Avocat de profession, Elad Chakrina souhaite élargir son domaine de compétences en devenant député. Ce candidat de la circonscription une n’en est pas à sa première tentative. Il se présente à nouveau cette fois-ci, avec plus de sérénité et plus d’ambitions pour Mayotte. Elad Chakrina veut être le député qui porte les combats de Mayotte à l’Assemblée nationale.
Flash Infos : Pourquoi voulez-vous être député ?
Elad Chakrina : Je suis candidat pour défendre les Mahorais à l’Assemblée nationale, défendre les Mahorais auprès du gouvernement, défendre les Mahorais pour qu’il y ait un rattrapage économique et social, défendre les Mahorais pour que notre département puisse réellement avoir des moyens nécessaires et développer les infrastructures.
Je veux être le député du pouvoir d’achat, celui qui permettra aux Mahorais de pouvoir augmenter leur prime d’activité. Je veux être le député qui fera en sorte d’avoir une égalité sociale, une retraite qui soit au même niveau qu’en métropole. Le député des grands travaux de Mayotte. Je veux que Mayotte puisse avoir un budget d’un milliard d’euros, puisque nous avons des compétences départementales et régionales, l’aspect régional doit aussi avoir le budget nécessaire. Je veux aussi être le député qui luttera contre l’insécurité, le plus gros fléau de l’île qui fait que le territoire n’est pas du tout attractif.
FI : C’est la deuxième fois que vous vous présentez aux élections législatives, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ?
E.C. : Je suis serein. Je suis aussi épuisé parce qu’une campagne est toujours difficile quand on est sur le terrain, mais j’aime le contact avec les gens. La population me fait part de ses doléances, elle me fait part de son attachement envers des valeurs que je défends également. Je vois une facette de Mayotte que je n’avais pas forcément vue, des gens qui ouvrent leur coeur et croient au projet que je porte.
FI : Dans votre programme, quelles sont vos propositions en matière d’éducation ?
E.C. : Tout d’abord, il va falloir permettre à tous ceux qui sont devenus bacheliers d’aller faire leurs études en métropole s’ils le souhaitent. Il faut aussi agrandir le centre universitaire de Dembeni. Actuellement, il ne peut accueillir que 1.500 étudiants, il faudrait que l’on multiplie ce chiffre par quatre et que l’on passe à 6.000 étudiants. Cela diminuerait aussi les échecs en première année des étudiants qui partent en métropole. Pour cela, on doit augmenter le budget du CUFR. Actuellement il est de 2.6 millions d’euros, il faudrait le multiplier par quatre pour pouvoir accueillir les 6.000 étudiants potentiels.
Pour ce qui est des établissements secondaires et primaires, il faudrait que l’on en construise plus, je pense notamment à mettre un lycée dans le nord entre Dzoumogné et Acoua. Et puis il faut bien sûr rénover les écoles primaires. On doit aussi avoir une école de la deuxième chance pour tous les enfants qui n’ont pas pu poursuivre leur scolarité. Il est aussi important de valoriser les enseignants, que l’on puisse augmenter leur prime d’activité qui est actuellement de 276 euros. Si les Mahorais me font confiance, je m’assurerai qu’elle soit doublée.
Et il faut combattre ardemment l’insécurité dans les établissements scolaires, en faisant en sorte qu’il y ait une plus grande fermeté au niveau de la justice, qu’il y ait de l’emprisonnement et que les établissements difficiles puissent être classés en zone d’éducation prioritaire.
FI : En tant que député, que ferez-vous pour mieux gérer l’immigration à Mayotte ?
E.C. : Cela fait des années que nous parlons de l’immigration clandestine sans réellement apporter de solutions sur le long terme. Premièrement, je demande qu’on autorise les personnes qui détiennent un titre de séjour à partir de Mayotte. Il faut aussi une coopération commerciale qui permettra de lutter contre la pauvreté à l’échelle de l’océan Indien. Une division régionale du travail pourrait être mise en place. Il y a des produits agricoles à Anjouan, Grande Comore et Mohéli, et à Mayotte nous avons les moyens financiers alors nous pouvons importer ces produits pour développer l’industrie agroalimentaire. Cela leur permettra d’avoir des revenus et chez nous on peut transformer ces produits et avoir une production industrielle moins cher. On pourra manger des produits plus frais et à bas coût. Enfin sur la question de l’entrée sur le territoire, je pense qu’il faut augmenter d’avantage les moyens de surveillance pour que les frontières soient mieux surveillées.
