n’est pourtant pas membre, et en délégitimant (par son score réalisé) la ligne progressiste en vogue ces dernières années tendant vers la gauche de l’échiquier politique nationale, en direction notamment du mouvement du Mouvement de Mélenchon. Au regard des pourcentages qu’elle a réalisé dans les deux tours du scrutin sur les 2 communes de Petite-Terre (Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir), certaines forces politiques locales se sentent extrêmement menacées devant les résultats peu convaincants réalisés par les candidats qu’elles ont soutenu. Très faire play, Théophane Narayanin, a immédiatement reconnu sa défaite devant Estelle Youssouffa, déplorant l’usage de « méthodes du passé ». Il promet de rester vigilent et à poursuivre le combat tout en restant dans l’action économique. Il a publiquement annoncé que sa candidature à ce scrutin était à la fois  « une première et une dernière » et qu’il ne briguerait plus aucun mandat politique de quelque nature sur le territoire. Forte de sa large victoire dans 6 des 7 communes composant la 1 ère circonscription, Estelle Youssouffa a, de son côté, remercié ses électeurs et affiché sa volonté à se mettre au travail au plus vite, avec la société civile dont elle est issue, son désormais collègue, Mansour Kamardine, réélu dans la 2 ème circonscription, le Conseil départemental et les syndicats. Au menu de sa feuille de route, une contreproposition au projet de loi du Président Emanuel Macron sur Mayotte, la sécurité et la paix sociale sur le territoire, les conventions collectives. Coté sud, le député sortant Mansour Kamardine (LR) a réussi à conforter son assise du 1er tour de ce scrutin et l’emporte haut la main face à Issa Abdou (MDM). Il est réélu avec 59,2 % contre 41,8% pour son concurrent dont il a tenu à saluer « la performance et le travail » qu’il a réalisés et qui a permis « l’expression de la démocratie ».  Lui aussi a vu se conforter et même s’amplifier la tendance du 1 er tour, notamment dans la commune de Bouéni, en particulier dans le village de Mbouanatsa où il a été noté son meilleur score aux allures de plébiscite. Un résultat qui l’engage selon lui. Mansour Kamardine a promis qu’il « ne sera jamais le député du gouvernement, pas contre le gouvernement mais pour les Mahorais … »

Se rapportant à ses engagements de campagne de ces derniers jours, il a réaffirmé les priorités de sa future feuille mandature, un veille sur les engagements du gouvernement au sujets des grands projets structurant de Mayotte (aéroport, port, université, hôpital, cité judiciaire, nouvelle prison), l’égalité sociale avec l’extension des codes de la santé et de la sécurité sociale ; de même que la lutte contre l’inflation. Il a promis de s’atteler rapidement à une proposition de loi programme sur Mayotte. Pour sa part, Issa Abdou a félicité le député sortant pour sa réélection, se disant « déçu mais pas abattu », remerciant à la fois son équipe de compagne et tous les candidats qui lui ont apporté leur soutien au 2 ème tour et déplorant le taux de participation très peu élevé à ce scrutin (49,4 %).

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