Le tribunal judiciaire de Mamoudzou était également pris d’assaut en ce jour de scrutin. Une centaine de personnes radiées des listes électorales se sont rendues sur place pour trouver une explication logique à ce problème et surtout trouver une solution afin d’accomplir leur devoir civique.
La situation est désormais prévisible à Mayotte. À chaque période électorale son lot d’irrégularités ! Les départementales de cette année ne font pas exception. De nombreuses personnes ont été radiées des listes, à leur grande surprise. Habitant de Ouangani, Bacar Maoulida en est le parfait exemple. « Je suis parti voter ce matin et j’ai découvert que je ne figure plus sur les listes électorales. Je ne comprends pas parce que lors des municipales, j’ai pu voter sans problème et aujourd’hui, je découvre par hasard que je ne peux plus le faire », s’indigne le sexagénaire. Il juge la situation inadmissible et a décidé de faire le déplacement depuis son village de Barakani dans le canton de Ouangani jusqu’à Mamoudzou pour trouver une solution. Mais arrivé sur place, il doit attendre plusieurs heures avant de régler son problème.
Au total, 120, requêtes ont été receptionnées par le tribunal judiciaire pour des raisons similaires, selon les agents de l’instance. Certains sont arrivés à la première heure, à l’instar d’Ewan Bazil, un habitant de Bandrélé. « Je suis là depuis 7h du matin… », souffle l’homme de 19 ans. Ce dernier avait pensé avoir anticipé, mais il se retrouve dans une situation qu’il n’avait clairement pas prévue. « Je m’étais inscrit sur la liste électorale. Il y a une semaine, on m’a fait savoir que je ne figure pas sur la liste. J’ai donc déposé mon dossier au tribunal depuis quelques jours et aujourd’hui, les agents d’ici me disent qu’ils ne le trouvent pas », s’indigne-t-il. Le jeune adulte se voit donc obligé de monter un nouveau dossier à la dernière minute. Une imbroglio qui oblige ses proches à prendre la route depuis son lieu de résidence pour lui apporter les documents nécessaires.
D’autres ont tout bonnement été changés de canton ! « Moi je vote à Passamaïnty habituellement et aujourd’hui on m’a dit que je devais aller voter à M’tsapéré », raconte une dame à sa voisine de siège. Passamaïnty faisant partie du canton de Mamoudzou 1 et M’tsapéré de Mamoudzou 2, la situation en interroge plus d’un. Mais cette dame n’est pas un cas isolé, au tribunal ce dimanche 20 juin… Les électeurs des trois circonscriptions de Mamoudzou sont les principaux concernés par ce changement inattendu de canton.
Des primo-votants majoritaires
La plupart des personnes présentes au tribunal ce jour-là sont des primo-votants. Âgés de 18 et 19 ans, ils mettent un point d’honneur à accomplir leur devoir civique. « Je fais tout pour pouvoir voter aujourd’hui parce que c’est la première fois pour moi et j’estime que c’est un devoir. En tant que citoyen, je suis obligé de le faire », s’impatiente Ewan Bazil de Bandrélé. Mais d’autres semblent moins sensibles par le sens de la citoyenneté et font le déplacement jusqu’à Kawéni avec une idée bien précise derrière la tête. « Je suis là pour rectifier ma situation », affirme dans un premier temps une jeune fille âgée de 18 ans. Avant de dévoiler les raisons exactes qui la poussent à absolument déposer son bulletin dans l’urne. « Je dois trouver une solution afin de voter pour la personne que l’on nous a demandés de soutenir… » Déroutant !
Dans une course électorale où tous les coups sont permis officieusement, les stratagèmes sont légions pour obtenir le maximum de voix. Derrière la détermination de ces jeunes se cache plutôt celle des candidats qui espèrent tous avoir une place au conseil départemental.