FI : Selon vous, comment peut-on rétablir un climat sécuritaire paisible à Mayotte ?
E.C. : L’insécurité à Mayotte a la particularité d’être surtout causée par une délinquance juvénile. Il y a sur notre territoire des mineurs isolés étrangers, ils sont d’un nombre conséquent. Dans toute la France, les chiffres indiquent qu’il y a 6.000 mineurs isolés étrangers, Mayotte à elle seule en compte 3.000 si ce n’est plus. Il faut que dans un premier temps on mette en application la circulaire Taubira qui prévoit une mise à l’abri du jeune, une évaluation de l’isolement et ensuite une prise en charge. Une fois que tout cela a été fait, il faut faire jouer la solidarité interdépartementale et nationale. C’est-à-dire que les mineurs isolés qui sont à Mayotte doivent pouvoir être placés ailleurs sur le territoire français.
Il faut aussi faire en sorte qu’il y ait rapidement une deuxième prison. Le centre pénitentiaire de Majicavo n’a que 278 places et les prisonniers sont plus de 400 actuellement. La deuxième prison est une priorité. Et enfin, il faut un établissement pénitentiaire pour les mineurs. La différence avec le centre éducatif fermé dont on parle souvent c’est que le centre est une résidence surveillée mais ce n’est absolument pas une sanction pénale lorsqu’un mineur commet un acte délictueux. Il y a seulement six établissements pénitentiaires pour mineurs en France, mais comme Mayotte est le département le plus violent de France, il faudrait qu’il y ait un septième sur notre territoire.
Il y a aussi un élément très important, c’est l’article 122-5 du code pénal sur la légitime défense. Quand on fait infraction chez vous, on vous dit qu’il ne faut pas que votre moyen de défense soit disproportionné par rapport à la gravité de la menace, sauf que vous n’avez pas le temps de réfléchir à tout cela lorsque ça arrive. Il faut donc réformer cet article et permettre à ce qu’il y ait une présomption de légitime défense pour que lorsqu’il y a une entrée par infraction chez vous, vous puissiez vous défendre sans que l’on regarde si oui ou non il y a une disproportion.
FI : On le sait, Mayotte est un désert médical, on manque de professionnels de santé et d’hôpitaux, que faudrait-il faire pour rattraper le retard à ce niveau ?
E.C. : Ce que je préconise c’est qu’il puisse avoir un autre centre hospitalier du côté de la circonscription une. Mais en parallèle il faut une alternative avec une clinique privée qui peut être créée beaucoup plus vite qu’un hôpital. Il faut aussi procéder à des exonérations fiscales des médecins qui s’installeraient ici. Exonérer aussi le matériel qui serait importé pour que les personnels soignants puissent s’installer et travailler dans de bonnes conditions.
Enfin, il faut aussi former nos jeunes. On doit leur donner les bourses nécessaires, le Département doit leur attribuer une bourse plus conséquente afin qu’ils aient 900 euros par mois. En échange, les étudiants devront signer une convention avec la collectivité dans laquelle ils s’engagent à revenir sur l’île à la fin de leurs études. Et puis le centre universitaire de Mayotte doit augmenter ses moyens afin d’avoir les capacité de former nos jeunes dans le secteur médical.
FI : Quelle place à l’environnement dans votre programme ?
E.C. : Il faut que Mayotte soit propre parce que Mayotte est sale. Il faut mettre le budget pour acheter les machines qui pourront nettoyer notre territoire. Nous avons aussi besoin d’une brigade qui sanctionnerait toute personne qui porterait atteinte à l’environnement. Il ne faut pas oublier le réchauffement climatique et à Mayotte, nous avons un déboisement assez important donc il va falloir reboiser l’île et préserver la faune et la flore parce que nous avons des espèces rares qui risquent de disparaître. Enfin, je pense qu’il est important d’inscrire notre lagon dans le patrimoine mondial de l’Unesco.