Branle-le bas de combat dans les états-majors des forces politiques présentes dans le canton de Sada-Chirongui. Il y a quelques semaines, à la suite d’une contestation devant les tribunaux, le scrutin départemental des 20 et 27 juin 2021 qui avait vu la victoire du binôme Mansour Kamardine-Tahamida Ibrahim a été annulé. Une nouvelle élection regroupant quatre ex-candidats sur les six présentés se tiendra le 25 septembre.
Les voilà de nouveau prêts à battre le pavé pour aller au devant des électeurs des communes de Sada et Chirongui pour tenter de les convaincre de leur accorder leurs suffrages dans trois semaines. En effet, un arrêté préfectoral en date du 30 août fixe la tenue d’un nouveau scrutin départemental pour les 25 septembre et 2 octobre. Le décor étant ainsi planté, on reprend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait ! Du côté du Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM), un léger changement est à noter : Mariam Saïd Kalame forme un binôme sans Assani Abdou (porteur de la plainte au tribunal administratif ayant fini par aboutir sur l’annulation du scrutin des 20 et 27 juin 2021). En effet, ce dernier a été remplacé par Soula Saïd-Souffou, celui-là même qui avait sérieusement écorné le leadership de Mansour Kamardine dans son fief de Sada lors des législatives de cette année. Au premier tour, il y avait recueilli 39.4% des voix contre 33.8% pour le député finalement réélu. Outre ce premier duo, la préfecture de Mayotte annonce donc que deux autres vont s’affronter au cours de cette départementale partielle : les ex-vainqueurs Tahamida Ibrahim-Mansour Kamardine et un binôme composé de Rahamatou Younoussa Bamana et Salim Boina Mzé.
Chez les Républicains, il faut sauver le soldat Mansour
Le scrutin s’annonce très difficile pour les trois camps en présence. Chaque voix va compter et chaque état-major politique va s’investir au mieux pour l’emporter et à défaut, jouer le trouble-fête. L’enjeu est de taille ! Tout d’abord, pour le camp des Républicains (LR), qui va devoir démontrer sa prédominance « réelle » dans l’électorat de ce canton, et plus particulièrement dans la ville de Sada, fief historique de Mansour Kamardine, leader charismatique du mouvement. Il y a deux raisons majeures à cela, il faut d’abord démontrer au public mahorais que les anomalies admises par la justice dans certains bureaux de vote à Chirongui (le Conseil d’État avait estimé que 56 suffrages étaient irréguliers, soit un nombre supérieur à l’écart entre les deux binômes en têtes (38 voix)) ne sont que des éléments fortuits qui n’entament en rien l’assise des LR dans le canton de Sada-Chirongui. Ensuite, que la percée de Soula Saïd-Souffou à Sada ne reflétait qu’une situation particulière à un moment donné et n’illustre pas concrètement un phénomène d’érosion du leadership du député-conseiller départemental dans l’opinion publique de cette localité.
Un retour aux urnes bienvenu pour les perdants de 2021
L’équation n’est pas simple non plus dans le camp de Mariam Saïd Kalame. En toute logique, il devrait plutôt se réjouir de ce retour aux urnes, qui devrait lui permettre de démontrer que sa victoire lui a été « volée » en 2021. Outre la nécessité de remobiliser les troupes, il ne perd de vue une tradition mahoraise consistant à débouter tout candidat contestant des résultats électoraux par la voix des tribunaux. L’on se rappelle en effet la réaction extrêmement prudente de Mariam Saïd Kalame après l’annonce de l’annulation des élections par le Conseil d’État, il y a un peu plus d’un mois : « Mon souhait dans cette affaire n’a jamais été de faire retourner les électeurs dans les bureaux de vote par pure envie de contester les résultats d’une élection perdue ou la victoire des autres, mais seulement de démonter que cette victoire nous a bel et bien été volée et qu’à mes yeux comme ceux de mon équipe, ce point est aujourd’hui incontestable. » On ne saurait lui reprocher une telle prudence car quel qu’il soit, le résultat du second tour au soir du 2 octobre prochain constituera une jurisprudence dans le concert politique de ce territoire.
Enfin, pour le camp de Rahamatou Younoussa Bamana et Salim Boina Mzé, qui ne manquera pas d’être courtisé par leurs adversaires, il lui est indispensable de réaliser un score identique si ce n’est supérieur à ce qu’il avait réalisé au soir du 20 juin 2021 (14.1%) pour être en état de jouer à l’arbitre du changement. C’est donc le grand suspens pour chacun des trois camps en présence. Verdict après la fermeture des bureaux de vote les 25 septembre et 2 octobre.