Achmet Saïd Mohamed, se trouverait en garde à vue, selon le procureur de la République de Moroni. Poussé à l’exil depuis 2019, le leader du mouvement Hury, opposant déclaré du régime en place, n’est rentré au pays qu’au mois de juillet 2023.
Après deux jours de silence et à moins de quatre jours du premier tour de la présidentielle, les autorités judiciaires des Comores viennent enfin de se prononcer sur l’affaire de déstabilisation qui agite l’archipel depuis mardi. Le 9 janvier, le pays a appris, dans la matinée, l’arrestation de l’opposant Achmet Saïd Mohamed. Mais personne n’osait avancer le motif de son interpellation. Voilà que ce jeudi, le procureur de la République de Moroni, dans un communiqué transmis à la presse, donne quelques informations sur les charges qui pèsent sur le leader du mouvement Hury.
« Il se trouve qu’Achmet Saïd, qui est parmi les personnes impliquées dans les événements troublants qui ont ébranlé notre pays courant 2019, a entrepris des démarches tendant à récidiver. Des éléments portés à notre connaissance indiquent des préparations et des manœuvres visant à commettre des crimes graves, allant jusqu’à menacer la sûreté de l’État « , a affirmé le procureur, Ali Mohamed Djounaid.
D’après ce dernier, Achmet, dont la candidature pour l’élection en cours avait été recalée par la cour suprême, faute d’avoir résidé de façon permanente au pays durant les 12 mois précédant l’élection, fomentait une déstabilisation. Dans un enregistrement audio qui circule sur les réseaux sociaux et dont l’authenticité n’a pas été confirmée par le parquet, on entend une voix, présentée comme celle de l’opposant, en train de tracer un plan visant à attaquer des institutions à l’instar de la cour suprême.
Longue garde à vue
Le chef du parquet, citant la loi contre le terrorisme, prédit que l’intéressé, qui a toujours été très critique envers le président Azali Assoumani, pourrait passer jusqu’à 15 jours de garde à vue. Il a ajouté qu’il se porte bien. Sa famille, elle, a rapporté que l’opposant avait entamé une grève de la faim. L’affaire rappelle l’épisode de 2019.
À l’époque, alors que des élections anticipées se tenaient dans une période où la répression s’abattait sur les voix critiques, ce même Achmet ainsi que d’autres opposants avaient été poussés à l’exil. Certains comme l’ancien gouverneur de la Grande Comore, Hassani Hamadi, se sont d’abord réfugiés à Mayotte avant de s’envoler pour la France. Achmet, lui, était visé par les mêmes accusations de déstabilisation. Il n’est rentré à Moroni qu’au mois de juillet 2023 après la publication, par le ministère de l’Intérieur, d’une note invitant les exilés à revenir.
Encore très récemment, le leader du mouvement Hury, très actif sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter), avait déjà dû répondre à une convocation du parquet. En cause, l’accueil en fanfare de ses partisans, alors qu’il était en visite sur l’île de Molehi, en septembre.
Pour les échéances en cours, après le rejet de sa candidature, Achmet a décidé d’apporter son soutien au Docteur Salim Issa, le candidat désigné par le parti Juwa, pour affronter Azali Assoumani le 14 janvier prochain. Au moment où nous écrivions ces lignes, le Juwa de l’ancien président Sambi n’a pas réagi aux dernières révélations faites par la justice. De son côté, le procureur a souligné que cette mesure d’arrestation n’est pas un simple mandat d’arrêt mais une action nécessaire pour préserver la sécurité et l’intégrité de l’État dans ce contexte électoral délicat. L’enquête est en cours.