Candidat dans la circonscription une, Ahamadi Boura se présente aux élections législatives avec Laïni Abdallah Boina en tant que suppléante. Le candidat sans étiquette promet d’être celui qui rassemblera tous les Mahorais s’il est élu député, celui qui fera en sorte que Mayotte soit considérée au même titre que les autres départements et régions de France.
Flash Infos : Pour quelles raisons voulez-vous être député ?
Ahamadi Boura : Je me suis rendu compte que depuis la retraite politique de nos anciens et la reprise en main par notre génération, Mayotte est de plus en plus difficulté. Mayotte sombre, Mayotte est malade, Mayotte est à genoux. C’est dû au fait que notre génération est orgueilleuse, chacun se croit supérieur à l’autre. On n’arrive pas à s’unir. Mon objectif est de faire en sorte que Mayotte parle d’une même voix. Je ne demande pas que l’on fasse un parti unique, mais on doit tous être sur la même longueur d’ondes pour être entendus à Paris.
Pour y arriver, je veux que l’on puisse faire un document spécifique pour Mayotte. Il ne faut pas attendre les projets du gouvernement. Le dernier projet de loi a été rejeté parce que c’était un projet du gouvernement. S’il avait été initié par nous Mahorais, il n’y aurait pas eu ce rejet. L’initiative doit venir de nous.
FI : Qu’y aurait-il dans ce document ?
A.B. : Tout ce dont les Mahorais ont besoin. Des professionnels et des experts de chaque domaine feront des propositions. Mais j’insiste, il doit être élaboré par les Mahorais et non pas par le gouvernement. C’est la population de Mayotte qui doit définir son avenir.
FI : Dans votre programme, quelles sont vos propositions en matière d’éducation ?
A.B. : Il faut d’abord encourager l’enseignement des langues locales à Mayotte, le shimaoré et le shibushi. Nous devons également enseigner à nos enfants la culture locale parce que si on ne le fait pas, ils risquent de perdre leur identité. Par ailleurs, le gouvernement doit accélérer la construction d’établissements scolaires, et augmenter le nombre de classes chez nous. Cela permettra d’embaucher plus d’enseignants. Ces derniers doivent être écoutés et être encouragés, et je pense qu’il faut augmenter l’indexation à 50% pour eux. On doit aussi créer notre université de plein exercice pour que l’on puisse former localement, c’est primordial. Enfin, il nous faut plus de cantines scolaires, parce que les élèves doivent manger des repas chauds.
FI : En tant que député, que ferez-vous pour mieux gérer l’immigration à Mayotte ?
A. B. : L’immigration est une maladie à Mayotte. C’est une mission régalienne, mais c’est l’affaire de tout le monde. On sait qu’il y a souvent des discussions entre la France et l’Union des Comores, alors je propose qu’il y ait des Mahorais à chaque fois qu’il y aura ces discussions. Il faut aussi nous doter de plus de moyens matériels et humains. Je parle d’intercepteurs, mais aussi de plus de policiers et gendarmes mahorais. Des gens qui connaissent leur île, au lieu d’envoyer des métropolitains qui ne restent là que quelques mois et qui ne connaissent pas le territoire.
Il faut aussi faire quelque chose pour les immigrés qui sont déjà à Mayotte. Nous devons lutter contre les quartiers informels, nous devons les éradiquer. Mais attention, il ne faut pas oublier que ce sont des humains et on ne peut pas les déloger sans les reloger. Pour mieux lutter contre l’immigration, il serait judicieux d’y associer la justice. Chez nous, elle est sous-dotée. Il nous faut plus de magistrats, plus de greffiers, plus de professionnels. Je voudrais que Mayotte soit indépendant de La Réunion. Je voudrais qu’il y ait une cour d’appel à Mayotte. Il est inadmissible qu’un magistrat soit à La Réunion et qu’il prenne des décisions pour Mayotte. Notre département n’est pas une sous-région réunionnaise.
FI : Selon vous, comment peut-on rétablir un climat sécuritaire apaisant à Mayotte ?
