Investis par le parti Le rassemblement présidé par l’ancien maire de Mamoudzou Mohamed Majani, Nadjayedine Sidi et Hélène Pollozec veulent être le visage de la nouvelle génération mahoraise. Une génération, jeune, moderne et ambitieuse, qui a besoin d’être représentée sur la scène politique. Et c’est tout l’enjeu de ce binôme qui se présente dans le canton de Mamoudzou 3.
Flash Infos : Dans votre profession de foi, vous parlez de « six ans d’inertie », estimez-vous que rien n’a été fait durant les six dernières années de mandature ?
Nadjayedine Sidi : Dire que rien n’a été fait serait faux. Il y a eu quelques éléments lancés mais rien de palpable. Les 26 élus du Département étaient tous dans la majorité, mais on n’en voit pas la couleur. Sur le terrain, on nous a dit que des choses allaient être faites mais nous n’avons rien vu. La collaboration qui aurait dû émerger avec la commune de Mamoudzou ne s’est pas faite, alors que le Département est la maison mère, c’est là qu’il y a les moyens pour impulser une politique d’investissement sur le territoire. En termes d’économie, aucun chantier n’a été concrétisé, sans parler du manque d’accompagnement pour les créations d’entreprises.
Hélène Pollozec : Certains dossiers ont été ralentis à cause de la mauvaise entente entre la municipalité et le conseiller départemental de Mamoudzou 3 en la personne d’Ali Debré Combo.
FI : Vote slogan est « Nouvelle génération, nouvelles ambitions », quelles sont vos ambitions ?
H. P. : Nous parlons de nouvelle génération parce que notre groupe est jeune. Je prends mon exemple, j’en suis à ma deuxième expérience en politique. J’étais colistière pendant les municipales l’année dernière avec Nadjayedine Sidi et Mohamed Majani. Mon suppléant et moi sommes jeunes et dynamiques. Nous revenons à Mayotte pour mettre nos compétences au service de la population. En ce qui concerne les ambitions, notre première est d’accélérer le rattrapage institutionnel de Mayotte. Nous voulons aussi rendre le conseil départemental accessible. Nous voulons rester proche de la population et être transparents dans toutes les décisions que nous prenons.
FI : De quelles manières allez-vous rester proches de la population ?
H.P : Nous le sommes déjà sur le terrain. Nous avons aussi ouvert deux permanences pour que nous puissions avoir des endroits dédiés au dialogue avec la population et nous recevons beaucoup de monde. Nous avons aussi lancé des meetings numériques quand nous ne pouvions pas aller physiquement à la rencontre des habitants, cela nous a permis de maintenir le dialogue et de leur présenter tous nos projets.
N.S : Jusqu’à maintenant, nous avons toujours dit que l’élu de proximité est l’élu municipal, or c’est faux. Un élu départemental est aussi un élu de proximité. Cette personne doit être au plus près des habitants parce qu’elle est chargée de l’accompagnement associatif et du développement économique.
FI : Quelles sont les attentes des habitants que vous rencontrez ?
S.N : La population du canton de Mamoudzou 3 a faim, elle a envie de travailler, elle a envie d’être éduquée. Elle veut aussi vivre paisiblement. Aujourd’hui à Mayotte on travaille et on rentre à la maison pour dormir. Alors qu’il y a l’après travail et il y a des choses qui manquent. Notre objectif est d’accompagner les municipalités pour qu’il y ait une sécurité sur le territoire et qu’il y ait des moments et des endroits où les gens puissent se reposer.
H.P : Grâce à mon métier je suis très proche des jeunes, et ils me disent souvent qu’il manque de terrains de sport pour pouvoir se défouler, qu’il manque d’endroits pour pouvoir pratiquer la danse etc. Le fait d’être proche d’eux nous permet de récupérer les doléances précises des habitants et ainsi mettre en place rapidement tous ces projets.
FI : Quelles sont les mesures phares de votre programme ?
H.P : Pour nous, le point le plus important est l’emploi. On ne peut pas développer un territoire sans développer l’économie et cela passe par l’emploi. Nous voulons aussi restructurer la filière agricole et celle de la pêche.
