Ancien président du Département, actuellement conseiller départemental du canton de Pamandzi, Daniel Zaïdani brigue un nouveau mandat au sein du conseil départemental. Membres du parti du mouvement MDM progressiste, le candidat et son binôme Soihirat El Hadad, se positionnent en totale rupture avec l’actuelle majorité. Très critique envers le bilan de ces six dernières années, Daniel Zaïdani prévoit une toute autre stratégie pour le développement de Mayotte.
Flash Infos : Pour quelles raisons avez-vous déposé votre candidature pour ces élections départementales ?
Daniel Zaïdani : J’ai milité l’année dernière pour apporter le changement à Pamandzi. Après 12 ans de continuité municipale dans ma commune, qui n’ont pas apporté grand-chose, nous avons enfin réussi à opérer un changement municipal. Les mêmes qui ont perdu les élections municipales se sont empressés de supporter la commune adverse (Dzaoudzi-Labattoir) et faire en sorte que Pamandzi se trouve en minorité dans l’intercommunalité. La motivation de l’opposition de Pamandzi est de nuire au bon fonctionnement de la mairie de Pamandzi et donc au bien-être des Pamandziens. Aujourd’hui, ces mêmes personnes prétendent vouloir aller au conseil départemental, et ce qui est certain c’est qu’ils n’y vont pas dans la perspective de travailler avec la commune. Il me paraît donc pertinent et important de mettre à profit mon expérience du conseil départemental au bénéfice de la commune de Pamandzi. Si je me présente, c’est parce que j’ai réuni les conditions nécessaires pour qu’il n’y ait qu’une seule candidature MDM à Pamandzi. Nous avons fait en sorte avec mon binôme que notre candidature soit portée par l’équipe municipale de Pamandzi. Nous estimons avoir réuni les conditions du rassemblement et des soutiens indispensables pour amener une candidature parfaitement crédible dans le cadre des départementales.
FI : Vous étiez président du Département entre 2011 et 2015, est-ce que vous visez une nouvelle fois la présidence du Département ?
D. Z. : Ce qui m’intéresse aujourd’hui est de me positionner en rupture avec la continuité actuelle. J’estime que le bilan global de l’exécutif n’est pas satisfaisant. Mais ma priorité n’est pas la présidence. Si certains estiment que le plus important c’est d’être le président du Département pour agir c’est bien triste. Parce qu’il y aura 26 élus, et un seul sera président. Et si l’élu qui n’est pas président estime qu’il ne pourra pas agir ni parler, où allons-nous ? En étant dans l’opposition ces six dernières années, j’ai mené une opposition constructive et combattante. Je suis intervenu dans tous les sujets qui ont été abordés à Mayotte. Je n’ai jamais attendu d’être président ou dans la majorité pour agir. Ma priorité c’est de constituer une majorité alternative à l’exécutif actuel parce que le bilan n’est pas bon, il faut le dire. Aujourd’hui, on veut mettre la charrue avant les bœufs : certains oublient qu’on ne peut pas parler de présidence tant qu’on n’a pas de majorité. Et avec plus de 70 candidats, on ne peut pas imaginer de majorité pour l’instant.
Maintenant est-ce que j’ai les qualités requises pour être président du Département ? Je l’ai été pendant quatre ans, et après les six années qui viennent de s’écouler, je n’ai pas à rougir. Si demain, on me demande dans la majorité d’être celui qui va rassembler tout le monde et d’être président du Département, je ne me défilerai pas. Et il est évident que je serai un meilleur président qu’en 2011, parce que j’ai plus d’expérience, j’ai gagné en compréhension des différentes problématiques du territoire.
FI : Qu’est ce qui peut faire croire aux électeurs que vous allez faire mieux que l’actuel exécutif ?
D. Z. : Il ne peut pas avoir de doute. Je dis toujours ce que je pense. On peut ne pas être d’accord avec moi mais au moins ma vision des choses est claire. C’est ma qualité. Le défaut de l’exécutif actuel, c’est qu’il tergiverse. On l’a vu sur le port de Longoni où ils ne font rien pour améliorer la situation de travail au port et ne font que des procès à Mme Nel. Ils disent qu’ils veulent un marché de transports solaires mais ils ne font que des avenants qui mènent à la catastrophe. Ils veulent désengorger les routes mais ne font rien pour. Et à la fin du mandat, ils nous parlent de train bleu qui ne verra le jour que dans 25 ans. Si c’est ça la continuité, je n’en veux pas. Les Mahorais devraient me faire confiance parce que je suis un élu qui prend des décisions quand bien même il sait qu’elles ne feront pas plaisir à tout le monde. Parce qu’être élu c’est savoir décider.