A.B. : Tout le monde le sait, l’insécurité est liée à l’immigration clandestine. Une fois que l’immigration clandestine sera arrêtée, l’insécurité le sera aussi. Si on arrive à stopper l’immigration, on pourra cadrer les jeunes qui sont à Mayotte parce que l’on n’aura pas des milliers de personnes qui entrent tous les ans sur le territoire. On doit aussi augmenter la capacité d’accueil du centre pénitentiaire de Majicavo et ouvrir un centre d’éducation fermé pour les mineurs.
FI : On le sait, Mayotte est un désert médical, on manque de professionnels de santé et d’hôpitaux, que faudrait-il faire pour rattraper le retard à ce niveau ?
A. B. : Premièrement, il faut former localement. L’université de plein exercice que l’on veut doit pouvoir former des médecins, des sage-femmes, des kinésithérapeutes. Du moins les premières années avant qu’ils aillent ailleurs finir leurs études. Nous avons besoin d’une politique locale qui va dans ce sens pour que dans 10 à 15 ans nous ayons 200 à 300 médecins mahorais. En attendant de les avoir, on doit attirer plus de médecins. On peut leur proposer un salaire plus élevé pour qu’ils acceptent de venir à Mayotte. On pourrait peut-être aussi diminuer leurs impôts. Et leur assurer une sécurité et une bonne éducation pour leurs enfants. Parce que personne ne viendra ici s’il n’est pas sûr d’être en sécurité, s’il n’a pas le meilleur pour ses enfants. Il faut aussi que l’aide médicale de l’État soit appliquée à Mayotte parce que ça générera de l’argent au centre hospitalier de Mayotte. Enfin, nous avons absolument besoin de construire le deuxième hôpital rapidement. Il doit prendre la forme d’un centre hospitalier universitaire et ne pas faire comme celui de Pamandzi.
FI : Quelle place à l’environnement dans votre programme ?
A.B. : L’environnement fait partie de mes préoccupations. On a une belle île, mais elle est fragile. On le voit quand il pleut, le lagon est plein de boue. Je veux que les associations environnementales soient mieux aidées pour qu’elles puissent protéger notre lagon. Mais cela ne veut pas dire que je ne veux pas que l’on prolonge la piste. Au contraire il faut le faire. C’est le gouvernement qui nous met ces freins en évoquant la protection de l’environnement pour ne pas faire la piste longue. Moi je veux enlever tous ces freins. Il y a pleins d’aéroports qui sont au bord de la mer alors ce n’est pas en augmentant de quelques mètres que l’on va détruire la nature à Mayotte. La piste longue doit être faite et rapidement.
FI : Dans vos prises de paroles, vous évoquez souvent l’égalité républicaine. Que comptez-vous faire pour qu’elle soit réelle à Mayotte ?
A.B. : Mayotte doit être considérée comme tous les départements et régions d’Outre-mer. Les Mahorais doivent être traités comme tous les autres Français. Il est inadmissible qu’à Mayotte les prestations sociales ne soient pas alignées avec l’ensemble du territoire français. On a les mêmes devoirs, mais pas les mêmes droits, il y a une discrimination fonctionnelle. Si je suis élu, je me battrai pour que tout soit aligné avec les autres territoires de France dans un délais raisonnable. Je n’irai pas à l’Assemblée avec mes idées personnelles, je serai le député qui irai à l’Assemblée avec les idées des Mahorais.
FI : Vous êtes candidat sans étiquette, est-ce un handicap ou un avantage ?
A.B. : Le fait d’être sans étiquette me rapportera beaucoup plus parce que ma candidature a beaucoup de soutiens. Je serai le député qui réunira tout le monde. J’ai déjà à mes côtés les maires de Pamandzi, Dzaoudzi-Labattoir, Koungou, Bandraboua j’ai aussi la conseillère départementale de Mamoudzou 2 qui est ma suppléante. Et bien d’autres ! Le fait de me présenter sans étiquette m’a avantagé parce que j’ai réussi à réunir tout ce monde alors que nous ne sommes pas du même bord politique.