S.N : Nous voulons accompagner les jeunes dans la création d’entreprise. On dit toujours que pour réussir il faut être fonctionnaire. Nous voulons faire comprendre que ce n’est pas le fonctionnariat qui va développer le territoire. C’est plutôt l’accompagnement de l’entrepreneuriat. Nous voulons aussi aider les collectivités à mettre en place des projets structurants où ils pourront créer de l’emploi. Sans oublier l’économie sociale et solidaire, à travers cela on peut énormément créer d’emplois, notamment dans le domaine environnemental et sportif.
FI : Mamoudzou suffoque sous les embouteillages, quelles sont vos pistes pour remédier à ce fléau ?
H.P : Nous avons déjà pensé à tous les aménagements nécessaires pour désengorger Mamoudzou. Nous avons aussi pensé à les échelonner. Ce dont nous avons besoin maintenant ce sont des solutions à très court terme, donc cela passera par la mise en place de transports maritimes parce que la construction d’un quai met moins de temps que celle d’une route. Cela prendrait à peu près un an. Notre deuxième solution à court terme qui mettrait moins de 3 ans à se réaliser, c’est le téléphérique. L’avantage est que cela ne nécessite pas énormément de foncier. Tous ces projets devront se réaliser en même temps, parce que j’ai constaté que le conseil départemental a du mal à faire plusieurs choses à la fois. Puis, en parallèle, nous sortons les gros dossiers des cartons comme celui de la route de contournement de Mamoudzou qui mettra une dizaine d’années à se réaliser. Et nous ne mettons pas le projet du train au placard. Nous le mettons en route mais cela prendra une trentaine d’années. Sans oublier le projet Caribus que nous appuierons. Tous ces modes de transports ne sont pas en concurrence, ils se complètent.
N.S : Les quais des transports maritimes seraient à Longoni et à Iloni où il y a déjà un projet en cours. Nous construirons à côté de ces quais de grands parcs relais pour que les gens puissent garer leurs voitures et prendre les transports communs maritimes. Concernant le téléphérique, il a un atout touristique parce que cela va permettre d’admirer Mayotte par les airs. On mettrait une ligne de Combani à Vahibé, une autre de Passamainty jusqu’au CUFR de Dembeni et une de Mamoudzou jusqu’aux Hauts Vallons.
FI : Dans votre profession de foi, vous parlez également de la création d’un centre éducatif fermé. Comment allez-vous mener à bien ce projet ?
N.S : C’est un projet qu’il va falloir concrétiser en partenariat avec la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, avec les services de l’État et la commune parce que c’est elle qui maîtrise le foncier, pour trouver l’endroit adéquat. Le tribunal via la PJJ pourra réfléchir sur le fonctionnement de ce centre. C’est un travail qu’il faut que l’on porte rapidement avec les partenaires pour décider la politique de réalisation. Mais cela peut également être porté par une association.
FI : Est-ce que vous visez la présidence du Département si jamais vous êtes élus au canton de Mamoudzou 3 ?
H.P : Nous entendons beaucoup parler de femme présidente mais cela ne fait pas partie de mes ambitions personnelles.
N.S : Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous sommes en campagne, et nous ne nous concentrons pas sur ça. Pour le moment cette idée n’est pas posée sur la table, nous espérons gagner les élections et nous verrons par la suite si nous sommes élus.
FI : Hélène Pollozec, vous êtes jeune, seulement 23 ans, et à ce jour vous n’avez qu’une seule expérience en politique. Pourquoi souhaitez-vous vous engager à votre âge ?
H.P : Pour moi, il était naturel de m’engager. Je l’ai fait à 22 ans pour les municipales parce que j’ai pensé que les jeunes avaient besoin d’être représentés, d’avoir une voix dans les décisions prises. Et puis j’ai grandi dans la politique, ma mère était première adjointe au maire de Koungou. J’ai fait un master de diplomatie et pour moi c’était la suite logique. J’ai eu la chance d’avoir vécu à l’étranger et voir ce qui a été fait là-bas, donc j’ai une vision précise de ce qui pourrait être fait ici à Mayotte.
N.S : C’est une chance d’avoir des jeunes qui démarrent tôt dans le milieu politique parce qu’ils ont le temps d’apprendre et de connaître. Et puis quand on est jeune, la façon de réfléchir est différente. Hélène sera en adéquation avec ce que pense et souhaite la jeunesse.