FI : Quelles sont les mesures phares qu’on peut retrouver dans votre programme ?
D. Z. : Nous voulons un conseil départemental qui soit ambitieux. Nous devons réunir les élus de Mayotte dans le cadre de la loi Notre : les maires, les conseillers départementaux, les parlementaires et nous pourrons à ce moment-là définir une orientation politique. Pendant six ans, nous avons parlé de toilettage, de réforme territoriale. Beaucoup de bruit pour finalement accoucher d’une souris. Et pourquoi ? Car une fois encore, nous ne prenons pas de décision. Nous devons être à l’initiative de notre propre loi programme. Le conseil départemental doit s’accaparer de ce projet, organiser les débats, en faisant appel à un cabinet juridique et différents experts. Cette loi programme aura été vue et travaillée par tous les élus de Mayotte, ce sera véritablement une loi pour Mayotte faite par les Mahorais, pour ensuite être transmise au gouvernement.
En termes de politique générale, le sujet qui met tout le monde d’accord, c’est le Jeu des îles. Le conseil départemental a formulé son souhait d’organiser les Jeux depuis 2018 mais rien n’a été fait en ce sens pour y arriver. Si nous voulons le faire, nous devons avoir la capacité d’hébergement pour accueillir un millier de personnes. Aujourd’hui, même en réunissant tous les hébergements de l’île nous n’arrivons même pas à 700. 2027 me paraît irréaliste, mais c’est raisonnable de penser que nous pourrions y parvenir en 2031. Et nous devons mettre les moyens dans la construction d’un site d’hébergement. Le conseil départemental doit construire une cité universitaire à Dembeni pour le centre universitaire de Mayotte. C’est-à-dire 10 bâtiments avec 100 chambres. 100 millions d’euros permettraient de construire ces bâtiments. Si nous sommes accompagnés par l’État tant mieux, si nous ne le sommes pas, nous devons quand même le faire, parce que presque tous les étudiants qui vont à l’université passent par les bus scolaires et c’est donc le Département qui paye. Ces bâtiments scolaires peuvent être utilisés de septembre à juin pour les étudiants et de juillet à septembre ils pourraient être libres pour loger l’ensemble des délégations sportives et journalistiques qui seront à Mayotte dans le cadre des Jeux des îles. Cela serait plus utile d’utiliser l’argent du Département dans cette cité universitaire au lieu d’avoir 57 millions d’euros qui dorment. L’exécutif actuel considère que c’est très bien d’avoir 57 millions d’euros qui ne servent à rien, peut-être qu’à Mayotte, il n’y a plus grand chose à faire… Mais pour ma part, je considère que l’argent ne doit pas dormir, il doit être utilisé pour le territoire.
FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social, allez-vous continuer sur cette lancée ?
D. Z. : Je ne suis pas favorable à la politique du billet brûlé. Un euro dépensé doit être fait pour Mayotte. Je suis profondément départementaliste et ma première priorité est de m’occuper des personnes qui ont lutté pour que Mayotte soit un département c’est-à-dire les personnes âgées qui méritent notre attention. Il n’y a eu aucune revalorisation des allocations vieillesse de la part du conseil départemental, ce que j’estime totalement inacceptable. En revanche, il y a eu plus de 80 millions d’euros dépensés en faveur des mineurs isolés à travers des associations. Et nous ne comprenons pas trop ce qu’elles font… Depuis ces six ans, il n’y a jamais eu autant de violence à Mayotte impliquant des mineurs isolés. Le conseil départemental doit réclamer de manière inconditionnelle la solidarité nationale. La loi Taubira permet d’envoyer les mineurs isolés dans les départements qui ont la capacité d’accueil. Chose que nous n’avons pas. Nous n’avons pas de place dans les écoles, ni à l’hôpital ni de logement pour eux. Certains vont parler d’appel d’air. Mais cela fait longtemps que l’appel d’air souffle en direction de Mayotte !